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Full text of "Gazette du bon ton : arts, modes & frivolités"

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GAZETTE 

DU 



Bon Ton 

ARTS, MODES 
FRIVOLITÉS 

LUCIEN VOGEL, Directeur. 



1914 

1 orne 11 




X ans 
AUX ÉDITIONS LUCIEN VOGEL 

24, Rue du Mont-Thabor, 24 



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• GAZETTE 

DU 

Bon Ton 



LA GAZETTE DU BON TON 

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Mai 1914 SOMMAIRE 2«Année — N»5 






>^ 



par José ZAMORA. 
L'ETOURDISSANT PETIT POISSi2>N (Hors-texte) , > Ur George BARBIER. 
INTERIEURS MODERNES . . . ^. ^ f-v ^,. ,. . . 1, fclaude-Roger MARX. 

Dessins de F. de MARLIAVEI^ ■ ''^^è^l jjc 1 

RUBANS AUX CHAPEAUX. \^ "^ 

Dessins de STRIMPL. ^. <^ 

LA MODE ET LE BON TON . . X.^^ f ^.^'^^ NADA. 

Dessins de l'Auteur. ^ J^ÀW5^^ y^ 

PLANCHES HORS-TEXTE 

ELLE S'APPELLE MANON... — Cape de Doucci par DAMMY. 

SAIS-TU TA LEÇON ? — Tailleurs de Jeanne Lanvin . par Pierre BRISSAUD. 

" DANAE ". — Ca/^ ^^ Pa/// Po/r^/ par Ch. MARTIN. 

LA SAISON DES PRUNES MIRABELLES. — Robe d'après-midi de Redfern, 
r^ ^^..,, par George BARBIER. 

LA COMMODE EN LAQUE. — Robe du soir de Worth, 

par Bernard BOUTET DE MONVEL. 

riENS-TOI BIEN ! — Robe d'été de Chéruit par Pierre BRISSAUD. 

LE SOLEIL DANS LE ]ARDm.—Robe d'après-fnidi de Dœuillet. par A.-E. MARTY. 






ODE A L'OCCASION DU PRINTEMPS Jean-Louis VAUDOYER 

Dessins de CARLÈGLE. 

LES ROBES-FLEURS Maurice LEVEL 

Dessins de STRIMPL. i^r.y sli^. 

L'ARBRE DE MAI (Hors-texte) p^^ GOSÉ 

LA PALETTE DES DAMES Charles MULLER* '^'^--n 

Dessins de E. AYRES. 

CULTURE PHYSIQUE jean d'ARTÉAGA. 

Dessins de Bernard BOUTET DE MONVEL, BRISSAUD, LEPAPE 
MARTIN, LASSERRE. ' ' 

L'HEURE . . . Gabriel MOUREY. ^'^^^'^ ^ 

Dessins de Gh. MARTIN. 

VOICI DES ROSES. Carlos FISCHER. 

Dessins de Paul MERAS. 
LE GOUT AU THEATRE: EN REGARDANT "APHRODITE" 

Dessins de José ZAMORA. Lise-Léon BLUM. 

"APHRODITE" (Hors-texte) par Ch. MARTIN 

LE BON TON DES MERLETTES Jean de BONNEFON. 

Dessins de LORIOUX. 

BAS-RELIEFS X ^^PB'T^Jeanne R. FERNANDEZ. 

Dessins de Renée SOUEF. ' \. ^//O^ 

LA ROBE AU THEATRE . . . . .-3^ . ^ 



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VI 1 1 




Copyright Jîay i^i^ by Lucien Vogei 



14S 




Comme tu ou^rcd bien Ud yeux 
Soud L'encor pUu ouverte ombrelle! 
Ahî quA^rll eA délicieux 
Puisque tu daid cjue tu ed belle! 
Le Ciel edt beaucoup trop câlin : 
Noud nirond plud chez Colomb in 
A l'heure du thé, maid dand Uîle 
Ou led rayond adroitd ont fait 
Dand led jacinthed ded dorbetd 
Plud fondantd que ceux de Sé^ille. 

Non ! pad par la ! laiddond B erg don : 
Tu ad bien le tempd, pour ton âme! 
SoLd tout dimplement une femme 
Que rend plud faible la season 
(Ou daidon, di tu le préfercd !) 
Eteignant led calorifered, 
Tirant led dtored aux carreaux, 
Le Printempd raccourcit tcd manched; 
Je void ted brad Judcjucd aux hanchcd : 
Quild dont f raid, délicatd et beaux! 



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Déjà ta bouche cdt bien ptud rouge. 
Et, daru ted clU plud frémiddant^, 
Ton regard tendre et joyeux bouge 
Et dit : « Que j'aime le Printemps ! » 
Partons nte ! Il faut que tu ailles 
T^olr led premiers lld à Verdallleé 
Et led derniers à Trlanon; 
Et que tu cuelUed en cachette 
La clandestine nolette 
Dand led bob de la yfîalmaldon. 



Et puld, Il faut que tu condented 

A exaucer enfin, ce dolr. 

Ce JJlon/ieur aux cfaçond décentes 

Auquel tu donnas de Uespou\ ,> 

Il t'aime et nest pas mal, en somme. ^ 

Le roi des Dieux nest plus quun homme 

A l'heure de l'Intlmlté; 

ALals toi, tu dci^lendras déesse 

Puisque pour te verser l'wresse 

Le Printemps reste à ton côté! 

Jean-Louis VAUDOYËR. 




LES ROBES-FLEUR 




AVEZ-VOUS d'où vient T excentricité de certaines 
modes nouvelles ? D'une théorie qui parut 
indiscutable longtemps et peut se résumer 
ainsi : « La J^etnme qui /habille 
bien /habille jombre. » Or; sur 

dix femmes qui s'habillent sombre, trois le 

font par goût, deux par genre, et les cinq 

autres par timidité, par paresse ou par 

économie de temps. 

Une robe bleue, noire, n'exige guère 

d'efîorts d'imagination. Ces couleurs ont fait 

leurs preuves depuis des siècles. Elles sont 

souvent d'un bel effet, toujours faciles à 




48 




a. 



CUp>< ;^^ 



LA PALETTE DES DAME 



^.^œ^m 



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Ci 



E soir4à, les Gogonendra-Nath-Tagore donnaient 
une grande réception. 

Vous connaissez M. Gogonendra-Nath- 
Tagore?... Il n'y a pas de physionomie plus 
parisienne. C'est le propre neveu de Rabindra-Nath-Tagore, 
Taède des Indes, auquel le comité du prix Nobel décernait 
Tautre jour son grand prix de poésie. Lui-même, peintre 
délicat et complexe, chef de la nouvelle école hindoue 
qui s'efforce de ressusciter l'art des mi- 
niaturistes persans, expose actuellement, 
au Pavillon de Marsan, ses œuvres et 
celles de ses meilleurs disciples. Vous 
y êtes?... Les présentations sont 
bien faites... Poursuivons! 

Donc, il y avait là le Tout- 
Calcutta des soirées élégantes. 





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53 





ca 



Dans les vastes salons, rafraîchis par 
la brise des pankas, et qu'ornaient, en 
guise de tentures et de portières, de 
hautes guirlandes de jasmin tressé, 
l'élite de la société bengali mélangeait ses toges resplen- 
dissantes, ses turbans, ses larges pantalons de lin blanc, 
aux uniformes rouge et or des officiers de Sa Ro^/ale Ma- 
jesté, et aux noires tenues de quelques Kuropéens en civil. 
Après nous avoir régalés de musiques célestes, de 
rafraîchissements aux subtils arômes et de sucreries qui 
sentaient les fleurs, notre hôte fit venir sa petite fille et lui 
demanda de chanter. Elle chanta des airs d'amour, élé- 
giaques et langoureux. 

C'était une enfant de neuf ans, parfaitement jolie. Son 

corps menu, sous les étoffes, paraissait être déjà celui d'une 

femme. L'expression de ses grands yeux sombres, les 

nuances de sa voix montraient qu'elle com- 

W prenait le sens passionné de ses chants. 

Avant de prendre congé, 
je dis au père combien m'avait 
charmé la grâce de ce petit 
être, et lui demandai si, comme 
artiste, il n'avait pas pris parfois 
plaisir à la peindre. 

— Oh ! me répondit-il, je 
la peins souvent. Ce soir en- 
core, c'est moi qui lui ai mis 





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i54 





son antimoine et son kohl . . . 
Il suffit de peu de chose pour 
pénétrer soudain l'intimité profonde 
de toute une civilisation différente 
de la nôtre. Cette seule équivoque 
renseigne davantage sur la vie et 
les mœurs de la riche bourgeoisie 
hindoue que de longues observations. 
Il est évident que, là-bas, Téducation 
des filles ne se règle pas sur des 
préceptes conformes aux exigences de la modestie occiden- 
tale. Au lieu de leur cacher, le plus longtemps possible, 
qu elles seront un jour appelées à devenir des épouses, on 
les prépare de bonne heure à leur rôle de femme. Cette 
petite fille, je lai su plus tard, était déjà fiancée. On ne 
remplaçait pas, dans ses conversations ni dans ses lectures, 
le terme bengali qui signifie : amour, par un autre terme 
euphémique analogue à tambour. On l'encourageait déjà à 
plaire et à séduire. On lui apprenait le prix de la coquet- 
terie, et son père lui-même, au lieu de la 
priver de dessert pour un bâton de rouge 
frauduleusement acheté, prenait plaisir à la 
farder. 

Ne serait-il pas opportun d'introduire 
ces coutumes libérales dans nos bonnes 
vieilles familles françaises?... Vous croyez 
que c'est plaisanterie de poser une telle 
question?... Réfléchissez un peu. 

Regardez, à dîner, au théâtre, votre 
voisine, quelle qu'elle soit. Y a-t-il, dans 
tout ce qu'elle vous laisse apercevoir d'elle- 




i55 




même — et la mode, à 
cet égard, la seconde géné- 
reusement — un grain d'épiderme 
demeure indemne de maquil- 
lage ? Celle-ci, faute de pouvoir 
mettre des vers luisants dans sa chevelure, y a secoué 
quelques disques d'or qui étincellent sous les lustres. 
Cette autre est poudrée à frimas. Entre les sourcils et 
les paupières — comptons bien — ne s'étagent pas 
moins de huit couches de couleur, qui vont du rimmel 
au rimmel, en passant par toute la gamme 
des carmins et des bleus. Les moins pudi- 
bondes se font des joues qui ne dérougissent 
jamais. Les ailes du nez, quand elles pal- ulUm[tU/////Z'^ 
pitent, ne découvrent pas des dessous moins 
roses que celles des grands flamands d'E- 
gypte quand ils prennent leur vol, du large 
Nil, vers les hauteurs du jMokattam. Puis, ce 

sont les lèvres, qui n'ont pas 
besoin de s'ouvrir pour trahir les secrets 
de leur savante préparation. Enfin, voici 
la gorge, les épaules, tout le domaine 
— au seuil duquel la décence commande 
que l'on s'arrête — des pâtes de concombre, 
des crèmes orientales, des laits dont le 
nom seul évoque une éternelle jeunesse. 
Si de récents décrets veulent que les 
mains soient gantées, s'ensuit-il pour cela 
qu'elles ne soient pas fardées jusqu au 
bout des ongles ? Et sur combien de fines 
chevilles la transparence arachnéenne des 





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bas, la superposition des anneaux 
d'or ou de malachite ne laissent- 
elles pas apercevoir des ara- 
besques où l'habileté d'un pinceau 
méticuleux se trahit davantage 
que la vérité sans artifices de la 
nature. 

A qui fera-t-on croire qu'une 
telle polychromie ne demande 
aucun apprentissage ? . . . Or, 
qu'enseigne-t-on dans les couvents ? La harpe et le piano ? 
— Il y a beau temps que le golf et la très-moutarde les 
ont supplantés. Un peu de littérature? — A quoi bon, 
quand une élégante qui se respecte déguste, par jour, ses 
deux ou trois conférences en Sorbonne ? La peinture sur 
éventails ou sur porcelaine?... Nous y voici. 

Secouons hardiment les préjugés et les routines. Ren- 
voyons à ses compotiers l'antique demoiselle professeur et 
son album où des papillons voltigent parmi des glycines. 
Ce qu'il faut désormais, c'est de la peinture sur modèle 

vivant. Introduisons dans le corps 
enseignant les Ouled-Naïls de Tlemcen 
et les bayadères sacrées du temple 
de Madura... 

« Mesdemoiselles, vendredi pro- 
chain, notre cours de tatouage portera 
sur la décoration des joues et du 
nez d'après les procédés en honneur 
chez les aborigènes du Monomotapa. . . » 

Charles MuLLER. 





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t^{b-MA«**r> 



Ouli^ire pliysique 

'HÉGÉMONIE d'Athènes, 
maîtresse de Paris, 
s'afifirme de jour en 
jour : après le plaisir 
des yeux, que Mrs 
W^atts, légère, géométrique et dé- 
vêtue, détenait hautement, n'aban- 
donnant les feuilles de sa couronne 
~..».™,.-««^.c«« qu'à la fresque solitaire et infinie 

que déroulait Isadora, voici le propre plaisir du corps. 
Cela est bien de jouer, mais comment se vêtir ? 

Cruelle énigme, et nos chères Philhellènes sont plus que 
perplexes ; l'une d'elle me parla ainsi : 

« J'ai tout d'abord adopté le maillot 
collant, en deux parties, mais l'œil de mon 
mari, oblique et fatal, suivait mes randonnées 
et semait d'invisibles bombes parmi mon 
délicat plaisir; et puis, cette course folle sur 
le linoléum semblable à quelque marée basse 
qui ne serait jamais haute, m'agaça tant soit 
peu. Ensuite, une de mes amies lança le tablier 
de lustrine, serré à la taille et s'arrêtant en 
cours de mollet. Folle de cette innovation, je 
pensai mourir de joie en me livrant à ma 
chère Eurythmie, vêtue semblablement ; mais, 
bientôt, je réalisai que nous représentions 
l'éternelle promenade autour du préau gris 
d'un pensionnat de petites filles, Claudines 




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i58 




échevelées mises au pensum du rythme. 
« Médiocrement fière du piètre succès de 
mes réalisations, je revins (c'était fatal) aux 
roses d'Ispahan, aux jets d'eau de Bagdad, 
à la robe persane hellénisée par le rac- 
courci sournois des jupes écartées et rai- 
dies, déterminant Timage d'une ombrelle 
dédaigneuse de la nuque, et consacrant 
son ombre à mon infériorité. 

« Un jour que, de la sorte vêtue, je 




batifolais dans 
l'enceinte sacrée, 
mon amie Chry- 
salide susura : 

« Hélas ! ma 
chère, cette parure 
vous incline en 
votre fantaisie, à 
ressembler à quel- 
que cerf- volant 
précaire, qui, bien 
qu'y tâchant, ne peut point s'envoler. 

« Maintenant, je revêts la chla- 
myde antique. Ainsi, je me trouve d'ac- 
cord avec ma doctrine et c'est là que je 
m en tiendrai. 

Jean d'ARTÉAGA. 



L'HEURE 






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V 



43 



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ous n'êtes sûre- 
ment pas, aima- 
bles lectrices, 
comme on disait 
sous le règne 
Je Charles X, sans avoir en- 
tendu parler du rôle prépon- 
dérant que jouent en matière 
de politique ce que les gens 
du métier appellent mysté- 
rieusement « les impondérables ». Qu'est-ce en réalité qu'un impondérable? 
« C'est un rien, un souffle, un rien... » vous savez le reste. Eh bien! comme 
la poKtique, la vraie élégance n'est faite que d'impondérables harmonieuse- 
ment combinés et accordés. La façon de porter l'heure est un de ces 
impondérables, et qui a une importance psychologique que je n'hésiterai 
pas à qualifier de capitale. 

Si les femmes avaient le temps d'y réfléchir, elles seraient parfois épou- 
vantées de la signification que pourraient comporter aux regards des hommes, 
s'ils étaient eux-mêmes plus clairvoyants, telles de leurs manières d'être, tels 
de leurs gestes habituels, telles de leurs façons de suivre la mode... ou de 
ne pas la suivre. Elles seraient, par suite, dans leur intérêt même, plus 
dissimulées ou plus franches que nous ne les voyons. Ce serait dommage, 

d'ailleurs, puisque l'intuition 
leur suffît, qui sait les faire 
agir, toujours, le plus confor- 
mément à leur nature et à 
leur idéal ! Elles sont bergso- 
niennes, sans le savoir, très 
naturellement, ce qui est la 
plus jolie façon de l'être... 
comme M. Jourdain parlait en 
prose. 

Donc , qu'elles portent 
l'heure au fond de leur boîte 
à poudre ou dans le manche 




i6i 




de leur parapluie ou de leur 
ombrelle, qu'elles la portent 
au bras... ou au pied, comme 
il paraît qu'elle se porte ou 
se portait naguère en Amé- 
rique, qu'elles la portent en- 
fouie dans les pétales de la 
fleur de soie dont elles ornent 
leur corsage, entre les seins, 
comme un gros scarabée d'é- 
mail sommeillant voluptueu- 
sement parmi la fraîcheur 
odorante d'une rose, ou accro- 
chée au revers du « tailleur » comme les demi-soldes portaient la 
Légion d'Honneur, ou encore dans le creux de la main, sous le gant, ou 
retenue au chapeau par une ganse de soie, certes, cela ne saurait laisser 
indifférent un observateur à la vision pénétrante. Mais ce qui compte 
davantage, c'est l'importance qu'elles attachent à l'heure, le prix qu'elle vaut 
à leurs ^œux, le geste, l'attitude, l'expression qu'elles ont en la regardant, 
toutes choses desquelles il est aisé de déduire, pour peu que l'on soit perspi- 
cace, si elles sont prodigues ou avares, dépensières ou économes de leur 
temps, soucieuses d'exactitude ou le contraire, ordonnées et méthodiques 
ou bien avides d'inconnu et de nouveauté, fantaisistes et capricieuses, pour 
qui la minute présente n'existe point, puisqu'elle est déjà à moitié vécue, et 

qui n'attendent de joie que de 
celle qui va naître. L'heure qui 
va naître ! Celle-là seule est 
belle, puisqu'elle porte en elle 
tout le mystère de l'inconnu, 
tous les sourires et toutes les 
épouvantes que contient chaque 
seconde qui n'a pas encore sonné 
au grand Régulateur du Temps. . . 
Car cette heure qu'elles 
portent sur elles, du matin au 
soir, n'est pas celle que peuvent 
marquer les cadrans des hor- 
loges pneumatiques, des monu- 
ments, des boutiques et des 





gares, des mille montres qui 
battent la berloque dans les 
vitrines des horlogers, pas 
même celle des petites pendules 
de bureau ou de coiffeuse, pas 
même celle des gros « oignons » 
d'automobile qui vous regar- 
dent de leur œil froid et 
semblent aller toujours trop 
lentement... l'heure qu'elles 
portent sur elles est autre: 
elle leur appartient en propre, 
et ses secondes battent à l'u- 
nisson de leur cœur; c'est la 
chaleur de leur sang qui les anime, et c'est le rythme de leur vie qui en fait la 
chose vivante, personnelle, individuelle, unique qu'elle est. Elle est celle qui 
marque, à sa manière, qui est sûrement la meilleure, les petites et les grandes 
joies, les petits et les grands chagrins, les miUe jeux, les mille puérilités, les 
miUe riens dont est faite l'existence quotidienne des femmes et... des hommes, 
même les plus graves. Qu'importe qu'eUe soit exacte ou non, qu'eUe avance 
ou qu'eUe retarde, qu'eUe s'inscrive fugitivement sur un cadran d'émail ou 
d'or, de ténèbres ou de lumière, ovale, rond ou carré, à l'ancienne mode ou à 
la nouveUe?... Je sais un fantaisiste charmant dont la montre indique depuis 
des années la même heure : 
onze heures moins dix... elle 
s'est arrêtée là un beau jour; 
il ne l'a plus remontée de- 
puis. « Onze heures moins 
dix, dit-il, c'est une bonne 
heure, n'est-ce pas?» L'heure 
d'un rêve, peut-être, la seule 
heure qu'U faiUe regretter 
et dont U vaiUe, par suite, 
de perpétuer matérieUement 
l'impalpable souvenir, pour 
lui épargner et s'épargner à 
soi-même la honte de l'oubli..^ 

Gabriel Mourey. 








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ES physalis, les mangues et toutes 
sortes de légumes exotiques 
essayaient à peine, avec l'aide, 
j'imagine, des députés coloniaux, 
de supplanter, dans la mode pari- 
sienne, la classique fleur artifi- 
cielle, née sous nos climats, que celle-ci déjà 
préparait sa revanche. 

Et quelle revanche I Menacée sur les cha- 
peaux, la fleur se rattrape sur le costume et toute 
la rue de la Paix s'est vouée sinon à la culture 
intensive, du moins au docte assemblage des 
œillets, des fuchsias, des anémones, etc. — de ces 
espèces, s'entend, qui se moquent des saisons 
parce qu'elles sont en gaze, en 
velours ou en fil de soie. Les pépi- 
niéristes et les horticulteurs de la 
couture ne lèvent pas vers le ciel un œil anxieux pour suivre 
le nuage qui les ruinera, mais ils ont leurs soucis (p tante j- 
compoééeé a capitutes Jauneé) et parfois demandent grâce. 
' Actuellement, ils n'en peuvent plus, tant les ateliers qu'ils 
fournissent exigèrent de rapides et nombreuses récoltes : 
ces Gravereaux de la rose en étoffe ont jonché les larges 
tables des midinettes de hottées de « variétés » à faire 
honte à THay et à Bagatelle dans leur apothéose de mai 
ou de juin]... Et le matin, en arrivant, les «petites mains» 
distraites, plus légères que coupables 
(excusez-les en faveur de leur jeune âge I) arrosaient 
naïvement ces plates-bandes incarnadines, comme si elles 
étaient encore, à la fenêtre de leur mansarde, à soigner 
leur pauvre pot d'azalées de douze sous. 

Le divin Camuzet a chanté naguère « les trois âges 
de la rose ». Il ne prévoyait pas le quatrième, celui de la 
rose imitée, plus légère de tissu que celle des jardins 
(n'est-ce pas le spectre de la rose véritable I) et qui, lasse 
de former bouquet à la ceinture des belles dames, se mêle 




P.r^CRAS . 




63 




maintenant à leur toilette entière, grimpe à leurs 
bras, à leurs épaules, à leur cou... La rose est 
montante... si la robe est décolletée! 

Autrefois on l'imprimait dans Tétoffe; à son 
tour de faire impression ! Pourquoi, en effet 
abandonner les roses pliées par des doigts de 
Parisiennes, aux maires de village qui en coiffent 
les gauches rosières, sur une estrade de sapin, 
pendant que la musique des pompiers joue la 
Jflarche Indienne ? Les rosières manquent de grâce et de chic, et les roses 
en soie, en velours ou en cretonne (une rose en cretonne est plus qu'une 
autre exquise) ont assez de charme et de fines couleurs 
pour parer une duchesse ou une marquise, ou simplement 
une jolie femme qui a du goût et va dans le monde. Elles 
ont droit à la beauté ! et il convient qu'elles soient des 
fêtes du soir, dans les salons, à TElysée, ou à l'Opéra. 
Aussi les élégantes leur rendant justice (ah ! pour 
combien de temps !) s'enveloppent-elles à présent, nou- 
velles filles-fleurs, de vraies chaînes de roses, symboles 
des bonheurs infinis qu'elles réservent 
à leurs maris ou à leurs amants. 

Voici des robes... à peine 
écloses, chez les couturiers en renom, 
et qui montrent le triomphe de la 
rose-ornement. Jetez les yeux sur 
ce costume à l'antique, où 
des fils de perles servent d'épau- 
hères, et qui est tout en plis, 
pareil à la rose même. L'intré- 
pide qui le revêt porte devant, 
dans une manière de poche, une 
brassée de roses moussues, comme 
la sarigue, dans la sienne, niche ses petits. J'ai tort, 
en somme, de dire poche; c'est plutôt une sorte 
d eventaire, sur une jupe fermée (fermée pour cause 
d'éventaire). En tout cas c'est du dernier bon ton. 
Et vous ne voudriez pas, vous rappelant celles 
d'Ispahan, que les roses fissent défaut aux toilettes 
persanes ? La rose, même artificielle, s'allie à mer- 





164 



veille à toute turquerie. Pour peu. Madame, que vous 
tâtiez du turban, il vous sera facile de garnir de 
menues roses en chapelets vos lâches manches ou 
réchancrure de ce qui vous servira de corsage, et à 
votre étroite ceinture vous en attacherez mille et une 
en vingt guirlandes qui tomberont, 
en rond, le long de vos flancs impec- 
cables. Quand vous danserez, elles 
tournoieront autour de vous, comme 
les lanières d'un fouet dont vous 
balaierez le visage de vos voisins. 
Ce sera très désagréable pour eux 
et vous vous amuserez beaucoup. 
Il y a, du reste, pour femmes 
tranquilles, des festons de tout 
repos, qui, enserrant le corps, des 
reins aux jarrets, pendent doucement 
sur les genoux en trois files serrées. 
Et, cela va de soi, les roses, quoique 
préférées, peuvent céder la place à 
toutes autres fleurs de style, jonquilles, 
camélias ou pensées... 

Comme pour la garniture des chapeaux. Car, après 
tout, les fleurs n'ont pas renoncé aux chapeaux, quoi que 
prétendent les marchands de denrées coloniales I Elles 
résistent vaillamment sur les toques et les capotes, y 
formant non leurs derniers carrés, mais de véritables arcs de triomphe! 
Chrysanthèmes, glycines, clochettes, pervenches, tout s'y prête, et cepen- 
dant, ici encore, tout cède à la rose, qui touffe sur la calotte ou épouse, en 
jugulaire, la rondeur du menton. 

Ah î quelle chance que nous ayons délaissé cet 
usage des anciens d'après lequel, une fois coiffé de 
roses, on s'engageait à la discrétion I S'il durait 
encore, une femme chapeautée à la mode ne pourrait 
plus faire de potins. 

Dieu merci, nous ne tenons plus compte d'aussi 
sottes conventions I 

On a permission, aujourd'hui, d'entasser des 
pyramides de roses sur la tête avec le ferme p.meras 





violettes. 




65 



propos de jaser sans retenue. Mais la rose régnant ainsi partout, son image 
finit par vous poursuivre. Je rendais visite, cette semaine, à une belle 
dame qui observe la mode exactement. Elle voulut appeler son valet de 
chambre (oh ! non pas qu'elle eût peur de moi !), sonna et par mégarde lui 
dit, comme dans les comédies, en lui remettant un billet qu'elle venait de 
griffonner : 

— Larose, ce pli à son adresse... 

La rose, qui s'appelle Justin, parut stupéfait et ravi. Il se huma 
pensant embaumer, et s'empressa d'aller annoncer la bonne nouvelle à 
Lafleur, le chauffeur, et à Brin d'Amour, le garde municipal qui courtise 
la soubrette. On but un verre du meilleur bourgogne de la maison, pour 
célébrer le baptême. 

Carlos Fischer. 




PMCRA» 




GOUT AU THEATRE 



EN REGARDANT "APHRODITE" 




l«*^\«i(lk. 



N a pu dire que le théâtre 
consacre la mode et ne la 
crée pas. C'est pourtant la se- 
conde fois que, par un détour 
inattendu, M. Paul Poiret a 
tiré la mode d'une pièce de 
théâtre. Il l'avait fait déjà avec 
le JUlnarety il vient de récidiver 
avec Aphrodite, 

Autrefois, pour représenter 
les tragédies classiques, les comé- 
diens suivaient le goût du moment 
et s'attifaient comme les spec- 
tateurs. Avant Lekain, les héros 
romains s'habillaient comme des 
marquis ; jusqu'à Mlle Clairon 
les princesses grecques portaient 




167 



X 



^^1^ la perruque et les robes à paniers. M. Antoine, 

dans la récente représentation de F^ychc, nous a 
rappelé ces temps pittoresques, M. Paul Poiret 
les renouvelle avec un raffinement de plus : il 
habille les courtisanes grecques comme nous pour- 
rons l'être demain. 

Dès le premier soir, au théâtre de la Renais- 
sance, ce fut comme le coup de foudre : nous 
étions sûres que la saison prochaine — que dis-ie? 
la semaine prochaine — nous serions vêtues comme 
Rodis ou comme Chrysis, comme Pyrallis ou comme 
Bérénice. Un léger effort d'adap- 
tation peut y suffire ; les costumes 
de théâtre qui convenaient à une 
action archaïque et exotique devien- 
dront des robes d'intérieur ou de bal. 
Le haut du corps très hbre, 
nous porterons une longue gaine 
plissée retenue sur les épaules par 
d'imperceptibles chaînettes; sous les seins et sur 
les hanches une cordehère d'or serrera la gaine. 
Nous serons enfin plus hautaines, couvertes par 
la lourdeur droite et voluptueuse d'un riche tissu 
métallique. Adieu volants en spirale, abat-jour 
de tulle, kimonos transparents. 

Adieu turbans, adieu aigrettes! Nous fûmes 
peut-être Persanes.Nous croirons être Grecques; 
mais nous ne serons que des Grecques un peu 
barbares, des Grecques telles que nous pouvons 
les ressusciter, sans classicisme, un peu impu- 
diques, mais toujours infiniment parisiennes. 

Lise Léon Blum. 




mMM 



K 



■•.i. 









LE BON TON DES MERLETTES 

CONSEILS SUR L'ART 
DE RECONNAITRE UN VRAI GENTILHOMME 



y^"----! 



3ir^ 



^ PRÈS le faux, voici le vrai : l'homine bien né ne parle de ses ancêtres 
J que s'il est interrogé. Il indique alors sa province d'origine avec 
J le lieu de sa naissance. S'il est titré, il donne la date des lettres 
patentes, du brevet, de l'ordonnance, sans faire étalage. 
Don Prospero Colonna, maire de Rome, dirigeait M. Loubet à travers 
la gloire du Capitole. Dans les salles où sont accrochés en espaliers les 
portraits des illustres, Colonna s'arrêtait, donnait force détails sur les per- 
sonnages et les familles. Le cortège arrive à la salle qu'empKssent les plus 
célèbres parmi les Colonna. Le prince presse le pas et, montrant tous les 
portraits d'un geste circulaire, dit simplement : 

— Quelques personnes de ma famille. Monsieur le Président. 
C'est le modèle du bon ton et de la grande manière. 

Dans la maison du vrai gentilhomme, les portraits de famille sont hono- 
rablement placés dans des cadres sobres, sans cartouches chargés de notices. 

169 



Les aïeux sont d'époques dîiFérentes, sans armoiries modernes repeintes sur 
toiles anciennes. Cependant tout peut arriver : j'ai vu un Lafayette peint en 
1785 et paré de la Légion d'honneur. Faux portrait? Non: Au soir de sa 
vie, Lafayette donna cette image de sa jeunesse, et fit ajouter sur l'uniforme 
de l'ancienne armée le ruban rouge et la décoration en étoile. 

A propos d'écussons, une lectrice m'écrit : « Vous indiquez les lieux qui 
ne doivent pas être armoriés. Un vrai gentilhomme doit cependant mettre 
ses armes sur certains objets? » Oui, Madame. Il doit avoir un cachet et 
peut en sceller ses lettres, toutes celles qui ne sont pas adressées aux four- 
nisseurs. Le cachet de cire donne meilleur ton à une lettre que les gravures 
disposées k l'angle du papier. Les armes se placent encore sur les portières 
du carrosse — c'est-à-dire de l'automobile. L'écusson doit être petit mais 
peint aux couleiu-s des pièces. L'argenterie de table porte les armes bien 
gravées en taille-douce ou (ce qui est mieux) ciselées en rehef. Et c'est tout. 



LES LYS 

Arme<) d'Oriéand : D'azur à trois fleurs de lys d'or^ au lambel d'argent 
en chef (1). 

ANNULATION : 

TroLé foie la Cour de Rome a refudé d'examiner la nullité du mariage célébré 
le 5 novembre 18^6 entre Philippe, duc d'Orléané, et Marie, princeéàe impériale, 
àrchiducheéée d'Autriche. Maié voici quun canoniéte habile a trouvé deà motif d de 
droit pour obtenir l'annulation, 

Leé cauéeé matrimoniales àe plaident pour l'ordinaire devant l' Officiai de l'évêché 

oîi a été célébré le mariage, puià en appel 
devant le tribunal de la Rote, ci Rome, 
Pour leé princes de maison royale, le 
pape appelle la cause directement devant 
lui, et sous le secret du Saint-Office. 
Ainsi sera fait pour le duc d'Orléans, et 
Si l'annulation est obtenue, nous ne saurons 
jamais pourquoi, 

(1) Depuis la mort de Mgr le comte 
de Chambord, le ' chef de la branche 
Bourbon-Orléans a supprimé le lambel, 
malgré les protestations de l'illustre Don 
Carlos, chef de la maison de Bourbon. 



y— m^\ 




170 




LE BARON LE VAVASSEUR : 

Armeé : d'azur au chevron d'or, 
accompagné de trois étoiles du même. 

Ce nom que répètent led échod deà 
tribunaux d'honneur et de juétlce eét parmi 
ieé plud honorableé de la bourg eoiéie nor- 
mande. L'aïeul, anobli en 17 j 8, était 
juge-conéul et premier échei^in de Rouen. 
Il eut troid jiU qui firent leur chemin a 
trai^eré la Révolution et Ieé récjimeé àuc- 
ceééifé. 

Benjamin fut baron de l'Empire, avec 
majorât, le i/j avril 1810 et vicomte héré- 
ditaire de la Reétauration, le 1^ février 182J. Il mourut à Toulouse, général de 
brigade et commandeur de Saint- Louié. 

Charleé-A niable fut chevalier de l'Empire, donataire dur le Traéiméne et mourut 
maréchal de camp en 18^^. 

Pierre- Léon ée contenta d'être député a la Lé^iélative et de mourir en 1808, général 
de brigade. 

Autre T^e Vavaééeur, prénommé Jacqueé, fut créé baron héréditaire, par trans- 
mudion du titre et du majorât de don beau-père, le baron Chapaid de Marivaux. 
Ce dernier était condeiller a la Cour de Rouen, venu du fond du Dauphiné avec 
deé armed récented: d'argent au vaisseau de sable. 

Led allianced ded Le V^avaddeur dont encore au-deddud de leur excellent état : 
la fille du baron Jacqued épouda Aï. Duchedne de Gillevoidin, duc de Conegliano, 
chambellan de Napoléon, petit-fild par da mère du maréchal Moncey. Led autred 
parentd dont led Caqueray de Aïontval, led Fontenilliat, led Caroillon de Ven- 
dent, led Bargence (ou d'Argence), led Aubourg de Bourg, led Bélard, led Debonne 
(oii plud récemment de Bonne), led Rolland de Villarceaux, led de la Bigne, led 
Gauthier de Vaucenay, led Dezod de la Roquette, led Donjon de Saint-Martin et 
toute cette haute bourg eoidie normande qui aurait paddé dand la nobledde légitime, di 
led accidentd de la République n'avaient pad arrêté da marche. 

ROTHSCHILD : 

Armed : Ecartelé, au 1 d'or, à Taigle de sable ; au 2 d'azur, à xm bras 
de carnation mouvant du flanc senestre tenant cinq flèches d'argent, les pointes 
en bas; au 3 comme au 2, le bras mouvant du flanc dextre; au 4 d'or, au 
lion de gueules. Sur le tout, de gueules à un bouclier ovale d'argent 



171 



posé en barre ayant un nombril au centre. Supporté: à dextre un lion d' 
à senestre une Kcorne d'argent. Den^e : « Concordia, integritas, indust * 

Une pièce de théâtre a i^ouLu montrer^ éarià éoucl de l'exactitude, Ué or' ' 
héraldlqued de la famille Rothéchlld, Voici quelques préclàloné fort honorables 
ceux dont elleé duent le paééé. Beaucoup de gentlUhonimed très chrétlené nont n 1 
quartiers auàél francs et des états de seriflce aussi ai^ouables. 

M. Mayer Anischel Rothschild reçut pour lui et ses descendants la dignité (sic) 
de baron, par lettres patentes de S. M. l'empereur d'Autriche, en date du 
2CJ septembre 1822; ai^ec règlement d'armoiries. Motif : « A^olr sauvé d'an 
désastre les finances de l'empire », 

Le 16 juin 18^8, Llonel-Natham Mayer- Rothschild fut autorisé par licence 
royale à porter en Angleterre son titre autrichien. 

Sir Antony Mayer- Rothschild fut créé baronet, ai>ec son frère Lionel, par décret 
du roi d'Angleterre, le i2Jani^ler 18^ j. 

Enfin, sir Nathan Mayer de Rothschild fut créé baron-lord le 2g juin 1885. 

Les nobiliaires anciens mentionnent un premier anoblissement autrichien du 
25 mars 1817, ai>ec des armes un peu différentes : aux 1 et 4, une demi-aigle de 
sable mouvante du parti. 

^ fj^r nombre d'objet, Jeu le baron Alphonse de Roth.hchild aimait, avec une trc. 
héraldique éimpUaU, a remplacer l'écu compliqué par une Ample pièce empruntée aux 
armed : leé cinq flèche, d'argent. 





BAS-RELIEF 



S 



IL VOUS plaît de prendre la vie de haut, de contempler 
les choses à vol d'oiseau, ce dont je vous félicite en m'ap- 
phquant le plus possible à faire comme vous, il vous faudra 
cependant en rabattre, et déposer vos petites ailes pour un 
temps : celui de vous amuser à suivre vos contemporains 

dans un dédale de f... fantaisies (j'allais 

écrire folies), où ne 

les entraîne point 

au fond du laby- 
rinthe le désir de 

sauver sept de leurs 

compagnes . . . mon 

Dieu non. Leur mo- 
tif est plus simple 

et moins noble : elles 

s'amusent, et leur 

nouvel amusement 

est, depuis peu, de 





. ^75 








prendre le costume par en bas, sans trop 

de souci de ce qui se passe par en haut. 
Quel clioc subit le cerveau féminin en 

ces deux dernières années? Ce n'est pas 

à ma précaire philosophie de sonder les 

profondeurs du mystère. Je ne suis là 

que pour observer, et 
vous dire qu'en Tété 
1914, que nous sou- 
haitons tous lumineux 
et tiède, les petites 

..^ filles d'Eve seront tout aux bas de jupes 

^ — ? 

.... 

— Ne vous frappez pas, et écoutez-moi. 
Tandis que votre fine encolure se 
détachera parfois sur la feuille impalpable 
et translucide d'un col dit Médicis, vos 
petits pieds s'agiteront ner- 
veusement, parce que leur 
cheville enfoncée dans le 
pantalon de nansouk fes- 
tonné de Sophie Fishini. 
Un autre jour, très Louis 
le quinzième dans votre 
grand habit, ample et flot- 
tant, alors que vous rêverez bergères et 
houlettes, ou jeux de cache-cache sous les 
charmilles ombreuses, vos chevilles prises 
dans un étroit tuyau de soie vous rappeHeront 
que ce Louis XV despote ne fut rien auprès 
du régime de notre temps ! 




174 



Vous aurez des moitiés de corps de dames grecques se 
promenant, riantes, sur les ciels embrasés, alors que vos 
hanches et votre buste se draperont dans un modernisme 
sans intérêt. 

Certain soir, demi-nues, dessinées comme par un potier 
grec, vos jambes apparaîtront sans autre voile que les 
volants de tulle superposés d une jupe de bal. 

Culottes d'aimée, de spahi ou de touareg, enroulement 
de jambes des sultanes aux longs cils, ou simple ejffet de 
pantalon large et court sur les souliers à boucles de Tiné- 
narrable Diafoirus, que ne verrez-vous pas? Rapportés des 
pays saxons ou asiatiques, vous retrouverez tous les cos- 
tumes ! Vous verrez mieux, ô surprise, sur deux joHes 
jambes qui ne rappelleront en rien celle de Maritorne, le 
même retroussé de sa jupe, quand, le long du cours d'eau, 
à Tombre du grand saule, elle va laver son linge. 

Jeanne R. Fernandez. 





E AU THEATRE 



Mlle RAYMOND 

dans 

IjU Petite Bouche 





Mlle 
DORZIAT 

dans l'Èpeivier 




Mlle LAVALLIERE 

dans 

jfïa tante d'HonJTeur 



«s 



I* r 



6 "l 



Mlle Ariette 

DORGÈRE 

dans jUa tante 

d'Honneur 




Une toilette 

dans 

Le JUanneqaiii 



Mlle DORZIAT 
dans L'Epenner 



Mlle POLAIRE 
à La Cigale 



Mlle RAYMOND 
dans La Petite Bouche 



jG 




INTERIEURS MODERNES 




H I la révolution ne s'est point accomplie sans peine I Depuis 
plus de quinze ans, qu'il a fallu de luttes I Que d'incertitudes 
et d'erreurs de la part des artistes et des fabricants I Que 
d'entêtement du côté du public] Mais voici qu'enfin les 
femmes, avec une sorte de frénésie, veulent renouveler le 
cadre familier. Je dis : les femmes, car lorsqu'il s'agit de 
leur intérieur, elles sont arbitres suprêmes et rien ne pouvait se faire tant 
que l'on n'était sûr de leur complicité. Autant nous les avons vues volon- 
tairement rétrogrades, obstinées, autant elles s'affichent audacieuses aujour- 
d'hui. La passion qu'elles mettaient à défendre le passé, elles l'apportent 
à servir les tentatives les plus osées. Il n'est bizarrerie de forme, étrangeté 
de couleur qui ne les séduise. Ohl mon amie, lorsque vous vous mettez à 
être révolutionnaire !.. 



^77 




Ainsi donc la faiUite partielle du 
moderii-élyley qui nous valut tant de 
réactions, n'a point compromis l'avè- 
nement d'un style moderne. Gardons- 
nous cependant d'être injustes envers 
les précieux efforts de l'école de 1900. 
S'ils n'ont su vaincre tout à fait l'ironie 
ou l'indifférence, c'est qu'ils étaient 
sans doute prématurés et que les 
résultats ne satisfaisaient pas toujours 
cette logique sans laquelle avorte tout 
essai d'art appliqué. Le défaut rési- 
dait dans l'improvisation et le manque 
d'adaptation de l'objet à sa fin propre. 
Ici l'absence de stabilité, ailleurs le 
choix des motifs ou des matières, 
l'enchevêtrement et la complication des lignes rendaient agressives à l'œil, 
ou au corps inhospitahères, des tentatives souvent riches de promesses. 

N'était-ce pas, d'autre part, rompre trop violemment avec des traditions 
séculaires ? Loin de notre pensée de déplorer les excès nécessaires à l'avène- 
ment d'un progrès 1 Les hauts cris, longtemps poussés dans le silence, contre 
la copie servile de nos styles ont enfin réveillé l'imagination découragée des 
artistes. Mais c'était surtout la torpeur du public qu'il importait de secouer. 
Avouez, mon amie, qu'il vous était un peu facile de commander une fois pour 
toutes, sans songer que vous alhez être condamnée à y vivre ei k y vieillir, 
une chambre Louis XVI ou bien un salon Empire! Lamentable paresse, 
triste horreur des responsabilités I 
Comment, si longtemps, fîtes-vous 
abstraction de vos goûts person- 
nels et de votre initiative, allé- 
guant des préférences qu'en vé- 
rité vous n'aviez plus depuis 
longtemps ? Pour mettre votre 
ingéniosité au service de la bonne 
cause, que faUait-il? Simplement 
exiger de vous-même que vous 
vainquiez votre indolence native, 
et vous appeler avec confiance 
au rôle de conaboratrice. 




178 




Aussi c'est par les chiffons que, tout naturellement, la révolution s'est 
faite. Les hardiesses de la mode moderne, les innovations de couleur et de 
forme, — n'est-ce pas la toute-puissante intervention de la couleur qui 
caractérisera nos préférences d'aujourd'hui? — les ballets russes, les 
cubistes, que sais-je encore, dessillèrent les yeux féminins embarrassés de 
vieux souvenirs, de tendres obsessions, de reliques surannées. Peu à peu, 
en plein salon, s'aventura — avec quelle timidité et quelle inquiétude — 
un coussin aux tons violents. Et bientôt cet intrus a clamé partout la 
révolte. Soudain le décor traditionnel a vieilli de plusieurs siècles, les 
tentures ont paru mornes, les tapis fanés, les murs indifférents. Comme 
dans un Knceul, le tapissier emporta dans sa bâche les rehques du passé, 
et les coups de marteau de ce mangeur de clous ont annoncé à l'ébéniste 
qu'il fallait abattre à son tour les vieux meubles démodés. 

Ce n est point cependant que nous applaudissions sans réserve aux 
étranges fantaisies de certains qui s'improvisèrent décorateurs : tout ce qui a 
pour but d'étonner est voué à ToubH, et l'ignorance absolue des techniques 
condamne ces bruyants efforts. Il y aurait, n'en doutez pas, quelque 
snobisme, après tant d années de réaction, à se lancer à corps perdu dans 
ces séduisantes foKes, et à imiter le byzantinisme qu'affichent certains 
dilettantes. Tout cela datera vite et date déjà. C'est d'une manière plus 
insinuante que les progrès se font, et l'heure semble enfin venue d'atteindre à 
un juste équilibre. Mais, plutôt que d'affirmer nos préférences, retenons ici, 
en dehors des questions d'écoles, la victoire d'un style nouveau. Les exposi- 



179 



tions du Salon d'Automne et des Arts décoratits nous ont permis de suivre 
avec joie, pêle-mêle, les recherches d'un Gaillard, d un Dufrêne, d'un Jallot, 
d'un Iribe, d'un Martine, d'un Groult, d'un Jaulmes, d'un Mare, d'un SUe 
ou d'un Francis Jourdain; nous avons vu des tapissiers et aussi de grands 
fabricants qui, jusque là, ne s'étaient consacrés qu'à l'art ancien, comme les 
Dumas, mettre leur outillage au service du style moderne. Mais pour que ce 
style soit viable, il convient qu'il interroge les leçons du passé; il faudrait 
— et c'est là la condition essentielle de leur succès et de leur diffusion — 
que les meubles modernes pussent fraterniser avec des meubles anciens, 
sans qu'ils eussent les uns ou les autres à souffrir de ce voisinage. Ne 
serait-ce pas la meilleure preuve que nos meubles modernes renouent avec 
notre tradition, en la renouvelant, et perpétuent ces dons d'équilibre et de 
grâce qu'entre toutes notre race reçut en partage ? 



Claude Roger-Marx, 




Documents communiqués par MM. P. -A. Dumas 




RUBANS AUX CHAPEAUX 



[^ ^%, 



^^^ i UE vous semble de ma petite oye? disait-on au xvm'' siè- 
J^ V^ - cle pour parler des rubans du chapeau, du nœud 
3^"^^^^^ de Tépée, de tout cet ornement qui enrubannait 
les habillements dun bout à l'autre, à cette époque. 

Si nous n'avons plus de bonnet que le matin, 
du moins le ruban se retrouve-t-il sur nos om- 
brelles, nos robes et nos chapeaux. Nous n'a- 
vons plus le Joiitange, mais nous avons le cornet, 
le panier et la corbeille; tous faits en ruban, ou 
retenus aux boucles de nos cheveux par ces liens 
immenses de soie ou de velours, qui font de nous 
autant d'Arianes... après le labyrinthe. 

Si nos robes miroitent au moindre effet de 
lumière et de soleil, c'est que la plus grande partie en est 
faite de rubans, larges ou étroits suivant l'heure; si au- 
dessus de nos têtes planent de grands 
oiseaux vainqueurs, c'est encore au ru- 
ban, diaboliquement noué, qu'en revient 
l'élégance. Tout est rubanné, n'est que 
ruban, ce long et souple enroulement 
de soie, symbole des sentiments infinis 
et changeants du cœur féminin ! 




18: 



LA MODE ET LE BON TON 



mxmK^ 




L 




S: 


^^^ 


:^ 



ORSQUE une femme, 
aujourd'hui, se campe 
un minuscule chapeau 
sur l'œil, qu'elle se 
maquille à l'excès, et 
qu'elle marche le ventre 
en avant, un petit chien 
sous le bras, elle donne l'impression d'avoir 
atteint le summum de l'élégance. Dégagée 
des choses de la terre, un regard compa- 
tissant promené sur le reste des humains, 
c*est tout un poème que ce petit morceau 
de femme, qui ignore tout des traditions de 
beauté et d'harmonie. 

JgVIDEMMENT elle nous paraîtra tou- 
jours charmante puisque en elle chante 
tant de jeunesse, d'inconscience et de grâce, 
mais elle nous donne un peu l'impression 
de l'enfant adorable et bouclé jouant au 
général, sous un chapeau de papier gras ; 
il est délicieux, mais nous aimerions mieux 
le voir autrement. 

|7T, ce qui exaspère l'œil artiste et sensi- 
tif, c'est que, au milieu de tant de folies 
auxquelles les femmes s'attachent tout par- 
ticulièrement, il se trouve des merveilles 
qu'un trop petit nombre, hélas I de réelles 
élégantes, distinguent et se décident à élire. 

(QERTAIN effet de cape Junof apparais- 
sant aux Courses a été réussi et ad- 
miré plus que je ne saurais dire. Cette cape 
accompagnait une robe à tunique ample, 
en soie souple, qui, extrêmement courte, 
laissait voir une petite jupe aussi étroite 
qu'un tuyau. 



Quel chic dans l'enveloppement de 
cette cape, rappelant avec son grand col 
le vêtement des maréchaux de l'Empire. 
Une autre jolie chose, c'est les plis em- 
ployés en tous sens, très fins ou très larges 
mais s'éventaillant avec une grâce exquise 
à la cadence de la marche. 

gEAUCOUP trop de femmes portent 
des bouillonnes en forme de crevés 
autour des hanches ; avec certain justau- 
corps lacé dans le dos, cela vous a un air 
de costume de Page, plus drôle que joli. 



I 



'APPLAUDIS à la jupe du soir faite de 
volants de tulle posés 
sur un fond plus court 
que les volants. C'est, 
évidemment, la transpa- 
rence absolue, l'efiPet de 
jambes obligatoire, mais 
lorsque on les a jolies... 
qu'importe! 

IgGALEMENT heu- 
reuse, la combinaison 
des jupes de dessus très 
amples, en soie souple, sur 
lesquelles de grands biais 
en ruban d'un autre tissu 
dessinent de larges rayures 
en travers. L'utilisation du 
ruban est jolie, très jolie, 
de quelque façon que ce 
soit : les robes, les man- 
teaux en sont hérissés, 
rayés, et, sous l'effet mat 
du velours comme sous 




8: 



le brillant du satin, c'est 
une parure féminine s'il 
en fut. 

T^ OUS portons des cha- 
peaux minuscules, 
mais nous en voulons de 
très grands, et nous les 
porterons d'ici peu plats 
et immenses, contrastant 
avec ce que nous avons 
à présent. Les aigrettes 
seront remplacées par des 
fleurs, et le tulle alternera 
avec les transparences des 
plumes d'autruche dé- 
frisées. 

ISJOUS avons mis des 
jarretières de toile 
cirée à nos chapeaux ; par 
contre, nous verrons des 
ceintures de paille sur des 
costumes tailleur. Des fleurs et encore des 
fleurs sur nos robes, des broderies de perles 
en tubes, alourdiront nos toilettes du soir 
et feront des draperies à nos chapeaux. 

Nous revoyons et reverrons des brides 
tout l'été, en soie, en ruban ou en tulle, 
quelques-unes redescendant sur le devant 




du corsage, échelonnées de petites roses 
roses, délicates et fragiles comme la rose 
prise sur le pied de la fleur. 

1 ES couronnes de fleurs laissant appa- 
raître le chignon sont seyantes au 
possible lorsqu'elles sont très coifî'antes ; 
quelques-unes apparaissent faites de baies 
prin tanières ou de petits fruits, toujours fleu- 
ries, en avant, d'un camélia ou d'une rose. 

OS chaussures vont toujours s 'inspirant 
des plus folles fantaisies, mais cepen- 
dant il faut remarquer que les souliers de 
velours noir à boucles de strass tiennent bon 
comme souliers de rue; quelques femmes 
de goût ont compris que rien ne pouvait 
mieux faire valoir une jambe et un pied que 
l'efîet mat. Comme elles ont eu raison ! 

pOUR le soir, toutes les incohérences 
sont permises ; les talons ignorent ce 
que les tiges des souliers racontent à la 
robe dont ils difî'èrent, et, de toute cette 
mésentente dans l'ensemble d'une toilette, 
il naît pourtant, chose curieuse, pas tou- 
jours mais parfois, une harmonie. 

La musique moderne n'est-eUe pas faite 
de dissonances savantes? 

NADA. 




EXPLICATION DES PLANCHES 

PL 42. — La première de ces robes d'été, en commençant par la gauche, est en soie sim- 
ple à fleurs, garnie d'un col et d'une ceinture en toile à pois. La robe Jaune est en crêpe de Velours; 
un Isolant de linon plissé entoure le décolleté et le bas des manches. Vient ensuite une robe en 
deux parties composée d'un haut en linon à rayures, tandis que le bas est en linon à fleurs. Dans 
la quatrième, également en deux parties, le haut est en piqué rose et le bas en Hours 
anglais; l'écharpe est en crêpe de Chine, Enfin la dernière, à droite de la page, est une robe en 
mie à fleurs ornée de isolants plissés en linon blanc. 

3^ 

PL 43. — Scène des Jardins « d' Aphrodite », pièce de Pierre Vrondaie d'après le roman 
de Pierre Louys, représentée au théâtre de la Renaissance, dans les décors de IZonsin et a))ec les 
costumes de Paul Poiret. 

PL 44. — Yoici, pour l'été, un costume en soie blanche à raies couleur de rose, recouifert 
d'une double Jupe de gaze. Le chapeau de paille est garni de boules de corail. 

PL 45. — Cette cape de Doue et est faite d'un taffetas glacé bleu ancien. Elle est composée 
de deux isolants, et trois larges boutons la ferment. Le col est de skunks et la grosse rose, de 
mousseline framboise. 

PL 46. — Tailleurs de Jeanne Lambin. L'un est composé d'une cape en gabardine et d'une 
jupe plissée en tissu rayé Le tailleur de fillette est un i)êtement en duSfetyn sur une jupe plissée. 

«|« 
PL 47. — Cape du soir de Paul Poiret en i)elours. 

PL 48. — Robe d'été de Redfern. La jupe plissée est en cachemire ainsi que le i)olanl 
Le corsage, en i>oile Ninon, est orné d'un col et de parements en taffetas. 

PL 49. Cette robe du soir de yS^orth se compose d'une longue tunique en mousseline de 
soie sur une jupe en crêpe de Chine. 

PL 5o. De Chéruit, i)oici une robe d'été en organdi blanc brodé argent. La bordure 
est en zibeline et la grande ceinture en taffetas blond. 

PL 5i . — Robe d'après-midi de Dœuillet en crêpe de Chine bleu. Les tuniques sonf bor- 
dées de crêpe de Chine fantaisie. Le corsage est ouifert sur un intérieur de broderie ambre. 

Imp. G. Kadar. ^^^..^,^ y^^^^j^ Directeur-Géranl 




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Mai 1914. — PL 44 




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Oape du soir de Paul Poiret 



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Mai 1914. — PI. 47 




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Rote d'après'-îriiaî de Redrern 



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Mai 1914. — PI, 48 




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Robe au soir de W^ortli 



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Mai 1914. — Pi 50 




LE SOLEIL DANS LE JARDl 

Rote daprès-miJi de Dœuillet 



Gn'T.nr^ riu nnn 



Tnri — vV'' < 



Mal 1914. — PI' 51 



LA GAZETTE DU BON T 

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Juin 1914 SOMMAIRE 2« Année — N'» 6 



LA TABLE EST MISE DANS LE JARDIN. . . . Jean-Louls VAUDOYER. 

Dessins de A,-E. MARTY. 
COTÉ JARDIN Emile SEDEYN. 

Dessins de Georges LEPAPE. 

LE CERF- VOLANT (Hors-texte) par Georges LEPAPE. 

LE BON TON DES MERLETTES : LE CHAPITRE DES CARROSSES, 

Dessins de Ch. MARTIN. jean de BONNEFON. 

CARROSSE AUTOMOBILE DE GRAND GALA (Hors-texte), par Ch. MARTIN. 
VOYAGE EN CHINE Francis de MIOM AND RE. 

Dessins de ZAMORA. 
ÉPHÉMÉRIDES Emile HENRIOT. 

Dessin de Bernard BOUTET DE MONVEL. 
LA MODE ET LE BON TON NADA. 

Dessins de l'Auteur. 
LA FEMME ET LE CHIEN .... : Charles MÉRÉ. 

Dessins d'Elisabeth BRANLY. 
CEINTURES EN RUBAN Marcel ASTRUC. 

Dessins de VAN BROGK. 

LA ROBE AU THEATRE par José ZAMORA. 

L'AMOUR EN CAGE (Hors-texte) par VAN BROCK. 

DU CHOIX D'UN PAPIER PEINT Claude-Roger MARX. 

Dessins de F. de MARLIAVE. 

AU HASARD T. de OSA. 

LES MALLES Nicolas BONNECHOSE. 

Dessins de Maurice TAQUOY. 

PLANCHES HORS^TEXTE 

AU PRÉ CATELAN. — Rohes et tailleurs de Jeanne Lanvin, par Pierre BRISSAUD. 
ROBES DE PAUL POIRET SELON BOUSSINGAULT, par BOUSSINGAULT. 

*' ISOLA BELLA ". — Robe du soir de Redfern par George BARBIER. 

LES JEUX INNOCENTS. — Robes d'après-midi de Worth, 

par Bernard BOUTET DE MONVEL. 
LTNDISCRÈTE. — Robes de garden-party de Chéruit . . par Pierre BRISSAUD. 
RENTRONS, LA FRAICHEUR TOMBE... — Robes du soir de Dœuillet. 

par A.-E. MARTY. 

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S'en alLalt déclarant partout 
Que c était une centre parfaite, 
Un joyau pur, un ^rai bijou. 
IL demandait quon le conseille. 
A cjui porter cette men^eille. 
De Gémier, Réjane ou Cora ? 
« JkLon cher, lui répondit Diéterle, 
Puisque ta pièce e^t une perle. 
Porte-la donc à Alaocima », 

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J 



E VOUS écris, ma très chère Lucienne, de cette maison 
de campagne où je suis si triste d'être séparé de vous. 
An ! pourquoi mes charmants hôtes ne vous connaissent-ils 
pas ! Nous serions si bien, ici, tous deux ensemble ! Dans 
cette pièce, dont les murs sont peints d'un blanc un peu 
verdâtre, très pareil à la couleur fraîche et appétissante du 
fromage de chèvre nommé brousse de Corse, comme vous 
seriez jolie à regarder, portant un déshabillé de lingerie, 
dun blanc un peu rosé, un peu doré — et si blonde! 
Vous êtes à mes yeux, Lucienne, l'image même du printemps. 
Quel dommage que Berthe Morizot ne soit plus de ce 
monde ! Ce n'est pas un autre peintre qu'elle que j'eusse 
choisi pour vous représenter, vêtue d'une de ces claires 
robes au goût de 1880 qui reviennent en ce moment à 



85 



Copi/rûjht June igij^ by Lucien Vcnjel. Parlé 




la mode. Et, comme fond, mieux encore que les boiseries 
du salon, j'imagine à ce tableau la « salle de verdure », si 
intime et si protégée, où Ton se réunit ici, chaque matin, 
pour le petit déjeuner. 

C'est une salle de lilas et de faux-ébéniers, jeune, par- 
fumée et brillante. Les fleurs en thyrses et en grappes 
pavoisent le feuillage encore tendre, et les pétales les plus 
mûrs tombent parfois sur la table, comme des mouches et 
des papillons de féerie. Sur cette table, une très gentille 
petite bonne, presque aussi gentille et aussi petite que le 
célèbre modèle de Liotard, apporte, sur un luisant plateau 
de laque, les succulentes bonnes choses. Le thé, le chocolat 
et le café au lait mélangent leurs odeurs. Les confitures 
luisent à travers le cristal des pots conlme de grasses escar- 
boucles; les rôties, grillées à la façon de Saint-Laurent, sont 
rangées dans des appareils spéciaux, pareilles aux tomes 



86 




croustillants d'une bibliothèque comestible. Il y a aussi des 
fruits, et d'onctueuses, larges médailles de beurre frais, pour 
lesquelles un Pisanello rustique a modelé un moule repré- 
sentant une vache tranquille et rebondie. 

Nos hôtes, qui sont avisés, s'arrangent pour que les 
journaux de Paris ne soient distribués qu'après ce petit 
déjeuner du matin. La plupart du temps, on prend son 
thé, à Paris, en lisant « les dernières nouvelles du monde 
entier ». C'est une grave erreur. Je me jure bien, désormais, 
de condamner ma porte aux journaux, tant que je n'aurai 
pas dégusté ma dernière tartine. Mais où seront les lilas 
dans la lumière?.. 

A cinq heures, ce n'est pas dans cette salle de verdure 
que l'on goûte, parce que le soleil en est maître; mais on 
s installe alors sous une longue pergola un peu ruinée, qui 
donne, non sur la route de la ville, mais sur la route des 



187 




champs. C'est 
une pergola 
où l'aristoloche, 
la vigne vierge 
et la clématite 
abondent. On 
a, de là, une 
belle vue. Des 
tables rusées, 
auxquelles sont 

accrochées 
mille petites ta- 
blettes, plates-formes et impériales, sont chargées de nou- 
velles bonnes choses. Ah! les légères pâtisseries salées 
que la cuisinière normande compose ! Je ne vous les décrirai 
pas, Lucienne, car cela vous ferait trop de peine de n'en 
point goûter. Je ne vous parlerai pas non plus d'un certain 
sorbet au cassis, qui a la couleur des robes que teignirent, 
pour vêtir des déesses, Giorgione et Bonifazio. 

Mais je vous parlerai de la cour intérieure où, dans ce 
château, quand la nuit est douce, on dîne aux flambeaux. 
Le sol est couvert de larges dalles sur lesquelles on jette 
d'épaisses nattes de maïs, fabriquées en Béarn, et qui sont 
hérissées comme le paysan du Danube. Les murs de cette 
cour sont « de pur style Louis XIV » et des mascarons 
joyeux, sculptés au-dessus des portes-fenêtres, rient aux 
convives. Il y a, sur la très grande table, beaucoup de 
porcelaines, beaucoup de cristaux, des haies de fleurs, des 
barricades de fruits et, pour éclairer des plats pour lesquels 
un lord vendrait son droit d'aînesse, des cohortes de flam- 
beaux portant des bougies sans nombre. On a au-dessus de 



^«AiVT. 



88 



soi, quand on lève les yeux, le ciel profond et ses étoiles; 
et, l'autre soir, notre hôtesse avait eu l'idée d'habiller en 
Nègre-à-la- Bérain le frère de lait de sa lingère, fort beau 
garçon et qui faisait loucher plus d'une. On avait placé ce 
nègre artificiel dans la baie d'une porte ouverte donnant 
sur le jardin, au fond duquel, pendant les silences, on 
entendait le chant du rossignol qui encensait la nuit. 



Deddtid de A,-E, JUarty. 



J.-L. Vaudoyer. 





COTE JARDIN 



I 



'ai oubKé le titre de cette comédie où Ton me conduisit vers ma dixième 
année, un lundi de Pâques ; et je crois bien n'avoir jamais su le nom de 
l'auteur. Mais je me souviens très bien que les trois actes déroulaient 
leurs péripéties dans trois salons, peut-être dans le même. Il n'en fallut pas 
plus pour me désenchanter. Je m'ennuyai, comme à une visite, et pendant 
des années je montrai autant de répugnance à retourner au théâtre qu'à 
aller rendre mes devoirs à la tante Bénédicte, de Saint-Mandé. Le souvenir 
de cette soirée difficile, entretenu et confirmé par des expériences ultérieures, 
devait exercer une influence décisive sur ma conception de l'art scénique. 
Une action qu'emprisonnent quatre murs n'a jamais su m'émouvoir. 

La vie au logis ne saurait être théâ- 
trale. Chez soi ou chez les autres, on ne 
vit que des aventures trop simples, des 
joies trop attendues et des douleurs sans 
^^^— *^^ >l^ nouveauté. La nature seule prête un cadre 

propice à l'emphase, à la déclamation. En 
face de l'océan, sous des arbres, en mon- 
tagne, les artifices de la conversation, de la 
passion, de Famour et du marivaudage, rape- 
tisses à l'extrême, paraissent sincères. C'est 
que, partout, même dans la douceur, la 
nature est véhémente et déclamatoire. 
Chaque paysage a son ténor, dont la voix 
s'harmonise aux proportions du site : ici 
un torrent, là-bas un rossignol. Aussi ne 
sauriez-vous mettre le pied aux champs sans 
devenir comédien à l'instant, et à votre 
insu. Les vrais paysans eux-mêmes, dans 




190 




les contrées où Ton en rencontre encore, ne sont 
que d'obsciu*s acteurs de composition, qui jouent 
nature. 

A ces particularités, la vie estivale emprunte 
tout son charme. De mai à novembre se joue la 
vraie comédie humaine, sur un vrai théâtre. Non 
plus la comédie prudente, hésitante, sournoise 
et sans rehef des salons et des boutiques, où 
l'attitude et les propos d'un homme l'engagent 
toujours quelque peu devant les autres; une 
comédie, au contraire, où chacun y va, comme Ton 
dit^ de son voyage, parce que c'est un voyage 
sans conséquences. 

Certes les conversations d'un dîner au jardin, 
le soir, aux lumières, ne ressemblent en rien, 

avec les mêmes convives, à celles d'un dîner d'hiver. Le flirt sous les cerisiers 
en fleurs, et l'adieu au bas du perron balayé de feuilles mortes ne sont 
en rien comparables à des événements analogues surpris dans im logis 
parisien. A la campagne, à la mer, dans tous les décors d'été, l'afi'ection, 
l'amitié, l'indifférence même s'expriment sans gêne avec des accents dont 
le naïf et lyrique laisser-aUer ferait sourire dans la vie ordinaire, sous le 

ciel des villes, sous le toit des 
maisons. 

D'ailleurs, la preuve que 
la nature est essentiellement 
théâtrale, c'est que nous ne 
l'abordons guère sans nous 
costumer. Afin de marquer 
avec force qu'à partir d'un 
jour déterminé leurs discours seront sans 
portée, leurs serments sans valeur et leurs 
attachements de pure forme, les gens les 
plus raisonnables, lorsqu'ils ont laissé der- 
rière eux les fumées des villes, revêtent des 
costumes contraires à toute gravité. Enche- 
misé de zéphyr ou de cellular, pantalonné de 
gabardine ou de coutil, le sexe fort cesse 
d'encourir aux yeux du sexe tout court ce 
reproche d'uniformité qui, tant de fois, 











191 




au fond des garçonnières, découragea Tesprit d'aventure. Voilée de crépon 
d'organdi, de mousseline, Eve, aux propos du tentateur, prête une oreille 
oublieuse des scrupules. Il suffit d'un décor bien planté pour que recom- 
mence rhistoire du Paradis Terrestre. Et ce n'est qu'un peu plus tard 
lorsque les rampes du ciel seront éteintes, lorsque le bleu des frises aura 
fini par tourner au gris, que les personnages, revenus de leur lyrisme, et 
confus de se surprendre ainsi vêtus, s'avoueront, en rebouclant leurs vaKses, 
qu'ils ont joué la comédie. 

Emile SEDEYN. 
Deééiné de Georges Lepape. 







AUX COURSES 



¥ A moins noble conquête que le cheval ait jamais faite est 
celle de ces fières et peu fougueuses personnes qui parta- 
gent avec lui la fatigue de la course et la gloire des journaux. 
Ainsi dirait M. de BufFon, s'il revenait en coche 
pour décrire notre faune parisienne; 
mais il arrêterait au premier point et 
virgule sa période fameuse. Les star- 
ters de la couture ne donnent plus le 
départ aux mannequins. 

Il n'y avait rien de plus déplaisant 
que ce handicap imposé à des jeunes 
femmes ou que des jeunes femmes s'im- 
posaient. Dès que Tune d'elles pénétrait 
aux tribunes, au pesage, un essaim 
de parasites l'entourait de mille sup- 
plices. Vingt petites couturières, l'œil 
cligné, les lèvres pincées comme pour 
retenir encore un cent d'épingles, dissé- 
quaient la robe, scalpaient le chapeau. 





93 





Des dessinatrices se pen- 
chaient, avec un sourire, un 
air de demander l'aumône 
et traîtreusement esquis- 
saient une fiche d'anthro- 
pométrie, plus exactement 
de gynémétrie. Les ciné- 
matographistes et les pho- 
tographes bousculeurs ti- 
raient leur mitrailleuse à 
images et bloquaient avec 
leurs trépieds ces 
Pythies de la 
mode qui fai- 
saient pitié. 
Nous venions à la récréation du champ 
de courses pour suivre les lignes parallèles 
des chevaux disputant sur l'ellipse verte les 
flammes rouges, jaunes et bleues de leurs jockeys^ 
et nous nous trouvions enfermés dans des petits 
ronds, condamnés à subir une illustration de 
la fable de La Fontaine: Le ^eai paré ded pliuncé 
du paon. Vous récitez? 

Un paon muait : un geai prit son plumage 
Puis après se l'accommoda, 
Puis parmi d'autres paons tout fier se panada 
Croyant être un beau personnage. 

Les geais vont s'envoler, ce bel été. Il ny 
aura que de médiocres aviculteurs pour tenter 
encore l'élevage des mannequins. Une heureuse 
réaction s'affirme contre l'étalage des fausses 



194 





élégances, et contre ce défi aux lois du plein 
air. Pour jouer à leur gré du soleil et du 
vert, nos femmes ont repris la liberté que 
donne un costume simple, la sobriété d'un 
tailleur, la souplesse d'une robe familière. 
Elles savent que pour être personnelles, 
garder leur ligne et leur ca- 
ractère, elles ne doivent pas 
faire de tels efforts d'imagi- 
nation, et moins encore se 
préparer à des cérémonies. 
Leur élégance se précise dans 
leur façon de s'adapter au 
jour, au soleil, aux arbres. 
Nous les retrouvons ainsi 
telles que nous les connais- 
sons. KUes semblent se fondre toutes dans 
ces grands ensembles harmonieux et dis- 
crets qui sont réglés par le génie de notre 
race, qui sont de la grande discipline de 
Versailles; mais chacune garde sa vie, sa 
forme, sa couleur. 

Madame, donnez -nous votre beauté 
quotidienne. 

Donc, nos grands couturiers ne lan- 
ceront plus les modes aux courses. Départ arrêté. Et ces 
reunions élégantes retrouveront leur tradition, leur raison 
detre: des réunions. Si des parvenus, des intrus se fau- 
nient encore, ils sembleront aussi ridicules, immédiatement 
dénonces et isolés, que ces modèles de mauvais goût que 
oem vient d'enfermer dans le musée des erreurs de son 



95 



nouvel album sur Le ^ral et Le faux chic. Dans la campae 
entreprise contre l'extravagance des modes, Sem a poussé 
une charge qui donne la panique à la vieille garde. 

Les mannequins n'iront plus au bois, les patrons sont 
coupés. Assez de théâtres leurs restent et les vernissages 
sont ouverts. Nous trouverons aux courses des femmes 
habillées pour elles-mêmes et pour nous. Elles n'auront 
pas des airs de tragédie et le chœur des essayeuses ne les 
accompagnera plus. Nous serons entre nous, dans la 
liberté du plein air, sans affiches-réclames pour arrêter nos 
joies de regarder. Et alors nous regarderons. 



Dcà/uu de Godé. 



Régis GïGNOUX. 






LE BON TON DES MERLETTES 

LE CHAPITRE DES CARROSSES 

«r E pur ji muoi^e » 

'^ UAND le dernier coupé de la dernière douairière traîné par 
les deux dernières rosses du Faubourg Saint-Germain aura 
fait son dernier pèlerinage devant la grille de la basilique 
Sainte-Clotilde; 

Quand la dernière Daumont de l'Elysée, mal menée, 
attelée de travers, aura conduit le dernier président de la 
République au seuil de l'église Notre-Dame pour le su- 
prême couronnement; 

Quand les temps seront écoulés, faudra-t-il prononcer Toraison funèbre 
des voitures et ne plus voir sur les routes de terre que les torpédos-crapaud, 
es bmousmes-vitrines d'horreur, les variétés sordides d'automobiles qui, de 
1 autobus au camion, sont admirablement utiles et laides? 

Ce n'est pas absolument certain, s'il y a un homme de goût, un seul, 
qui ait par surcroît l'argent nécessaire pour ne pas compter. 

Un progrès s'est déjà timidement avancé : les gens pourvus de quelques 

ressources n'ont plus la même automobile pour aller de Paris dans leurs 

erres et pour monter l'avenue des Champs-Elysées. L'automobile de ville 

es née, mais combien timide, petite, étroite, humble, sombre, comiquement 




197 



chargée d un mécanicien et d'un valet de pied en chapeau haut- de-forme et 
en Kvrée bonne pour les valets d'un tabellion. On fait la voiture de ville 
légère, pour économiser... l'essence. Elle devrait être large, profonde 
confortable, ouatée, capitonnée, parée de menus objets simples et beaux : 
glace, nécessaire, brosses, parfums. Même un en-cas de chocolat et de fruits 
s'y pourrait trouver avec un verre d'eau glacée. Un éclairage Intérieur 
devrait permettre la lecture. Cela ne veut pas dire qu'il faille illuminer l'in- 
térieur de la voiture de ville a giorno, comme fait, hélas] pour les passants! 
une fille célèbre qui risque ainsi de montrer ses fissures replâtrées, ses yeux 
agrandis et sa bouche laquée. La voiture de ville devrait être un petit bou- 
doir roulant intime et sobre. Il s'agit de l'automobile quotidienne, de celle 
qui mène Madame au thé, à l'adultère, à l'exposition, aux autres menus 
plaisirs de l'après-midi. 

Mais une voiture s'impose qui doit être longuement étudiée, dessinée, 
parée, même annoncée et triomphalement montrée un beau jour de grand 
mariage, de royale réception, d'enterrement glorieux. 

Le chef de l'Etat, le financier pourvu de sohde finance, le duc authen- 
tique et sauvé de rimpécuniosité se doivent, nous doivent l'automobile de gala. 

M. de Dreux- Brézé, gentilhomme en tout, gentil- 
homme pour tout, apprend la mort de son auguste 
maître Henri V, en exil le comte de Chambord. Sa dou- 
leur est suprême, sans limite. Ne croyez pas cependant 
qu'il se répande en lamentations. Non, il appelle d'abord 
son plqueur et lui dit simplement : « Le roi est mort; 
drapez. » 

Draper, cela veut dire : mettre toute la livrée en 
grand deuil, du fouet aux courtines, de la couverture 
d'écurie aux housses des sièges. 

S;^ " ^ ^WM Comment ferait aujourd'hui un Dreux-Brézé pour 

y^ i; draper une automobile peinte en couleur poussière et 
\\% garnie de quelque maroquin sauvage? 

L'automobile de gala doit naître et sera vraiment 
plus facile à faire qu'un carrosse à chevaux. Ce sera 
un peu plus cher. Mais que nous importe? M. de C a- 
teaubriand eut le bon goût de se ruiner en harnais, en 
carrosses et en livrées pendant son ambassade près 
Pape. Les moteurs pour gros poids sont indiqués, car 
le carrosse doit être lent et silencieux. La caisse doi 
emprunter ses formes aux belles époques, au dlx-sep- 




198 




tième siècle et au premier Empire. Il faut éviter le 
Louis XV et le rococo qui ont je ne sais quoi de contourné 
et de lourd dans l'étriqué. 

De Torl il en faut, mais sobrement. Si le carrosse 
est pour un gentilhomme, il doit être aux couleurs. 

Qui sait aujourd'hui ce que furent les couleurs, obli- 
gatoires jadis pour les voitures et pour les livrées ? Les 
règles très strictes des couleurs tiendraient à peine en 
un volume. Mais deux exemples suffisent : une famiUe 
connue, celle des Bourbons, porte 3'azur à troié fleuri de 
lyé d'or. La caisse des carrosses doit être bleue; le train 
et les filets doivent se montrer jaunes ou dorés. Pour 
prendre des armes moins chargées d'histoire, choisissons celles-ci : de 
gueuUé a une tour de éable éur une terraéée de éinople. Le carrosse sera peint 
en rouge-grenat pour la caisse, avec le train noir et les filets verts. 

Naturellement les armes complètes avec couronne, supports, devise, 
cri, manteau de pairie, bâton de maréchal, collier des Ordres et autres 
choses s'il y a heu, seront peintes sur les portières. La mesure est exacte- 
ment indiquée : l'écusson et ses accessoires doivent occuper le cinquième du 
panneau. Les armes doivent être « aux couleurà ». Mais une légère patine, 
un vernis savant, même craquelé évite trop d'éclat. Le duc de Bouillon 
avait fait peindre, sur son carrosse bleu, l'écusson en camaïeu avec indica- 
tion des couleurs par les traits conventionnels. Le roi lui donna l'ordre de 
ne jamais venir à Versailles en tel équipage. Puisque nous parlons armoiries, 
signalons le ridicule des gens qui font placer sur une auto- 
mobile de voyage, non peinte aux couleurs héraldiques, 
leur écusson avec celui de « leur dame », aux couleurs. Cet 
étalage est de mauvais goût. Sous l'ancien régime, les 
berhnes de voyage portaient un monogramme dont les 
lettres joliment enchevêtrées formaient un gracieux dessin, 
illisible pour le vulgaire. Une discrète couronne en gri- 
saille surmontait le chiifre. 

Le devant du grand carrosse automobile devra être 
drape, selon les règles héraldiques, avec galons armoriés 
et crépines où se mêleront les couleurs de Técu. L'inté- 
rieur de la voiture sera tendu de soie mate et très forte, 
a la couleur du fond. Les galons seront faits de soie 
tissée aux armes répétées. Le mécanicien sera seul au 
siège de devant, avec une livrée de drap à la couleur, en 




199 



culotte, bas de soie et souliers à boucles. Il portera la nermr»,^ i , 

11 T. y -11 1. 1 1.1 A'^^^^q^^ poudrée et 

le chapeau en bataille beaucoup plus solide contre le vent que 1 'A' } 

haut-de-forme. Les deux laquais, à l'arrière/ auront la même livrée -^ i^ 
tricorne au lieu du « bataille ». * e 

Il conviendra de prier messieurs les fabricants de ne pas mettre 1 
marque ou leur nom à l'avant du carrosse, ce qu'on ne devrait pas tolér ^ 
même pour les automobiles de route, qui ressemblent à ces landaus que7es 
Brésiliens du dix-neuvième siècle achetaient à Paris et promenaient à Ri 
après avoir coUé à l'avant et à l'arrière un écriteau avec cette inscription^ 
« Voiture de Binder a Parié ». 

Le carrosse automobile devra être monté sur des pneumatiques géants 
de couleur blanche immaculée. 

Et ce sera beau, à moins que ce ne soit ridicule. 

DeMné de Ch. Martin, Jean de BONNEFON. 









VOYAGE EN CHINE 






L 









ES suggestions de la mode 
nous viennent aujourd'hui 
de toutes parts. Et je trouve 
cela à la fois délicieux et 
inquiétant. Inquiétant, parce 
que, à jouer ainsi notre va-tout, à gas- 
piller tant de trésors, nous finirons par 
nous trouver démunis, et forcés — affreuse 
perspective — de recommencer le cycle. 
Délicieux, parce que ce 
gaspillage même a quelque 
chose d'élégant et de désin- 
volte qui n'a pas été donné 
à tous les siècles. Nous 
nous sentons les maîtres 
de 1 espace et du temps. Ce n'est plus une 
tradition que nous suivons, c'est mille : 
quelques semaines chacune, puis nous passons 
a une autre. L'armoire d'une élégante d'au- 
jourd'hui n'a rien de commun avec le res- 
pectable bahut des aïeules. Je limagine 
plutôt comme un coffre magique, sans cesse 
reassorti par de subtils gnomes voyageurs, 
et d où elle tire, souriante et éternellement 
rajeunie, un lot inépuisable de tuniques per- 
sanes et de turbans hindous, de pantalons à 
la turque et de sandales athéniennes, de 
robes alexandrines, de châles afghans, de 







201 




boléros albanais, de chapeaux enfin 
qui, eux, viennent de la lune, tant 
ils sont irréels, absurdes et ensor- 
celants. 

Attention î regardez bien sur 
la carte. Tout a été vu, tout a 
servi. Les derniers biancd ont été 
conquis par T exploration de la mode. 
Qu'allons - nous faire maintenant ? 
où aller?... 

Eh bien ! il reste la Chine, Dieu 
merci !... C'est le dernier pays que 
les gnomes fournisseurs de l'armoire 
magique n'aient 
point encore vi- 
sité, et son nom 
résonne avec douceur et mystère. La 
Chine, patrie des dragons, des chimères, 
de la sagesse et des petits pieds, qui con- 
naîtra enfin, grâce à notre engouement, 
un dernier sursaut de vie, une suprême 
résurrection de beauté avant son agonie 
définitive. 

Car je parle, bien entendu, de la vraie 
Chine, celle qui est morte le jour sym- 
bohque où elle crut se déhvrer en condam- 
nant la tresse et le pied brisé, mais pour 
adopter, hélas ! l'esclavage autrement 
affreux du chapeau melon et de la chaus- 
sure américaine. Je parle de la Chine des 
porcelaines et des pagodes, des sourires 



302 




"^0^/*o<ï<^*ï''' 



et de la soie, celle de Confucius et de Voltaire. L'autre, 
la nouvelle, ceUe dont les Célestes d aujourd'hui se contentent! 
nous la leur laisserons puisqu'ils l'ont voulue et nous 
prendrons ce qu'ils dédaignent : ces blouses 
courtes ou longues, aux échancrures ingénieuses, 
superposées de si jolie façon et parfois écus- 
sonnées comme Tétole d'un .^léraut d'armes, ces 
tuniques d'un si gracieux mouvement (et dont 
l'emploi servirait d'heureuse transition avec nos 
modes actuelles), ces robes si sobres de Kgnes 
mais qu'un semis de fleurs 
broche d'un souple et 
vivant jardin, ces manches 
dont la superbe ampleur 
permet au bras des gestes d'une 
noblesse et d'une grâce uniques, ces 
colliers, ces adorables chapeaux qui 
rappellent tout ensemble la coiffure 
des bergers siciliens et le toit des 
pagodes, ces larges pantalons d'un 
efïét si simple et si neuf, et surtout 
cet assemblage de couleurs aussi riches et 
aussi hardies que celles empruntées à la 
palette persane, mais peut-être plus dou- 
cement harmonisées, plus subtiles, plus justes 
de ton, plus proches enfin de notre goût. 

Voilà pour la hgne générale. Car je ne 
parle pas de mille trouvailles de détail que 
le génie de nos petits gnomes tirera d'ana- 
logies autres que celles du costume. La lan- 
terne de papier plissé, lumineuse et semée de 








2o3 



monstres, ne pourrait-elle pas devenir, par 
exemple, un amusant motif de manteau 
du soir ? Un monde de fantaisie nous est 
ouvert. 

Plus y y réfléchis, plus je trouve que la 
Chine s'impose. D'abord, parce que la 
Perse de M. Bakst et l'Egypte hellénique 
de M. Poiret commencent à s'épuiser et 
que nos belles ne sauront bientôt plus 
que se mettre; ensuite, parce que c'est 
quasi une tradition française : nous aimons 
trop notre cher dix-huitième siècle pour 
ne pas l'imiter encore cette fois dans son 
amour des chinoiseries. Avec les progrès, 
du reste, qu'ont accomplis en érudition 
nos collectionneurs, la mine est tellement 
plus riche. Les ajustements chinois, traités 
par notre goût, seraient tour à tour somp- 
tueux et pratiques, propres à Téblouissement des fêtes 
comme à la familiarité de la vie champêtre. Enfin, nos 
Parisiennes n'ont- elles pas tout ce 

qu'il faut pour faire f ^\ des Chinoises ac- 

complies : le pied \3 V^ minuscule, naturel- 

lement et sans tor- /^ /^k^M ture, la grâce frêle, 

la tête petite... et \D ^ jmL l'esprit compliqué? 

Alors... J//1 ^\. T- ' ^r^ 

r rancis de 

MiOMANDRE. 







Deddnd de Zaniora. 





t'àm 



EPEEMERIDES 



Mai, — S'il y a des années où Ton n'est pas en train, il y a des jours 
que la vie est belle. D'abord les dames sont charmantes en ce mois de mai; 
elles portent toutes des petits chapeaux blancs qui sont ravissants, et des 
robes qui les font ressembler à des papillons. Ensuite, les Ballets russes 
sont revenus. — Le moindre de leurs agréments, c'est qu'on s'y retrouve, 
comme aux bains de mer. — Nous avons revu, dans la corbeille, à 
l'Opéra, cette dame étincelante, qui a les pieds nus et des cheveux 
roses; — et le poète que l'on surnomma Joachim du Ballet, à cause 
qu'il rend des points à ceux de la Pléiade; — M. Nijinski, dans une 
loge, cette fois, et M. Jean Cocteau dans l'autre; Mlle Karsavina sur 
la scène, et autour d'elle, mille athlètes bondissants et des ballerines à 
foison; — Sert, qui nous vint d'Espagne ; Richard Strauss, de Berhn ; 
Léon Bakst, de Moscou, et ce Miassine (Léonide), de Circassie, l'heureux 
homme. — Dans la Légende de Joéeph, où Mlle Kousnetzoff le lutine, la petite 
folle, qui donc prétendait qu'il avait, en s'agenouillant, l'air de réciter la 
Prière d'un vierge? Un mauvais plaisant, à coup sûr. — Mme Puthiphar, à 
côte de lui, sur des socques verts, montrait, sous une robe de brocart à la 
vémtienne, des jambes grasses et nues d'un effet plaisant : une patricienne 
du Titien ou de CaHari, qui s'en irait à la pêche aux moules. — Mais cela 
fait penser à un charmant tableau de Bilivert, où Ion voit la pharaonne, 
ivre de chair et dévêtue, sortir impétueuse de son ht et tirer par le pan du 
manteau, d un air plein de concupiscence, ce Joseph ridicule qui, s'il parlait 
latin : Noll me tangere, dirait-il. 

* 

Nous avons une Académie des gourmets. Quarante raffinés, et point 
dyspeptiques, se sont réunis l'autre jour, dans les bosquets de Trianon, pour 

2o5 



la cuisine française. L'idée était d'un mystérieux chevalier Fata le 1 
meurant n a point assisté à ce déjeuner, vu qu'il était empêché na 1 



fêter 1 

au demeurant 

goutte. — Cela est d'un bon augure ; mais s'ils suivent tous son exempir 
comment ces messieurs feront-ils pour le dictionnaire? J'entends bien a '*/ 
en feront un ; le titre est trouvé : ce sera la Gazette du Bon Glouton, On v li 
la recette de cette salade de crevettes roses, dont M. M.rc.l B..l.nff r n^n 
mourir — et de ces barques de laitance qui firent si plaisir à M. T s oh 
G. lt..r., des " Deux plats". Comme on faisait reproche à celui-ci de faire 
des traits à sa Ligue: " Bah! dit-il, je suis pour les deux plats... chez 
soi — mais pas chez les autres ". Neuf maîtres-queux à la hauteur avaient 
donné leurs soins à ces agapes. Des vins appropriés escortaient leurs mets 
déhcats dans des flacons de bonne date. M. de P.l.gn.c avait fait porter 
quelques magnums (on dit des magna: mais magnums, c'est mieux), des 
magnums, dis-je, fort émouvants, de 1904. Une fine impériale de Tan où nous 
prîmes Saragosse paracheva ce fin dîner des plus raffinés de nos fines- 
gueules qui, le lendemain, l'avaient toute en bois. 



Autre festin non moins bon ton. Le mystère y sied. Imaginez le plus 
joli jardin de Paris, où une biche de bronze surveille les allées et venues des 
unes et des autres. — La table mise sous des arbres — avec des braseros 
pour les décolletées ; le couvert rustique, le dîner servi — déhcat — pendant 
quoi des détonations : on se serait cru au Figaro. Ce n'était qu'un feu d'ar- 
fice, pâle écho de ceux des conversations. Il y avait là tel chroniqueur des 
fourberies chantilloises ; et tel historien du blason, ami des papes ; tels cos- 
turiiiers des grâces (et des maigres, comme le veut la mode : des maigres piiu 
ultra, si j'ose à peine dire) ; tels imagiers de la Révolution et autres brissautins; 
et celui-là qu'on nomme, à cause de son nez, fort long, et de ses vers buco- 
liques : Cyrano de Bergeries ; vingt autres encore, et des dames ravissantes. 
Puis, sous des arbres, éclairées par un globe électrique en forme de lune, 
deux demoiselles qui dansaient dans l'herbe avec des jambes isadorables. Ça 
fait qu'on s'a encore couché comme les poules, à des heures indues de "bonne 

heureté " comme dit Lucienne. 

* 

Et puis (1)... Mais en voilà suffisamment pour ce mois de mai. 

Emile Henriot. 

(1) N. D. L. R. Ici prenait place un excellent calembour ; mais il a été supprimé, ni le gérant 
responsable, ni M. Emile Henriot ne se souciant, ce printemps, d'aller en prison. 

206 



©X^X#Xi§X!^X^X!§X!^X#Mi^X#Xi^Xi^M!§ 




X L 



E ET LE BON TON X 

^( 

X X 

©X^X®^©X!§X^X^X!^X#X!§X#X^^©X!r$, 



vn^iàÉiÉ 



m 



J OUS criez tous au scandale 
et vous nous trouvez laides. . . ? 
M. Albert Hermant nous ac- 



"■"'"'«'^ cuse d'aliénation mentale... 

QUELLE erreur 1 Comme vous savez 
mal regarder ! La laideur a pris une 
telle place depuis quelques années, dans 
notre société décadente 
et viciée, que l'objet de 
votre admiration vous 
étonne quelque peu aujour- 
d'hui, où vous vous ré- 
veillez d'un engourdis- 
sement prolongé et où 
vous demandez enfin de la 
vraie, de la pure beauté. 
Cette Beauté existe, elle 
est là, marchant dans ce 
lumineux chemin ensoleillé, 
vêtue de linon clair et 
coifiFée d'un panier fleuri ; 
elle est là encore, sur une 
terrasse de Casino^ le soir, 
enveloppée d'un manteau 
scintillant ; elle est là, ici 
et ailleurs, elle est partout, 
si vous savez détailler et 
voir, car la véritable co- 
quette intelligente n'a ja- 
mais perdu son goût, le 




goût étant une chose inhérente à l'esprit et 
non pas un fait acquis, dû à l'étude ou à 
l'observation. 

(OETTE saison a vu des ailes s'appliquer 
aux épaules des femmes, et des plis 
onduleux faire vivre les tissus morts ; elle 
a vu également les parterres multicolores 
fleurir les robes et les 
chapeaux. Le tulle et le 
linon, comme les ailes des 
tourterelles, battent et fris- 
sonnent au cou de toutes 
les femmes, et la chaussure 
aiguë et fine comme la 
patte du pigeon, semble 
ne poser au sol que pour / 
mieux s'élever ensuite vers 
des contrées fabuleuses. 
N'est-ce point assez que 
tout cela ? 

J A dentelle revit pour 
l'été, mêlée au linon 
blanc ou de couleur; nos 
robes restent courtes, ce 
qui est un enchantement, 
et les voiles de nos grand'- 
mères, faits de mousse- 
line de soie de couleurs, 
flotteront sur nos cabriolets 




207 



1/^ 



comme si Devéria devait 
les immortaliser. 

N parle beaucoup de 
petits gants courts 
célébrés à cette époque. 
Mais moi, je ne vois en- 
core que gants longs, des 
longs, même avec les man- 
ches longues des blouses. 

OS ombrelles frou- 
froutantes auront des 
airs de dames en visites, 
dames à la rose volumi- 
neuse, piquée dans le gon- 
flement des volants, tout 
cela gai, harmonieux et 
seyant. 



A plupart de ces vo- 
lante seront faits de 
rubans plus ou moins 
hauts, de même ton parfois, parfois aussi 
de deux coloris opposés et tranchant avec 
l'ensemble de la robe, mais rappelant le 
chapeau presque toujours échafaudé de 
rubans. On n'a jamais vu autant de ru- 
bans que depuis quelques mois ; que ce 
soit en manteau, en robe ou en coiffure, 
tout est au ruban, rien n'est qu'au ruban. 

IpT vous dîtes que nous vivons à une 
époque de laideurs et d'excentricités I 
Regardez mieux et vous verrez. Vous 
verrez une robe de tajffetas blanc dont la 
veste de velours « brun » s'ourle de zibeline; 
puis une robe Louis XV, en taffetas à fleurs 
avec mantelet pomponné et orné de ruches 
tout comme si nous voyions Mme Adélaïde 
descendre de sa « chaise » devant la bou- 
tique de Aîme Lé'^eque, la marchande de Me. 



PARTOUT en som- 
me, vous verrez 
de jolies choses, mais 
il est juste de dire 
qu'elles ne courent pas 
les rues, où vous ne 
pouvez croiser que les 
élucubrations folles de 
certains magasins à bon 
marché, qui dénaturent 
les modèles, interprétés 
à leur tour par les 
femmes qu'Abel Her- 
mant taxe d'aliénation 
mentale. 



^OILA le 
écueil de 



grand 
notre 
époque : La mode pour 
tous, à trop bon compte! 
Si les femmes mettaient 
davantage à leur cos- 
tume, elles le porte- 
raient plus longtemps, 
et le portant plus longtemps 
doute serait moins à effet, 
gnerions tous I 




, celui- 

Nous 



Cl sans 



]p N tous cas, la vraie, la réelle femme chic 
proteste; aux Courses par exemple, 
où elle ne se montre qu'en correct trotteur 
venant de chez le tailleur anglais. Nette, 
simple, mais l'ensemble rehaussé de perles 
merveilleuses, n'est-elle pas le modèle ab- 
solu de ce qu'on peut rêver de mieux dans 
n'importe quel milieu, si raffiné, si supra- 
sensible qu'il soit à l'effet extérieur? Croyez- 
moi, c'est encore dans la simplicité que se 
reconnaît la femme faite pour le grand 
luxe... î Mais c'est si difficile d'être simple. 

NADA. 



t^ © © 



^ ft. 




LA FEMME ET LE CHIEN 



TUSQU'A quinze ans elle joue à la poupée. Passion innocente. 
/ Elle commence à épeler son rôle de mère... Mais à 
partir de vingt ans, ce n'est plus une poupée qu'il lui faut, 
c'est un chien. Elle commence à épeler le vocabulaire de 
l'amour. Q,ue de mauvaises habitudes de langage elle va 

prendre! Et d'abord le ton du com- 
mandement — un petit ton impérieux 
et câlin tout ensemble — un peu 
au-dessus du médium. 

— Tiens -toi tranquille, je t'en 
prie!... Assieds-toi là, en face de 
moi . . . Regarde-moi . . . Qui est-ce 
qui est le petit chéri à sa maî- 
tresse ? Hein ? Quoi ? . . . Oui . . . 
Oh!... naturellement ce que je te 
dis t'est bien égal... Tu as vu le 
thé qui fume?... Tu veux du lait, 
mon chou ?... Un morceau de su- 
cre ?. . . 




209 



Evidemment, c'est au chien qu'elle parle, 
mais il est terrible de penser qu'elle nous parle 
à peu près de la sorte, à nous. 

— Oui... oui... qu'est-ce que tu as fait 
encore?... Une bêtise, je parie... quand tu te 
glisses ainsi près de moi ! Viens ici sur mes 
genoux... Ah! tu as honte... Ah! petite canaille. 
Veux-tu venir ici ! Ah ! il faut que je me mette 
à genoux, que je te parle à l'oreille, peut-être? 
oui, tu aimes ça... qu'on joue tous les deux à 
quatre pattes... Eh bien quoi?... tu ne bouges 
pas... Ah! mon Dieu! Tu n'es pas malade, 
au moins ?. . . 

Mais tout cela c'est la lune de miel. Il 

y a aussi les sautes de vent de la lune rousse. 

— Pan! une tape ! ça t'apprendra!... Ne 

m'embête pas!.. Laisse-moi prendre mon café 

tranquille... Oui, si tu veux! 
Reste derrière ma chaise! Mais 
ne te montre pas surtout, gros 
idiot... Ah! Monsieur boude! 
C est bien dommage ! . . . J'ai bien 
autre chose à penser qu'à toi!... 
Je n'ai jamais pu entendre 
une femme dire ces choses à 
son chien sans penser à la façon 
dont elle peut se comporter, 
dans la monotonie de la vie quo- 
tidienne, avec l'homme qui l'aime. 
Mais le chien est infiniment 
plus patient que l'homme. 





310 



— Couche-toi là. . . à mes pieds ! ne bouge 
pas ! Fais comme moi ! attends !... Ah ! je 
sais bien, ce n'est pas drôle!... Tu ne vois 
rien, toi qui as de bons yeux ? Mon Dieu ! 
Mon Dieu î que c'est ennuyeux d'attendre ! 

Il y a aussi le petit dialogue sur le canapé. 

— Comme tu es gentil!... au lieu de venir 
sur mes genoux... Hein? quoi?... Oh! oh!... 
je vois ce que tu as ! Tu dresses l'oreille ? Tu 
es intrigué, petit curieux ! Avoue que tu es 
intrigué... Et tout cela parce que tu entends 
dans l'antichambre la bonne parler avec quel- 
qu'un dont tu ne connais pas la voix... Faut-il 
être bête !... Tu ne vois donc pas que c'est 
ma robe qu'on apporte de chez le couturier. 

Mais toutes ces conversations se terminent 
entre Eiie et Lui de la manière la moins im- 
prévue. Elle lui prend la tête dans ses 
mains, le dévisage d'abord, le sourcil froncé, * ; 

l'air bourru; puis avançant la bouche 
dans un baiser sonore. 




dore !... 



Hou!... sale bête! tiens! je t'a 



Et c'est tout à 



fait 



ce 



la! 



La femme adore le 
chien. Pourquoi ? Parce 
que les quaUtés du chien 
contrastent avec les dé- 




21 1 



fauts de la femme. Vous connaissez les qualités du chie 

Le chien est discret. 

Le chien a bon caractère. 

Le chien ne ment jamais. 

Le chien est obéissant. 

Le chien est désintéressé. 

Le chien ne coûte pas cher à habiller. 

Le chien est fidèle. 

... Et vous connaissez les défauts de la femme. 

En vérité, la iemme et le chien sont faits pour s' 
tendre. Pauvre chien ! 

. , . Charles Méré. 

Dctidind d'EUdabeth Branly. 



en- 



a.. A, 





J. VA/V qRq<.' 



CEINTURES EN RUBAN 




DÈS qu'il fait beau temps, les femmes 
vont au Bois l'après-midi. Elles 
mettent des bas de nuances claires, pas de 
jupon, et, par là-dessus, une robe en organdi 
qui est de la mousseline de communiante. 
Car le printemps donne le goût de la pu- 
reté. Ensuite de quoi elles se dépêchent de 
partir, avec une grande heiu-e de retard, 
pour retrouver le monsieur qui les attend 
sous les ombrages. Elles sont gaies et gen- 
tilles, l'air leur fait du bien au teint; elles 
sont heureuses de se sortir du rez-de-chaus- 
sée de garçons. On peut leur prendre la 
taille comme à des midinettes de luxe, et 
elles vous laissent leur chanter et elles 
chantonnent elles-mêmes des petites choses 
sentimentales, malgré que ce n'est pas à la 
mode du tout. 

Au fond, elles sont surtout contentes 
de leurs belles robes neuves qui ne font 




2l3 




pas un pli, ou bîen qui en font mille, si 
c'est du plissé. Quand elles ont fini de 
s'habiller avec toutes sortes de blancheurs 
dont les noms seuls évoquent la belle saison 
elles mettent encore une petite tunique de 
dentelle bordée d'un rien de fourrure, et 
nouent le tout ensemble au moyen d'un gros 
nœud de ruban dont elles laissent pendre 
les bouts. Ainsi l'on voit les blancs œufs 
de Pâques parés d'une faveur suave. Le 
moindre agrément de cette mode des cein- 
tures n'est pas, à nos yeux, de nous rame- 
ner la taille que nous avions perdue de vue, 

ces derniers temps. Cela va être une occupation aimable pour les jeunes 

femmes en vacances que de rechercher leur taille 

partout où elle peut être. Par les après-midi lourds, 

à la campagne, dans le salon aux volets clos où le 

soleil filtre quand même par un petit trou, les 

femmes essayeront des ceintures en ruban sur les 

quelque quatre-vingts centimètres de leur corps char- 
mant où cela peut se faire. Il est exquis de se ceindre 

à hauteur des jarrets. C'est puéril et déli- 
cieux. Cela demande les boucles blondes, 

les joues pleines, je ne sais quelle expression 

confiante dans les yeux bleus, et des fos- 
settes adorables de chaque côté des genoux. 

Je ne doute pas que quelques jeunes mariées 

ne puissent offrir cela comme surprise à 

leurs maris. Mais, d'une façon générale, 

cette tenue n'est permise qu'un temps, et 

jugée mauvais genre passé le bel âge de 

douze ans et demi. Alors, ceignez-vous. 

Madame, à la taille, afin de séparer l'am- 
phore de vos hanches de la coupe fleurie de votre 

buste. Puis montez encore la ceinture en ruban, placez-la 

sous les seins et les bras; c'est Empire, c'est Grec... 

c'est d'un classicisme qui fait bien dans les nobles 

paysages où vous courez, et où je regrette que le 

vieux Corot qui changeait en nymphes les mor- 




21^ 





telles ne puisse plus vous surprendre. 
Ayez, Madame, plusieurs ceintures 
pour la même robe, et de nombreuses robes 
qui vous permettront d'innombrables cein- 
tures. Soyez une heure Musulmane comme 
Myriam Harry; puis devenez Japonaise et 

promenez - vous avec 
des pagodes brodées 
sur le ventre. Voilà 
qui est charmant et 
d'un exotisme plaisam- 
ment estival. Cela 
n'engage à rien et l'on 

ne vous obligera pas pour cela à partager votre mari 

avec quatre-vingt-dix-neuf autres femmes, et l'on ne 

vous forcera pas non plus à coucher dans une lanterne 

en papier. Ce qui est important, c'est de varier à 

Finfini votre aspect quotidien par l'emploi 

ingénieux de vos ceintures en ruban. Cette 

jaquette de toile blanche, avec un grand col 

Robespierre, que vous portez serrée par un 

large ruban dont les deux pans terminés par des glands 

d'or retombent ensemble le long de votre côté gauche, 

vous fait ressembler à un conventionnel délégué aux 

armées, à la différence des pistolets qui ne se portent 

plus dans la ceinture, mais dans le manchon; et l'on 

jurerait d'une mousmé quand vous aménagez dans votre 

dos ces deux belles coques de ruban qu'il ne faut pas 

s'asseoir de peur de les abîmer... 

Un dernier conseil, un dernier... Pendant les étés, 

couvrez-vous. Madame, légèrement, mais, de grâce, 

pas de ridicule... La ceinture, sur la robe de toile, 

de mousseKne, de linon, de petit cachemire, sur la 

robe de l'Eté, enfin, la robe blanche ou très claire, celle de Sylvie, d'Eisa, 

d'Hellé ou d'Ophélie, doit être en ruban, et non pas en taffetas, non pas 

en soie coupée à même la pièce... Quelle horreur I 



Marcel ASTRUC. 



Deééiné de J, Fan Brock. 



LA ROBE AU THEATRE 




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0>*|^w/H'icu^TRt5 ^AovT^f\n 



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21 



DU CHOIX D'UN PAPIER PEINT 




-^^^^Qfj^é ARFOis la pioche des démolisseurs fait tomber la façade 
d'une vieille masure. Des papiers peints, en taches inégales, 
survivent un instant à la destruction des pièces ; on voit 
encore zigzaguer la tenture de Tescalier; ici quelque chambre 
à coucher, là le salon. L'atmosphère d'années lointaines 
revit une dernière fois. 

Si nous voulons nous souvenir de telle époque de notre 
existence, lié aux moindres actions, nous revoyons le papier peint sur lequel 
rôdèrent nos yeux ; notre pensée reste mêlée aux fleurs qui clairsemaient les 
murs et comme colorée par elles. Pierre Nozière, dans le Lli^re de mon ami, 
évoque le temps où sa mère lui fit don d'une rose de la tenture. Lorsqu'on 
nous conte les adolescences 
de Clara d'Ellébeuse ou 
d'Almaïde d'Etremont, aus- 
sitôt apparaît le papier à 
feuillages et à grands oiseaux 
romantiques qui tapissait 
leur alcôve. 

Souvenez-vous des pa- 
piers un peu tristes qui cou- 
vraient nos chambres d'en- 
fant, ils étaient ternes ; un 
vert boueux y dominait, des 
roses aigres, des bruns sales 
que sahssaient encore nos 
doigts d'écoliers. Comparés 
aux papiers d'aujourd'hui, 
comme ils sont mornes I 
C'était en un temps où l'on 
craignait les bienfaits de la 
lumière ; les vitraux de la 
salle à manger laissaient à 
peine filtrer le jour; les 
lambris étaient couleur cho- 
colat. Depuis quelques an- 
nées le despotisme des pro- Salle de bains 




217 



priétaires inflige d'autres supplices. La plupart des appartements modem 
rappellent uniformément un xviii* siècle de cocotte. Les murs sont à' 
gris aveuglant ; des trumeaux lamentables dominent nos glaces ; c'est 
profusion de nœuds Louis XVI, de perles, de frises, de rosaces, toute une 
pâtisserie d'un beurre douteux. Des panneaux pleins, entourés de moulures 
interdisent à notre fantaisie de choisir le ton ou le dessin appropriés à 
chaque pièce et aux objets qu'elle est appelée à contenir. 

Cependant, l'amour de la couleur réagit heureusement contre ces 
blancheurs anonymes ; la prédilection s'affirme aujourd'hui pour les ors 
somptueux, les violets brûlants, les bleus foncés, les orangés et les riches 
accords empruntés à l'Orient. Trop longtemps, l'impuissance, l'hésitation ou 
la modestie des fabricants conseillèrent les lais unis, aux tons pâles ou 
styHsés avec méthode; enfin nos décorateurs osent jeter, avec une apparente 
irrégularité, sur nos murs ces fleurs indisciplinées, presque irréelles, dont les 
pétales resplendissent d'un éclat étrange. Aux calmes rayures succèdent des 
stries comphquées, de sorte que, s'harmonisant avec les étofi'es des sièges, la 
richesse des tapis, la hardiesse des robes et le fard des visages, et le flam- 
boiement des perruques, mille motifs dansent allègrement, comme s'ils 
voulaient participer d'un siècle où la volupté, l'amour de la vitesse, et le 
besoin d'étonner mènent le monde. 



Les occuKstes prétendent que chaque couleur éveille un sentiment, est 
propre à favoriser une passion. Elire un papier est un acte grave dont il ne 
faut point s'acquitter à la légère ; telle fleurnous narguera durant des années; 
telle colère vient d'un papier rouge, telle infortune d'un papier serin, s'il est 
vrai qu'ici-bas tout est symbole. Comment certains acceptent-ils de vivre empri- 
sonnés par des murailles dont ils n'ont pas eux-mêmes désigné la parure? Le 
papier peint, c'est la robe de la maison ; et de même qu'il est une robe pour 
le matin, pour l'après-midi et pour le soir, de même il convient que chaque 
pièce soit vêtue différemment. Sans doute ce serait folie, lorsqu'il s'agit de 
préférences, d'édicter des théories. Celui-là a raison qui prétend, avec 
Whistler, que le papier doit rester neutre afin de permettre à tous les tons 
de jouer sans concurrence. Et tel autre a raison aussi, lorsqu'il veut que 
le papier compte, multipKe la lumière et la vie, par l'enchevêtrement des 
couleurs et des Ugnes, comme nous le voyons dans les intérieurs adorables 
d'un Vuillard ou d'un Bonnard. Mais ce qu'il importe de respecter, ce sont 
certaines exigences commandées par la destination de chaque pièce. Tandis 
que la salle à manger s'accommode de telle tenture richement décorée et 

218 




CABINET DE TRAVAIL DE M. ABEL HERMANT 



219 










même comme chargée des 
promesses du jardin ou des 
trésors de la mer, tandis 
que le papier du salon peut 
bavarder somptueusement, 
— c'est là que les esprits 
s'aiguisent, et que les récits 
s'entremêlent; — le cabinet 
de travail, au contraire, 
réclame les harmonies cal- 
mes, les nuances unies qui 
ne distraient pas la pensée. 
Si la chambre d'amour per- 
met les accords violents et 
les chaudes tonahtés qui 
font valoir les jeux des 
corps, il ne faut point trop 
Gubher qu'elle est aussi le 
lieu du silence et du sommeil. 
Ainsi chaque pièce doit 
avoir son atmosphère, son 
harmonie, son chmat; prête 
à nous accueiUir, il convient 
qu'elle favorise certains 
états d'âme et certains 
gestes. Ces différenciations, le papier peint, entre tous sait les apporter, 
lui qui colore la lumière et, sans que nous en ayons conscience, nous baigne 
de ses reflets. Faisons donc preuve de courage; et qu'importent les erreurs! 
La paresse, ennemie de l'art, veut qu'une fois pour toutes, en changeant de 
demeure, nous choisissions les papiers peints. Pauvres chambres condamnées 
depuis des années à la même robe ] Ne devrions-nous pas varier plus souvent 
cette parure et renouveler le visage de notre maison? L'ingéniosité des 
fabricants et la fantaisie des artistes se disputent nos préférences. Donnons- 
nous cette volupté. Notre maison, comme nous, de temps en temps est 
heureuse de changer d'âme. 

Claude ROGER-MARX. 
BeJdlfid de F. de J£arUai>e. 

Documenta communu]uéd par MM. P-.A. Dumad. 




Coin de salle à manger d'été 




:'^*il^ ■ ^«^fif JiV^nif Jl^^rit , jmrr0 ^n^nt A^^rW rf^Wf. , ]m)^l^ 



AU HASARD»,, 

. <M»i# *ihtAJf *^tAif '^^ *^^A^ **tAf — **tAJf *^»<^ <V»i# »*tAJf^ ^V>4# 




PLUS lentement! L'haleine nous manque; nos impressions se chassent comme 
des papillons. Notre cerveau tourne en spirale. Le vertige nous prend. 

Entre la jaquette de Gavarni et le costume du temps de Werther et 
de son romantisme, on nous montre « La robe de demain ». Pareille tendance 
pour les appartements. C'est ainsi que les amis d'une femme d'un goût 
extrême prétendent ne pouvoir, à six mois d'intervalle, reconnaître la maison, 
tant tout y subit un perpétuel changement. 

Et cependant les plus raffinées commencent à comprendre que cela ne 
peut durer... Nous n'avons plus le temps de Hre, de penser, d'aimer, de 
vivre enfin... Et, en même temps que le passionnant roman de Gide : Leé 
Caveà du Vatican qui semble être fait, lui aussi, avec des moyens de cinéma, 
elles lisent : A la recherche du tempe perdu. Du côté de chez Swann, de Proust, 
qui exige des loisirs pour être bien dégusté. 

Déjà quelques femmes, et non les moins élégantes, ne portent plus que 
du noir. De cette nuit mystérieuse, elles ne sortent que rarement. Alors, 
revêtues de couleurs éclatantes, elles ressemblent à quelque merveilleux feu 
d'artifice. Mais elles rentrent aussitôt dans la gravité des nuances assombries. 

Certaines, même, et cela pourrait les amener à la vérité, vont jusqu'à 
adopter une seule et unique forme de robe. Voyez comme tout ce qui est 
habillement de classe, de caste ou de profession devient une chose définitive. 
Mais cette perfection est toujours le résultat de lentes évolutions correspon- 
dant à des besoins réels et non au caprice du jour. Les quelques femmes qui 
s'en tiennent à une seule forme atteindront peut-être cette perfection qui sera 
toujours inaccessible à la générahté. Elles conserveront du moins leur per- 
sonnaKté et ne rappelleront pas l'artiste de music-haU qui change vingt fois 
en cinq minutes de costume, de perruque, de fard, d'expression et de style, 
n'ayant d'immuable que son âme falote et incolore. 

Nos vêtements devraient être un peu de nous-mêmes, un peu de notre 
être intime, et c'est pourquoi j'ai envie d'arrêter ces effrénées dans leur 
course et de leur dire, comme Faust à l'instant qui fuit : Verwelle doch du bUt 

ào dchoen (Demeure, tu eà éi belle). 

Téresita de OSA. 




TVi** ^«riyto^.m 



LES MALLES 




'est agréable, s'en aller. Il y a tant d'endroits où l'on serait bien... 
quand on n'y est pas. Tout bonheur que la main n'atteint pas 
n'est que rêve... Alors, de loin, du fond d'un divan, déjà l'on 
pense au voyage. On pense à Venise, à Constantinople, aux 
îles Baléares, ou bien à Houlgate. On voudrait y être. C'est 
très excitant. Mais entre ce moment et l'heure du sleeping, il y a la distance 
de la coupe aux lèvres. Il faut la remplir. Et pour la remplir, il n'y a encore 
qu'à remplir sa maUe, besogne énervante mais qui a des résultats charmants; 
un bien pour une malle, comme l'on dit. La maHe nécessaire, quoi! 

Il y a mille sortes de malles. Il y a les malles qui ne peuvent aller que 
par douze. Dans chacune on met un chapeau. Les dames excellent à ces 
remplissages. J'avoue que c'est fort joK qu'une chose déHcate comme une 
femme, et si menue qu'eUe tiendrait place, bien enroulée, dans une boîte à 
chapeau de forme, ait besoin de tant à' impedimenta, comme disait César. Il 
y a aussi des maUes plus mâles. Dans ceUes-là on met tout, jusqu'à son tub, 
plié en trois. Elle sera vaste, pour être unique. Et étant unique, elle a cet 
avantage que si on la perd, on ne sera pas beaucoup plus dérobé que si 
onze autres nous restaient, dont on ne sait pas quoi faire. 

Une malle, une seule. De quoi y mettre un pantalon dans sa lon- 
gueur, avec tout ce qu'il faut pour fumer. A la rigueur, un double 
fond pour les cigares. Ce n'est pas qu'ils soient meiUeurs ici que là: 
mais le plaisir de frauder, la petite secousse de passer la douane? 



222 




Porte-babit et demi-sou 



Je rêve d'une malle en peau de vache, s'il vous plaît, avec des fermoirs 
brillants et une courroie large, et des initiales imprimées. Cela fait boyard, 
et dans les palaces on nous donne tout de suite la chambre très chère. Il 
faut être considéré. 

Soignez bien vos malles. Il y a des gens qui emportent leur patrie à la 
semelle de leurs souliers ; mais je tiens qu'il est plus commode de la mettre 
dans sa malle, en raccourci : deux photographies, l'écritoire, un cendrier, trois 
hvres, un petit pot à mettre une fleur — l'essentiel, pour tout de même, le 
soir d'arrivée, sur la table ou la cheminée, se créer une façon de ''home" 
bien à soi, dans le palace ou l'hôtel borgne, ou le hasard vous a mené. — Car 
nous sommes des êtres bizarres, qui n'aimons jamais tant aller au bout du 
monde que pour nous y retrouver toujours les mêmes, avec autour de nous 
les mêmes visages et les mêmes objets. Mais c'est vrai que la couleur du ciel 
y change, et c'est cela seul qui vaut le déplacement. 

Nicolas BONNECHOSE. 




Modelée 
de houle Vultton, 



7AT. 



Vf 



Malle secrétaire 



EXPLICATION DES PLANCHES 

PL 52. — Blouse d'été en lingerie aifec gilel en lussor ci Iran et jupe en linon imprimé 
PI. 55. — Carrosse automobile de grand gala. 

PI. S 4, — Robe de promenade à isolants en taffetas écossais am- un châle en cachemire 
bordé de renard, 

PI. 55. — Yoici des robes de promenade et d'après-midi de Jeanne Lanifin, La robe de 
la première fillette, à gauche, est faite d'un semis de roses perlées sur du tulle blanc. La seconde 
est en mousseline de communiante ai^ec une large ceinture en faille. Les deux Jeunes filles 
portent, l'une un costume en serge, et l'autre une robe d'après-midi en mousseline créponnée 
brodée de roses en taffetas et nouée d'une ceinture en taffetas. 

PL SG. — La Gazette du Bon Ton reste dans son rôle de témoin de la Vie élé^^ante et 
artistique de ce temps en publiant cette planche oh M. Boussingault a interprété trois %bes de 




mporam, 

PL 5/. — Ces trois robes du soir de Redfern sont : l'une un fourreau de crêpe Menda; 
l'autre une tunique faite de girandoles de jais sur une robe drapée en météore, ai)ec cape-pépJum] 
la troisième une gaine de lamé recoui)erte d'une tunique de tulle ai)ec un col hindou en dentelle ar<fent. 

PL 58. — Robes d'après-midi de UiTorth. En commençant par la gauchcy i}oici une grande 
tunique de faille souple ai)ec col en tulle. Ensuite, une robe en S)oile de soie pékiné, ceinturée de 
moire, et la suii)ante, une robe en S)oile de soie blanc. Tient après, une robe composée d'une tunique 
et d'un boléro^ en taffetas pékiné; la jupe et les manches sont en organdi. La dernière robe esl 
en tulle plissé blanc ai?ec une ceinture en ruban de moire. 

PL 59. — De Chéruit, ces robes de garden-party. En partant de droite, tes trois robes du 
premier plan sont : la première en taffetas blanc, petite cape en i>elours noir; la seconde en N)eed 
canari; la troisième en organdi ai)ec un petit caraco en i)elours noir. La robe rose est en petit 
cachemire, et la bleue en mousseline garnie de dentelles. 

PL 60. — Ces robes et ce manteau du soir sont de Dœuillet. La cape, serrée dei)ant par 
une cordelière d'argent, est en taffetas souple ai)ec deux bandes brodées argent et perles fines. A 
sa droite, une robe tulle et satin brodée de perles et de tubes. Les deux robes du milieu sont, 
lune un fourreau de satin, recouS)ert d'une tunique plissée garnie de perles et de jais, l'autre une 
jupe drapée en taffetas as>ec effet de tunique et un corsage également en taffetas, largement ouSiert. 
La dernière, à gauche, est une robe en crêpe de satin recoui)erte d'une tunique frangée de perles 
de cristal. 

, . PI- 61. — Z)c Doucet, ces trois robes d'après-midi et de garden-party. La rouge est en 
epinglme avec ceinture brodée de perles; la blanche et la rose sont en gaze. La robe du soir est 
jaite de liberty noir recouvert de paniers perlés de grosses fieurs. 

Imp. G. Kadar. j^^^.j^,^ y ^ Directeur-Gèranh 







^ 



LE CERF-VOLANT 

Jolouse a été 




CARROSSE AUTOMOBILE DE GRAND GALA 



z^:n. 



1,,:^ *rx^ A — PI e 3 




L'AMOUR EN CAGE 

Robe daprès-miai 



Gazdk du Bon Ton. — JV" 6 



m 



Juin 191-4. — P/. 34 




AU PRE CATELAN 

Rotes de fillettes et tailleurs de Jeanne L. 




ROBES DE PAUL POîRCT SELON BOUSSINGAULT 




CEoRGE BflRTViE R 1.7/? 



-ISOLA BELLA" 

oLes du soir àe Redfern 




LES JEUX INNOCENTS 

Robes d'aprè^-mîrl; Je Wortli 







l^Z^l^a^,::!^^^^ 



L'INDISCRÈTE 

.otes de garden-parey Je CLéruit 



■ ,}.. 



/ 








;^i et -^2. Jenny. 



33- Bc 



j^. If^orth. 



LONGCHAMP (H) 

ou 
Elle a perdu ! 



>^eij7. Chéruit. 



:8. Premet. 



^0. Dœuillet. 
jç. Martial et Armant). 




ON AURAIT PU NOUS INVITER AUSSI. 

. Robes d après-midi et roLe du ,^;^ j^ Doucet 



-c% ««s?^ 



^*. 






5 .t\»s* • 



LA GAZETTE DU BON TON 

<i-i> «IsîP «ia? 

JuiUet 1914 SOMMAIRE 2« Année — N» 7 

LE DINER DE LA GAZETTE DU BON TON Henry BIDOU 

Dessins d'André-E. MARTY. ^ 

MON CŒUR SOUPIRE... (^//ors-Zcx/e^ . par André-E MARTY 

LES PLAISIRS DE L'ÉTÉ r'. .... Edmond TALOUx' 

Dessins de Pierre BRISSAUD. 

SUIS-JE BELLE CE SOIR ? (Hors-texte) par gOSÉ 

LES DERNIÈRES CRÉATIONS DE MADAME KARSAVINA. 

Dessins de Valentine GROSS. Jean-Louis VAUDOYER 

TAMAR KARSAVINA DANS LE " LE COQ D'OR " (Hors-texte). 

par Valentine GROSS. 
LE BON TON DES MERLETTES Jean de BONNEFON 

Dessins de LORIOUX, 

LES PIEDS NUS George BARBIER. 

Dessins de l'Auteur. 

LE JEU DES MOTS • Charles MULLER. 

Dessins de E. AYRES. 
EPHÉMÉRIDES. . Emile HENRIOT. 

Dessin de GOSE. 

LES CLAIRS CHAPEAUX D'ÉTÉ par GOSÉ. 

LE GOUT AU THEATRE : Les Ballets Russes Lise Léon-BLUM 

Dessins d'André-E. MARTY. 

LA LEGENDE DE JOSEPH (Hors-texte) par Ch. MARTIN. 

LES POUPONS SYLVIAG. 

Dessins de BORELLI-VRANSKA. 

LA TENDRE NOURRICE (Hors-texte) par BORELLI-VRANSKA. 

DE CONSTANTIN GHYS A LONGHI F. de GANGE. 

Dessins de Bernard BOUTET DE MONVEL et de George BARBIER. 

AU HASARD Téresita de OSA. 

LA MODE ET LE BON TON NADA. 

Dessins de l'Auteur. 

PLANCHES HORS-TEXTE 
LA ROBE BLANCHE. — Robe de Paul Poiret. . . selon BOUSSINGAULT. 
LE PAYSAGE ROMANTIQUE. — Costume tailleur de Worth, 

par Bernard BOUTET DE MONVEL. 
RIEN QU'UN NUAGE. — Robe du soir de Chéruit. . par Pierre BRISSAUD. 
LE CYPRÈS ET LA ROSE. — Robe d'été de Dœuillet. par George BARBIER. 
QUEL CHAPEAU FAUT-IL METTRE ? — Robe d'après-midi de Doucet, 

par MAGNIN. 
VIVE SAINT-CYR ! — Robes d'été de Jeanne Lanvin . par Pierre BRISSAUD. 









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Le Diner de la viazette du Bon 1 



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ÉTAIT dans Tadmirable jardin d'un vieil hôtel 
habité aujourd'hui par un des couturiers les 
plus célèbres de Paris. Sur trois tables en fer 
à cheval courait, selon leur axe, une suite de 
légères guirlandes. Les couturiers dont la Gazette 
du Bon Ton publie les modèles recevaient à dîner 
les artistes et les écrivains, et Ton célébrait dix-huit mois 
heureux. Après le dîner, exquis et ordonné avec goût, deux 
danseuses vêtues de tuniques, sur la pelouse mollement 
éclairée d'une lumière bleue, menèrent leurs pas et leurs 
poursuites. Ce n'était point ce bondissement un peu sec que 
l'on voit sur le plancher élastique d'un théâtre, mais quelque 
chose de léger et de doux, une danse de nymphes. Un grand 
arbre élevait ses branches, et dans le fond une statue antique 
paraissait comme une forme radieuse. La danse achevée et la 
lumière éteinte, des feux d'artifice éclatèrent de toutes parts : 
ils étaient bleus et dorés comme les paillettes d'un double 



22; 



Copyright July 1^14 by Lucien Vogei, Parb 




métal. De la façade même de l'hôtel, une nappe embrasée, 
éblouissante, mêlée d'acier et d'or commença à ruisseler. 

Cette fête, délicatement organisée, avait assemblé dans la 
plus simple causerie ces trois éléments de la 
Gazette du Bon Ton : les maîtres de la mode, un 
choix de jeunes peintres et quelques écrivains 
persuadés que l'image d'un temps n'est pas 
indifférente et qui se plaisent à trouver dans la 
grâce de ces fanfreluches le témoignage que leur 
époque laissera à l'avenir. 

Cette réunion de ceux qui font la mode 
et de ceux qui la représentent est une nou- 
veauté. Comme toutes les réunions, elle est 
utile. Elle s'est trouvée au surplus agréable à 
chacun. Avec la plus extrême liberté dans l'in- 
vention, parmi la variété des goûts, cette 
réunion a eu l'air cordial que donne un sen- 
timent commun. 




226 





L'effet de cette alliance, les lecteurs le savent: une 
revue a été fondée qui, par l'art de ses images et sa perfection 
élégante, est Texacte interprète de ces six ou sept couturiers 
qui tiennent entre les autres le premier rang, 
maîtres du goût et de l'étoffe. Cette revue, en 
même temps qu'elle forme la plus précieuse suite 
d'aquarelles qui se puisse feuilleter, représente 
chaque mois la collection et l'histoire des nou- 
veautés du costume. 

Toute la mode est là, et vue par les yeux 
les plus accoutumés à découvrir la beauté. C'est 
ainsi qu'elle doit être peinte et comprise. On 
rappelait, dans le premier numéro de cette revue, 
les illustres souvenirs de la Mésangère et les 
grands noms des dessinateurs du xvm^ siècle. On 
se réclamait de ces devanciers célèbres. Le 
succès de la Gazette du Bon Ton, non seulement 
en France, mais au loin, prouve qu'on a bien 



22y 



V'" "*■'?; 



I 




î iPl; :%^'^l 



fait de suivre Texemple dun Saint- Aubin et d'un Vernet. 
Ce n'est pas une petite chose que de donner figure à son 
siècle. Tout le monde a oublié la guerre de succession 
d'Autriche, le renversement des alliances, la diplomatie de 
Louis XV et le ministère Choiseul. Mais tout le monde se 
souvient des robes à paniers. Il faut qu'il y ait à ce choix que 
la mémoire publique fait dans les événements quelque raison 
profonde. La mode qui change tous les mois est la seule chose 
qui restera. On ne se rappelle point M. de Villèle, ni la combi- 
naison Dessolles-Decazes,mais nul n'ignore que Mimi Pinson 
se coiffait avec des anglaises, chaussait des cothurnes et que 
son corsage était à manches à gigot. Ce sont là les faits essen- 
tiels, et l'histoire grave sur le bronze des toilettes de mous- 
seline. Ne soyons pas plus difficiles qu'elle. Dans le repos de 
leur gloire éternelle, Watteau, n'en doutez point, se félicite 
d'avoir donné son nom au pfi d'une robe et Nattier au bleu 
d'une étoffe. 



d'André Marty 




Henry BiDOU 



sSiS; 







LES PLAISIRS DE L'ETE 




SllEN que la pluie ruis- 
selle, que la grêle 
décapite les hortensias 
de nos jardins, que 
la tempête souffle, que 
Paris éclate comme une grenade 
ou comme un sol volcanique, bien 
que le printemps, en un mot, fasse 
rage, il faut croire que le renou- 
veau ne durera pas toujours et que 
lété finira peut-être par le rem- 




229 




IMP-- 



placer. C'est ce que cha- 
cun se dit, tout en se de- 
mandant où courir, puis- 
qu'il est généralement 
admis que,dès que les cha- 
leurs rendent tout mou- 
vement intolérable, il est 
obligatoire de se livrer à 
une extrême agitation. 
Les uns préfèrent une de ces honnêtes maisons de cam- 
pagne où Tunique distraction est, chaque matin, de mesurer 
les arbres fruitiers pour savoir s'ils ont grandi pendant la 
nuit ou de prendre la taille aux poires, comme 
à de jolies filles, et de juger si elle arrondit. 
Les autres préfèrent la Suisse, et le concert 
des vaches, et faire un match avec le soleil, 
à qui se lèvera plus tôt que Tautre. 

Mais les privilégiés, les malins se pré- 
cipitent au bord de la mer. Il est bien 
entendu que les gens raisonnables ne songent 
qu'à leurs plaisirs : pour les peines, la vie 
s'en charge; au Heu que c'est à nous d'in- 
venter nos agréments. Il y faut de l'ima- 
gination et une sorte de génie. Il est des 
êtres, par exemple, qui se réjouissent au 
Palais-Bourbon et pour qui voir glisser un 
ministère est aussi drôle que la chute d'un 
water-toboggan. Ce n'est pas pour eux que 
j'écris, mais pour ceux, plus sensés, qui 




\Zo 




-p.f^' — 



n'aiment rien tant que de 
se lever tard, vêtir un 
complet clair et flou, des- 
cendre sur la plage, re- 
garder trois vagues qui 
font le plongeon et se 
tonifier les poumons avec 
de l'essence de varechs. 
Dans le but de plaire à 
ces dilettantes, à ces bons 
vivants, les femmes s'habillent de robes légères, pareilles 
à des tuHpes renversées ou à des delphiniums qui auraient 
la tige en l'air, rassemblent sur leurs gracieuses étoffes 

toutes les couleurs du prisme, s'enve- 
loppent de capes à plis simples et 
droits, se coiffent de bérets ou de 
galettes, se font désirer par le vent, 
caresser par les flots et détailler à 
loisir par tous les connaisseurs du 
bord de l'eau. C'est pour eux surtout 
qu'elles se déshabillent, jouent à la 
sirène ou pèchent les crevettes, char- 
mant prétexte à montrer de jolies 
jambes longues, qui ont des reflets 
de nacre et des puretés de perle, 
quand l'eau marine les a touchées. 
Monter en auto avec une robe si 
étroite qu'elle s'arrête aussitôt au- 
dessus du genou, ou croiser ses mollets 




2Ô1 




dans une jupe fendue 
n'apas réussi en effet 
à les faire sufifisam- 
ment connaître et 
admirer. 

Mais la plage, 
ce n'est pas seule- 
ment une lisière de sable jaune où la mer 
mousse comme une coupe de Champagne, 
c'est aussi le Casino! 
Le Casino! Pour bien dépeindre cet 
endroit féerique, il faudrait avoir quinze 
ans, être un jeune garçon ou une petite 
demoiselle et n'y avoir jamais mis les pieds. 
Comme on évoquerait alors facilement ce 
palais des Mille et une Nuits, aux mu- 
railles de cristal irisé, où des orchestres 
délirants jouent avec simplicité la musique 
même des sphères, où des drames sublimes 
sont représentés par des acteurs dont 
chacun est supérieur à Irving et à Sarah 
Bernhardt, où les fortunes se disséminent 
sur les tapis verts, semées au hasard par 
des femmes prétentieuses et secrètes comme 
une héroïne démodée d'Alexandre Dumas fils, ou par de 
nobles messieurs dont les favoris descendent tout droit du 
second Empire. C'est un endroit divin, dis-je, que le Casino... 
C'est un endroit divin tant qu'on n'y est pas allé ! Mais 
vous, Madame, vous y êtes peut-être entrée. Il vaut mieux ne 




23: 




plus en parler alors, et vous laisser à 
vos souvenirs d'enfance, quand Madame 
votre mère, en s'habillant pour la soirée, 
vous disait d'une voix distraite : « Tu iras 
au Casino quand tu seras grande ! » Hélas 1 
Madame, depuis que vous êtes grande, on 
vous a menée partout, et je gagerais que bien 
souvent vous avez regretté qu'une enfant de 
quinze ans, mais à l'imagination ardente, n'eût 
pas créé le monde — plutôt que Dieu! 

Mais le vrai plaisir des plages, c'est Tamourî 
L'amour n'est pas un fruit de l'hiver, il 

n aime pas 
la neige, les 

calorifères, la pluie, il lui 
faut le plein air, le soleil, 
la mer qui soupire la nuit 
et se plaint que la lune 
soit inconstante. Cela n'a 
l'air de rien, on se pro- 
mène le plus innocemment 
du monde, on voit les 
mousselines du crépuscule 
se déployer doucement sur 
l'horizon, on cause sur 
une terrasse en considé- 
rant une mouette toute 
blanche, pareille à une 
lettre qui chercherait 




^SS!S2S* 



53 




son destinataire, on joue à la main chaude en appuyant 

le front sur les genoux tièdes et fermes d une jeune femme. 

Ici, un couple flirte, couché dans le sable, non loin des 

ridicules petites cabanes de bain. Ailleurs, au fond d'un 

jardin, un adolescent surpris voit se foncer soudain l'azur 

délicat des yeux dune fillette. Alors on se 

frôle un peu, on parle plus bas, on s'étonne 

de se sentir ému, troublé, on regarde une 

nuque pure sortir d'un col blanc comme une 

enfant regarde un diamant à la devanture 

d'un bijoutier, on respire, où que Ton aille, 

une odeur charmante que dégagent pourtant 

les mouvements dune seule personne, on 

cherche un bras pour s'appuyer sur lui, il 

vous vient des pensées neuves, étranges, 

souriantes, graves. Quelque chose de mys- 

térieux vient du large, on s'arrête tout à coup, 

un peu suffoqué, le cœur battant... C'est 

l'amour qui commande, qui gronde, et tente, 

et caresse tour à tour, et les plaisirs de 




>.54 




ne 

essus 

es 



Tété s'interrompent et s'eiFacent devant une grande, u 
profonde et noble joie : le plaisir fait place à l'amour ! 

Mais la brise qui éparpille la vapeur d'eau au-d 
de la Manche et de l'Atlantique ne porte point aux grand 
passions, et Roméo et Juliette, non plus que V^erther et 
Charlotte, ne se rencontrent guère à Trou- 
ville, ni dans cet Etretat, qui, tout ras et 
gris, semble s'aplatir entre les arcs de 
triomphe de ses falaises percées. Si l'on se 
fait de si solennels serments, c'est qu'il est 
plus poli de se dire : ''Pour toujours! " que 




Le murmurer : 



{ i 



our une neure 



Le souffle plus rauque de Septembre a 
tôt fait de disperser vos sentiments, comme 
la brise, les feuilles de la forêt. Les derniers 
jours sont déchirants, les pires valses des 
tziganes prennent autant d'intensité qu'une 
romance de Schumann ou de Borodine, le 
vent secoue les manteaux et houspille les 
capuchons, on sait qu'on va se quitter, on se 



35 



r^v 



regarde avec les yeux qu'on a 
dans les gares, quand le train 
emporte un être aimé... 

Au printemps prochain, 
petite amoureuse, quand la 
branche qui pointe te mon- 
trera ses bourgeons comme des 
seins verdelets, tu rouvriras 
Tarmoire où sont tes robes 
bien rangées, ces robes qui te 
sembleront déjà si comiques que 
tu t'étonneras d'avoir pu les 
porter, tu te diras : « J'avais 
cette jupe verte le jour où il me prit la main... » ou bien : 
« C'est contre ce col en mousseline des Indes, tout près de mon 
cou, qu'il murmurait ces douces paroles qui font rêver aux 
espoirs indéfinis... » Peut-être te sentiras-tu alors la joue un 
peu humide, et tu soupireras : « La saison d'amour est finie ! » 
(Deddind de Pierre Briddaud.) Edmond Jaloux. 






<ii^ 







LES DERNIÈRES CRÉATIONS 
DE MADAME KARSAVINA 



I. 



DANS LE -COQ D'OR" 




u riais parce que le roi Dodôn avait un gros ventre et dormait 
sur un lit doré, protégé des mouches par les mouchoirs qu'agi- 
taient les servantes; tu riais aussi parce que le général 
Polkân, tournant comme une toupie, dérangeant le repos, 
venait annoncer l'ennemi; mais tout à coup, tu cessais de rire. 
Car apparaissait la reine de Chemâkha, traînée sur un praticable, au fond 
de la scène, et mimant, sous les flots électriques, les attitudes de la 
séduction. 

iu te souviens de sa haute coiffure pareille à un insecte compliqué, de ses 
lîîille nattes noires s' effilant des deux côtés du visage gravement souriant. 



3/ 



puis sur les roses glacés et sur les argents 
Mais la Reine disparaissait, et Dodôn, 







doux de la robe fabuleuse, 
sans entrain, partait pour 
la guerre. 



Sur le champ de 
bataille, une tente majes- 
tueuse s'élevait. Devant 
elle, quelques cadavres 
de guerriers gras ressem- 
blaient, fichés d'un glaive, 
à quelques belles pièces 
de charcuterie où tran- 
che le coutelas. Au son 
d'une musique comme pul- 
vérisée, des trésors 
vivants s'échappaient de 
la tente C'étaient des 
odalisques souples, des 
jeunes filles déguisées en 
jeunes gens, et dont 
on voyait luire les 
cuisses fermes sous les 
franges des justaucorps. 
C'étaient des négrillons 
pareils à des mouches 
tropicales. Et toutes et 
tous ils sautaient sur les 
planches de la scène, 
combinant joyeusement 
des dessins de couleurs 
semblables à ceux que 
tu regardais avec ravis- 
sement, quand tu étais 
petit, à l'orifice des kaléi- 
doscopes mystérieux. 



z38 



er 
au 



Enfin, après toute cette troupe féerique, de la tente sortait la Reine 
de Chemâkha. 

Pourrais-tu oublier sa stature si fragile et si noble? Pourrais-tu oubli 
sa grâce si naturellement fière? Il n y a peut-être pas d'autre danseuse i 
inonde qui unisse dans sa danse tant de fraîcheur à tant d'art. Souviens-toi 
de l'enivrement sentimental que dispensaient ses légers sourires muets; sou- 
viens-toi de ces pieds nus si rapides et si adroits; et de ces singuliers 
mouvements des épaules qui imitaient la houle de l'eau. 



Comme la Reine se moque agréablement bien du pauvre gros Roi! 
L'ours court après l'abeille, et l'abeille emporte la fleur. La danseuse 
railleuse et tendre marque du talon, parfois, le moment le plus rythmé de 
sa danse; puis piaffe sauvagement, et fait courir, courir encore Dodôn, 
qui s'essouffle et tombe. 

Chaque fois que Mme Karsavina crée un nouveau rôle, il semble que 
l'on reconnaisse un rêve, un de ces beaux rêves que l'on aurait voulu avoir, 
mais que l'on n'avait pas encore mérité. Hélas! peut-être ne reverrons-nous 
plus jamais, à Paris, dans le Coq d'Or, le sourire malicieux et incertain du 
visage de la petite reine aux mille nattes noires; ni filer vers la coulisse, 
poussé par ta main très habile, le grand tambourin que tu remuais si bien, 
ô souveraine de Chemâkha! 

IL — DANS "MIDAS" 

Sa perruque d'or, qui, de loin, paraissait blonde, la changeait beaucoup; 
et, d'abord, quand elle parut, tout le monde ne la reconnut pas. Elle était 
vêtue d'une tunique très courte, paiement verte comme le cœur blanc de la 
salade, et toute brodée de naïfs petits bouquets bleus. L'Oréade enivrée 
agitait, furieusement joyeuse, ses jambes roses et brillantes, qui semblaient 
trempées encore de l'eau des étangs. 

Vous ont-ils dit qu'elle ressemblait à un bouquet vivant, à une statue 
faite, si l'on peut s'exprimer ainsi, de fleurs et d'ailes ? Vous ont-ils dit 
qu'elle donnait un entrain extraordinaire et bienvenu à la musique morose, 

2^9 



et que toute la salle, malgré elle, frissonnait d'allégresse en la voyant si 
allègrement sauter? ^ 

Les satyres et les hamadryades, les faunes agités rôdaient parmi les 
rocKes et se roulaient dans l'herbe. Les Muses, vêtues de grandes robes 
versicolores, formaient des groupes pleins de noblesse et de gravité. Mais 
elle répandait comme une averse les parfums de la jeunesse, et sa danse ressem- 
blait aux rires des enfants. 

Oréade, fille des sources, sœur des feuilles caressantes et mobiles; toi 
dont les bonds n'effarouchent pas les écureuils et les perdrix ; toi pour qui 
les baies des branches font couler leur pure hqueur; vole d'un tertre à l'autre 
tertre ! Touche à peine de l'orteil cette herbe qui tremble du désir d'être 
touchée par toi. L'air veut t'enlacer; mais, plus rapide que l'air, c'est toi 
qui l'enlace. Tu étais là. Tu n'es plus là. Où donc es-tu? Hélas I nous t'avons 
vue apparaître et disparaître en même temps I 



Deééiné de Valentlne Gi 



■OdJ. 



Jean-Louis VAUDOYER. 




^^ 



v'M.Cw.'t V. .^ 




LE 
TON 



MERLETTES 



O o o 



CONSEILS SUR L'ART DE DÉCOUPER LES TITRES 



j^^^^^^^ ETAiT^ l'autre soir, dans une des rares familles qui ont conservé 
(Q ; le bel usage de faire annoncer les invités à haute voix, par le 
77V~^ premier maître d'hôtel, au seuil des salons. 

Cette coutume courtoise se perd là où les maîtresses de 
maison n'osent pas avouer en public les noms de tous ceux qu'elles accueillent. 
J en sais même — et de bien nées — qui ne connaissent jamais les noms 
de leurs convives. 

On préfère murmurer tout bas et très vite de vagues présentations où 
un descendant de Coffinhal, dit le pourvoyeur de la guillotine, peut être 
galamment nommé à une vraie Castelbajac, sous le pseudonyme légal de 
M. du Noyer, baron de Noirmont. Rougemont serait mieux! 

Bref, on annonçait l'autre soir et le valet donnait à pleine voix : le 
marquis de St-L... ! Puis, successivement: Le comte de St-L... I Le vicomte 
de St-L... ] Le baron de St-L... I Ainsi furent clamés le père et trois de ses 
nls. Le quatrième ne vint pas et je ne saurai jamais s'il porte le titre désuet 
de chevalier. 

y^^iie dégradation, ce « découpage y> du titre prouvent une fois de plus 
que les règles et les règlements se sont brisés en France dans le grand assaut 
de la vanité. 



2^1 



L'unité et l'indivisibilité du titre sont des principes de droit français 
inscrits dans le code. La première raison en est la difficulté de donner une 
hiérarchie des titres : un baron féodal vaut mieux en noblesse qu'un marquis 
à brevet de l'avant-dernier siècle. Historiquement, la couronne est stérile • 
elle ne fait pas de petites couronnes. 

Je sais bien l'excuse. Elle s'appelle : l'ordonnance du 26 août 1817. Le 
roi autorisait, par cette décision, le fils aîné du Pair à porter le titre inférieur 
à celui de son ascendant et ses frères puînés à se partager le reste des titres 
dans l'ordre conventionnel. 

Mais cette faveur était expressément réservée aux membres de la 
Chambre des Pairs. Aussitôt toute la noblesse s'empressa de multiplier le 
titre de famille, tantôt en adoptant la plaisante dégression, tantôt en prenant 
pour tous les membres de la famille le titre qui est la propriété d'un seul. 
Et cela fait penser au dédain sublime de Saint-Simon : « Les titres de comte 
et de marquis sont tombés dans la poussière par la quantité de gens de rien 
qui les usurpent. » 

LE DUC DE MORTEMART : 

Armes : Fascé, onde d'argent et de gueules de six pièces. 
C'edt un haut éeigiieur de éarig, de nom, de ton que le Cercle Agricole a choul 
pour prééldent. Un éeul reproche va veré lui et leé /lend : par dégoût des par^eaud et 
deégené éortU de la crotte qui ajoutent leô nomd aux nonié, la génération moderne deô 

vraie éelgneurd élmpllfie leô choses à l'excès. 
^^^AÉ^ ^^ f^^f^ ^^ Rochechouart, qui cét glorieux, 

SÊÊÊ^L ^^^^^^ ^^ devrait jamalé être ééparé du Mortemart, qui 
]^^^^\^MKp^ ^^^ ^^^«^ ^^'^^ ^^'^^ l'ancien. 

y T^^^^^^BTl, Cette famille de chevalerie dort dané conteôie 

deà comteé de Limoges, par Alniery, cinquième 
enfant de Glraud, vicomte de Llmogeà, a la 
fin du X" éiecle. 

Le Vieil arbre a formé onze rameaux : 
neuf dont aujourd'hui bridée, Landld que deux 
fléuriddent éuperbement : celui ded delgneurd 
de Fontaine- Baudan, qui forme la branche 
aînée, celui ded JKortemart et Vlvonne, qui 
forme le rameau ducal, dur lequel eét grefé 
le titre princier de Tonnay-Charenle, prld à 
la branche morte (1682) ded Rochechouart- 
Bonnlvet. 

242 




é aîné 



en 



La dclgneurle de Mortemart fut érigée en duché-pairie par lettrée patentée d 
décembre 18^0, a^ec le titre de duc de Fii^onne, par brei>et de 1668, pour le fiL 
du premier duc. 

Une ordonnance du ji août i8ij confirma le titre de duc-pair héréditaire, 
faiseur de Victurnien de Rochechouart. 

Maié il ny eut ni institution de majorât ni lettrée patentée d'im^eàtiture par 
l'indiférence du titulaire. 

La même ordonnance du ^1 août i8ij créa le titre de marquu-pair héréditaire 
pour Victor de Rochechouart^ oncle du précédent. 

Le dernier duc-pair de l'ancien régime eut trois alliances : en ijj^, a^ec 
Mlle de Crux-Montaigu; en ij^C}, a^ec Mlle de Roui^roy; en ij^i, a^ec Mlle de 
Mannenlle, ce qui donna neuf enfants. 

Son fils aîné se maria deux fois-, ai>ec Mlle d'Harcourt-Lillebonne, puis a^ec 
Mlle de Cossé-Brissac, d'où neuf enfants encore. 

L'aîné du second lit, Victurnien, sentit d'abord l'Empire et, par une singulière 
ironie héraldique, fut créé baron le 8 ai^ril 181;^, au temps oîi il était officier d'ordon- 
nance de l'Aigle. Il n'eut que quatre filles et un fils; ce dernier mourut sans postérité. 

Les titres passèrent alors au fils du marquis de Rochechouart et de Mlle de Nagu. 

Le fils était comte de l'Empire, depuis 1810. Il épousa Mlle de Montmorency. Leur 

fils aîné, marié à une Borghese-Aldobrandini, eut un fils, le duc Victurnien, grand 

d'Espagne, qui laissa six enfants de son union ai^ec Mlle de Sainte-Aldegonde. Le 

fils aîné, marié a Mlle d'Hunolstein, eut un 

fils, né en 1881. 

Citer les alliances de la maison de Roche- 
chouart-Mortemart, ce serait épeler les lettres 
des plus beaux noms de France. Il suffit de 
rappeler que la duchesse douairière d'Uzès, dont 
la grâce est mêlée à toute l'actii^ité intelligente 
ou charitable de ce temps, est une Mortemart 
par la naissance. Elle montre aux filles des 
races anciennes comment une dame peut, sans 
descendre m déroger, être superbement moderne. 



MAILLY- NESLES, PRINCE DO 
RANGE : 



Armes : d'or à trois maillets de sinople, 
posés 2 et 1. 

Cette année, les fiançailles se portent très 
tangues, ai^ec beaucoup de cérémonie. Les gens 




245 



bien néô la'uéent aux ^eiié d' affairée leé marlageé a la vapeur, préméditée et accomnllé 
en quelques éeniaineé. 

La fille de M. Chabot de Rohan, comte de Jarnac, eét donc fiancée au niarauié 
de Mailly-Neéled, prince d'Orange. 

Les Mailly ont eu toutes led gloires, celleà de la guerre et celUé de l'amour 
depuié Anéelme de Mailly, en lo^o, judquà Marie- Anne, créée ducheéée de Châ- 
teauroux en ijjcf. 

La ducheéée et <ied quatre illuétres éœuré furent leé derniéreô fleuré de la branche 
Neéleé et Montcai^rel. Cette branche portait auééi par autoriéation du Conéell 
d'Etat (ijo6) leé titrée de princeé d'Orange et de l' léle-éoué-Montréal. 

Deé quatorze rameaux que le bel arbre a donnée, un éeul reéte vert : celui deà 
éeigneuré d'Haucourt paré maintenant de toué leé titrée et de touteé leé éubétitutioiié. 

A ce rameau appartenait le maréchal de Mailly qui, avant d'être décapité a 
Arraé, le 25 mare ij^/f, é' était marié troié foie à Meédemoiéelleé de Colbert-Torcy, 
de Séricourt et de Narbonne-Pelet. 

Depuié la révolution, leé Mailly ont dédoublé le titre de prince d'Orange et de 
l'Iéle-Montréal pour appliquer la première partie aux Mailly-Neélcé et la deuxième 
aux Mailly-Châlon. 

Le fiancé actuel, chef de la maiéon, eét le filé aîné de feu le marquié de Mailly- 
Neéleé et de Mademoiéeile de Cholier de Cibeiiié. 

Leé allianceé deé Mailly éont faiteé de tout l'armoriai françaié. Leé plué réceiûeé 
éont conciliée avec leé Keréaint, leé La Rochefoucauld, leé Goulaine, leé du Hazey, 
leé Lucinge-Faucigny, leé Bourbon- Lignièreé, leé Puyéégur, leé Gontaiit, leé Tardieu 
de Jialeyééie, leé Maupeou. 

BIDAULT DE LISLE : 

Armeé : d'azur à trois épis d'argent, 1, 2. 

Cette famille d'honorable magiétrature appartient a la meilleure et a la pliié 
honnête bourgeoiéie. On ne lui connaît aucun principe d'anobliééement, malgré leé 
armeé enregiétréeé, pour vingt livrée dix éolé, aprèé i6ç6. Le titre le plué authentique 
eét indiqué par Molière, en l'honneur de éon ami Pierre Bidault de l'Iéle, procureur. 

« Je sais un paysan qu'on appelait Gros-Pierre, 
Qui n'ajant pour tout bien qu'un quartier de terre 
Y fit tout à l'entour faire un fossé bourbeux 
Et de Monsieur de l'Isle prit le nom pompeux. » 

Un parchemin éigné Molière vaut un certificat éigné d'Hozier ou Chérin. 
Dcééiné de F. Lorioux. Jean de BONNEFON. 

244 




&.% 



LES PIEDS NU 



QU êtes-vous, pantoufle de menu vair, mule de Madame 
Parangon et vous qu'Aubrey Beardsley présente à la 
reine Vénus pour chausser ses pieds charmants, « souHers de 
peau de Suède grise et noire et brune, en soie blanche et en 
satin rose, en velours et en Florence... talons d'argent, 
d'ivoire et d'or, semelles en cuirs délicats parfumés de 
maréchale et doublures d'étoffes douces odorant l'essence 
de giroflée... » ? 

Les poètes et les amoureux vous ont 
trop célébrés, geôliers qui gardez en 
prison les pieds des belles, ces pieds 
menus dont la blancheur s'avive d'une 
veine azurée et d'un talon fardé, et dont 
les ongles peints brillent avec recon- 
naissance sous les pâtes et les parfums. 
Dans les vitrines de Cluny, brodés, 
gaufrés, dorés, les souliers font penser 
à des bouquets flétris ; on se rappelle 
le conte de Restif « le petit pié de 





245 




Fanchette ou le soulier couleur rose», on rêve 
de la pantoufle que perdit Cendrillon et de 
la sandale que le roi Psammetichus trouva dans 
son jardin. 

Il était charmant de découvrir sous le panier 
une mule microscopique, ou sous la crinoline 
une bottine mordorée ; maintenant il faut désirer 
le retour du cothurne lacé autour des jambes 
nues. Aux premières sensationnelles, nous 
avons déjà admiré les sandales portées 
par des élégantes audacieuses. Rien ne 
sied mieux à la plastique d'aujourd'hui. 
Pourquoi scrupuleusement ha- 
biller le pied quand on dénude 
généreusement les gorges et 
les hanches dans des robes 
molles et flottantes ? 

Dans les intérieurs mo- 
dernes, le pied nu est charmant; 

le talon éclate comme une pomme d'orange 

sur les sombres tapis semés de coussins en 

avalanche, le pied nu seulement habillé 

d'un cercle d'or ou d'un anneau de jade 

vert comme une tige ou rose comme un fard. 
L'été, j'aimerais voir sur la plage, 

sous quelque légère robe fleurie, des 

cothurnes de cuir rouge ou vert serrés 

haut sur la jambe par un ruban et, à 

l'heure du bain, des sandales fauves. 

Avec les robes d'apparat, je voudrais 

des chaussures féeriques : un maroquin doré 




246 




au petit fer comme une précieuse reliure, un cuir rose piqué 
de turquoises ou de graines de corail, du galuchat avec 
des fils de perles et des glands d'or et de soie. 

J'aimerais encore, sur le pied le plus pâle, un simple 
cordon cramoisi retenant une boucle qui serait un bijou. 

On remplacerait les talons par de hautes semelles d'ébène 
ou d'ivoire incrustées d'écaillé ou de nacre, dont la pointe 
recourbée avancerait comme une proue de galère, et serait à la 
fois un ornement et une protection. 

Ainsi, sous leurs aigrettes, balançant leurs robes paradi- 
siaques sur des chaussures de Sicyone ou de Sardes, nos 
dames pour- ^— ..^ ^^^^^* ^'^™^- 
giner les ^ [TT^w contempo- 
raines et les y/^ M \\i\ rivales de 
Cléopâtre / \ mN^ ou de la rei- 
ne de Saba _ . , _ 

George 

Dcd/uw [^ V^-^-Ov / ^ VI Barbier. 

^e L'auteur 




o 



i (Xh 





LE JEU DES MOTS 

E mardi-là, les abonnées de la Comédie-Française ne purent 
retenir un cri scandalisé lorsque la ravissante Mlle Trombinne 
apparut sur la scène. Quelle extraordinaire 
lubie avait inspiré à la jolie actrice une 
telle excentricité? Je vous le donne en 
mille: Mlle Trombinne portait des rouflaquettes] Et 
notez qu'elle jouait précisément un aristocratique per- 
sonnage d'archiduchesse dans une pièce du mieux pensant 
de nos académiciens. 

S'il ne se produisit qu'un léger 
murmure de chuchotements désappro- 
bateurs, il faut en reporter le mérite à 
la courtoisie d'une assistance recrutée 
dans les milieux où se conservent les 
dernières traditions de la politesse fran- 
çaise. Partout ailleurs, l'imprudente 

aurait été sifflée. Toutefois, la bonne douairière de Tem- 
poris-Acti, qui pourtant ne manque pas d'indulgence, ne 
put s'empêcher de déplorer avec mélancolie l'encanaillement 

248 







ces 



des mœurs présentes. Et la petite vicomtesse de 
Douzieux, qui partageait avec elle le devant de 
la loge, hocha la tète de manière approbative. 

Or, quelle ne fut pas la consternation de 
Texcellente douairière, lorsque à quelques 
semaines de là, présidant chez elle une 
séance des «Amis du bon vieux temps», 
elle vit entrer sa jeune amie ornée de deux 

superbes accroche-cœur qui 

venaient se recourber jusque 

sous ses yeux 1 

— Ahl fi, ma chère petite, s'écria-t-elle, 
choses-là... chez moi!... Quelle horreur! 

Mais la chère petite ne fut pas déconcertée. 

— Vous savez, répondit-elle, que tout le monde en 
porte à présent. 

Et comme Mme de Temporis-Acti protestait non 
sans mélancohe : 

— D'abord, poursuivit la vicomtesse, vous ignorez 
que Mlle Trombinne avait ses raisons pour se pré- 
senter ainsi ajustée. La pauvre fille avait été brûlée 
à la tempe par le fer à friser de son coiffeur. Il lui 

fallait bien dissimuler le dommage. Vous voyez donc que tout 
à I ceci procède d'un motif fort avouable. Mais le mieux, ma bonne 

J I amie, c'est qu'elle ne faisait que reprendre les coutumes de 

^ î ces arrière-grand'mères que vous admirez tant. Avez-vous 

g J jamais trouvé à redire sur ce qu'elles por- 

J I talent des mouches? Non, n'est-ce pas, et 

• J vous imitez volontiers leur exemple . Eh bien ! 

à F si elles se collaient de petits ronds de taffetas 

l j sur les joues et au coin des lèvres, c'était 

• F PO^r masquer les vilains dégâts occasionnés 

%©l^ par les bestioles piquantes qui pullulaient 

dans les pièces d'eau de Versailles. Nous 
avons trouvé, pour désigner ce que vous nommez sévère- 
ment "rouflaquettes" de petits vocables charmants: elles 
sont àes^uicheé ou des tanguinetted. Les "mouches " de nos an- 
cêtres auraient tout aussi bien pu s'appeler des moustiques. 




Dcééiné de E. Ayreé, 



Charles MULLER. 



ea. 




Juin. — ■ Ballets russes — ballets grecs — bals costumés, bal égyptien, 
bal des crinolines... La danse renaît, madame; et l'on nous dit le tango dans 
les choux, morte la maxixe, enterré le lulu-fado... A d'autres I on nous varie 
nos plaisirs, voilà tout. — Ainsi l'autre soir, à Reims, ils furent renouvelés 
des Grecs, comme le jeu de l'oie. Dans un beau jardin, sur un stade, des 
jeunes messieurs fort beaux, m'a-t-on dit, de jeunes dames non moins belles, 
des enfants qui le deviendront, mêlèrent agréablement la gymnastique à la 
danse, ce qui est tout un. Ils étaient nus, ou peu s'en faut. La lutte et la 
course, les chants et les pas alternèrent. Dethomas avait fait le peu de cos- 
tumes que la température rendait nécessaire — car tout de même, on n'est 
pas en Grèce, à quelques Saphos près ; — la musique était de M. Debussy, 
Jaulmes avait peint un vague décor; mais Dieu avait fait le reste, avec 
M. de Polignac : une belle nuit, lune et nuages, horizon de bois et riche 
nature. — Nous, cependant, affligé d'un rhume, buvions, mélancolique et 
omnubilé, loin de ces jeux, d'amères tisanes. — Ce double événement méritait 
d'être consigné ici avec d'autres choses éphémères. 



Des choses éphémères... ce sera, si vous le voulez bien, cette mode où 
l'on nous veut contraindre de nous promener le col nu. — ■ On voit, l'été sur 
les plages, des messieurs qui vont la gorge à tous vents. Foin! — Je tiens 
pour le col, vrai ou faux. ^- Que, si l'on nous dénude, ce soit tout entier. — 
Mais là. Monsieur V.rn. — avez-vous pour ça le ventre qu'il faut, en 
forme de lyre? 

— Beaux- Arts. Juin nous comble. Avez-vous lu le Séducteur? — un Hvre 
adorable. — Avez-vous vu au Louvre les collections de M. de Camondo -— 



25o 



au a mon doé?., comme disait cette jeune ballerine, qui n'avait point 
d'orthographe, mais beaucoup mieux? — Avez-vous entendu UOrfeo catala 
dont Gabriele d'Annunzio prétend que ce qui lui nuit, c'est oune aboué dé 
iiouaiiceé? — ■ Nous avons eu aussi les concours du Conservatoire, l'expé- 
dition Scott au cinématographe, qui rempKt de monde le théâtre Réjane, et 
Mme Réjane d'étonnement de voir son théâtre plein; nous avons eu la 
soirée Antoine ; une exposition d'insectes qui donnera de très bonnes idées 
aux modistes pour orner les chapeaux de nos belles de nuit ; nous avons eu 
le Derby, le grand steeple, le grand prix..., une exposition de Toulouse- 
Lautrec, — La Goulue, la Macarona, Miss May Bedford et son petit chat, 
Yvette Guilbert aux gants noirs, qu'êtes-vous devenues? 



Et puis, surtout, nous avons eu le match, le grand match — au 
Vel'd'Hiv' — Johnson et Moran. Fort beau spectacle, mais décevant, que 
le combat d'un blanc mal construit, et qui n'osait pas, contre une statue de 
bronze, un peu grasse. De temps en temps, la statue noire encaissait, ouvrait 
un large et bon sourire tout doré, et, si elle était bien touchée, elle applau- 
dissait. Irritation des Américaines emperlées. 

— Kiil hlm, Frank! 

A quoi les amis du nègre répondaient : 

— Go on y Jack! 

Et Jack go onait mollement. Mais fort beau spectacle tout de même, 
dis-je, à cause de la lumière crue et verte qui tombait sur le ring^ les boxeurs 
ruisselants, les épaules mates des femmes; à cause du public, faubourg et 
gratin, qui se trouvait là; à cause des dames toutes perles dehors, et quasi 
nues, "sous des déguisements fantasques"; à cause aussi de cet air cruel 
qu'elles ont toutes, et de leur satisfaction quand, d'un uppercut, le nègre 
ébranlait le blanc, ou de son gauche répété — miééy repetda placent! — il lui 
ouvrait l'œil. Byzance. . . ^ 

— Byzance. . . Maurice Rostand est à Paris. 
Eâhl 

Emile HENRIOT. 



^^^ 




202 




LE 
GOUT 



"Ç=^ V. 




FHEATRE 




LES BALLETS RUSSES 

ES Russes sont revenus et ils ne nous lassent pas encore. 
C'est peut-être qu'ils font beaucoup déraisonner. Des 
admirateurs indiscrets n ont-ils pas prétendu qu en même 
temps qu'ils nous révélaient des musiques et des visions 
surprenantes, ils nous rapportaient l'art perdu des fêtes 
classiques ? Quelle folie ! Ou quelle imprudence ! Le ballet 
russe n'offre guère qu'une ressemblance avec les ballets 
français du temps de LuUi et de Rameau, c'est l'unité d'intention, la 
coopération étroite et mutuelle de la danse, du décor et de la musique, 
la création, avec chaque œuvre nouvelle, d'un appareil fait pour elle et 
inventé à nouveaux frais. Mais, avec cette analogie de méthode, quelle 
différence criante dans la matière et le travail. 

Rien n'est plus parfaitement étranger à notre tradition que ces éclats 
violents, ces danses frénétiques et intenses, cette candeur instinctive, cette 
rantaisie démesurée. La discordance est même si brutale qu'on s'étonnerait 
de la faveur tenace qu'obtiennent chez nous les gens de là-bas, si le sens de 
tradition était notre seule inclination vive. La vérité simple est que les Russes 
nous charment parce qu'ils nous troublent. Ils sont le peuple jeune accueilli 
dans la vieille cité, la belle étrangère tombée dans la vie familiale. Et çeuST ^:"T 
d'entre nous qui les préfèrent sont les plus raffinés et les plus las. y^J^l^ % 

253 





iri -èmi. 



C'est à l'Opéra qu'ils donnaient audience cette année, et M. Fokine a plu, 
après M. Nijinsky, par des moyens dramatiques d'un ordre plus élevé. Mais 
pourquoi nous donner chaque année un Fétrouchka semblable à lui-même et 
une Schéhérazade moins réussie ? 

Quant aux œuvres nouvelles qui ont suscité tant de controverses, il faut 
les distinguer grandement des ballets d'autrefois. Je ne veux parler ni du 
charmant Papillon où M. Fokine a continué la tradition du Carnaval, ni de 
jfîldad, dont les costumes moins heureux que les créations ordinaires de 
M. Bakst rappellent les enluminures de Saint-Sulpice ou les tableaux de 
Bœcklin. Je pense au Kodslgnol et à l'étonnant Coq d'or. 

Il s'agit cette fois d'opéras-baUets 
d'une espèce particulière où tous les per- 
sonnages sont doublement incarnés par des 
mimes muets et par des chanteurs immo- 
biles. Que ces chanteurs massés de chaque 
côté de la scène — comme deux rameaux 
issus de l'orchestre dont ils sont eux aussi 
des instruments — prêtent la beauté de 
leur voix et l'expression de leur chant au 
réprésentant plastique du personnage, il 
y a là un procédé qui déconcerte sans 
doute, mais un complément certain de sa- 
tisfaction. 

M. Alexandre Benois a dessiné, pour 
le Rodàlgnol, des décors et des costumes 
qui font sentir finement la différence de 
l'art japonais et de l'art chinois. Pour le 




264 



Coq d'or, Mlle Nathalie Gontcharova, futuriste russe pleine d'humour, a 
composé des images populaires russes brutalement coloriées et animées par 
l'imagination la plus inventive et la plus cocasse. La mise en scène 
abonde en trouvailles comiques : les hommes qui courent comme des 
jouets mécaniques, le cheval du roi, si haut que, pour y monter, on doit se 
servir d'une échelle, le grand lion rieur du rideau de scène. .. Vous le voyez bien, 
les Russes sont des enfants qui jouent et leurs jeux ne sont pas les nôtres. 

Quant à la Légende de Joéeph, s'il faut vanter l'art véhément et généreux 
de M. Richard Strauss, qui fut le musicien, et l'ingéniosité somptueuse de 
M. J.-M. Sert, qui fut le décorateur, je 
suis moins tranquille sur la tendance que 
dénonce ce ballet philosophique. Car il 
n'est pas vrai que la chorégraphie exprime 
tout et suiBse à tout. Joseph et sa danse 
pure représentent l'ingénuité et la foi, les 
courtisanes et la femme de Putiphar, avec 
leurs costumes lourds et coloriés, expri- 
ment la sensualité lourde et impure, je 
le veux bien. 

N'allons pas plus loin et n'imagi- 
nons pas que chacun des pas de Joseph 
puisse traduire un des moments de son 
évolution, et que la moindre nuance de 
mysticisme puisse être exprimée par un 
saut ou par un mouvement de bras. 
L'Allemagne, avec MM. Hofmanstahl et 
Kessler, aurait ioi fait de perdre le ballet 




255 




russe. Un excès d'intentions abstraites et la lourdeur alambiquée d'un 
symbolisme confus étoufferaient bien vite cet art raffiné, mais avant tout 
ingénu et candide. Ils ont gàié jusqu'à leur interprète. M. Miassine, le beau 
pâtre élu de Dieu, reste un peu empêtré dans sa mystique et aucun de ses 
bonds, pleins de pensée il est vrai, ne vaut l'immatérialité paradoxale et 
profane du saut de M. Nijinsky... Et quand nous sortirons de ces fêtes 
asiatiques, pour que la transition ne soit pas trop rude, un tout petit café, 
l'Orientai, nous permettra de nous rafraîchir sans sacrilège. Entourés par des 
murs doucement dorés, éclairés par de délicats abat-jour jaunes à glands 
noirs qui dispersent une lumière apaisante, nous nous assiérons sur des 
chaises de bois rouge à coussins violets, devant des tables rouges; et nous 
rêverons en regardant, fixé à la fresque du mur, le « Baiser de la Sultane », 
de Schéhérazade peut-être... Tout cela grâce à M. Marty et à M. Guénot 
qui ont, pour ménager nos nerfs et prolonger notre émotion, peint, 
meublé, éclairé ce petit salon des Mille et une Nuits. 



Deééliià d'André E.- Marty. 



Lise-Léon BLUM. 






LES POUPON 





C:24: LS redeviennent à la mode. 
^ Ne haussez pas l'épaule, 
ils ne l'ont pas toujours 
^-j^A été. Au théâtre, l'héroïne 
^ >^^ n'avait qu'un enfant quand 

elle en avait, et un roman 
qui a fait date s'intitulait : <^ Mon/œur, 
Madame et Bébé. » Pendant une longue 
période, le poupon est resté dans la cou- 
lisse , il ne se portait plus, si j'ose 
m'exprimer ainsi. Les ménages n'en désiraient qu'un afin 
de le voir plus heureux, déclaraient-ils, et trop de femmes 
n'en désiraient pas du tout. Calcul d'égoïsme et de fausse 
élégance auquel la réahté donne le plus éclatant démenti, 
comme du reste à presque tous les calculs humains, le trop 
prévoir apportant souvent plus de mécomptes 
que le pas prévoir du tout. Ainsi l'enfant 
unique, trop gâté, trop isolé, devient rare- 
ment l'être unique que l'on rêvait, et celle qui 
n'en voulait point ne garde pas l'éter- 
nelle jeunesse, bien au contraire. Le 
Dieu d'Israël, qui malgré ses exagé- 
rations était presque toujours dans 
le vrai, faisait bien ce qu'il faisait 
en infligeant la stérilité comme une 
pénitence; il savait qu'en en frappant 
la femme, il la séchait jusque dans son 
caractère, qu'il rendait sa maison 




^y. 



167 





triste et sa vie sans but. Le Dieu des 
chrétiens est, en termes moins virulents, 
exactement du même avis ; il nous Ta fait 
connaître par la bouche d'un de ses élus : 
Victor Hugo, sur ce sujet, a chanté un 
de ses plus beaux poèmes. La maison 
sans enfants, quelle tristesse ! Ce n'est 
pas que les chers petits ne la remplissent 
que de joyeux gazouillis, ainsi que le dit 
le poète; le plus souvent ils n'y font 

entendre que des cris de colère ou 
de violentes protestations; mais ils 
y mettent surtout ce quelque chose d'ad- 
mirable qui s'appelle la vie, que les 
femmes sont faites pour continuer, et 
auquel pas une n'a le droit de se sous- 
traire. La maternité équivaut au devoir 
mihtaire, et il y a autant d'inélégance 
à déserter l'une que l'autre. Vous devez 
donc, Mesdames, faire votre service dans 
l'active, quelquefois dans la réserve, et, quand le 
malheur veut que vous soyez réformées, n en pas être plus 
fières que ne le sont en pareil cas ces Mes- 
sieurs. D'ailleurs, vous êtes privilégiées, un 
bébé donnant infiniment plus d'agrément 
que la théorie ou le maniement d'armes. C'est 
une si adorable chose qu'un tout petit enfant! 
ses mains se tendent vers vous avec tant de 
confiance, ses yeux ingénus vous con- 
templent avec tant d'amour! Vous êtes tout 
pour lui: la divinité redoutable qui rend la 




iS8 



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(^Jff 



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>\ 



justice immédiate et sans appel, l'être 
surhumain qui apaise la faim avec la 
bonne soupe, les pleurs avec le beau 
joujou, ce qui câline, ce qui apaise... 
Que celles qui ont soif d'amour soient 
des mères fécondes, elles ne seront 
jamais tant chéries que par un tout petit 
enfant. Qu'elles profitent de lui et en 
jouissent comme on doit profiter de l'heure heureuse 
qui passe trop vite. Ce n'est que tout petit que 
l'enfant est à elles exclusivement; plus tard il sera 
à des obhgations, à des plaisirs, à d'autres êtres... Ce 

n'est que plus tard aussi qu'il 
montrera son vrai caractère, 
que peut-être vous retrou- 
verez en lui ce grand-père 
si avare, cette arrière 
tante célèbre par 
sa coquetterie, la 
mère de votre mari 

dont l'autorité était redoutable... La 
mère s apercevra alors avec stupeur 
qu'elle n'a été qu'un bon terrain 
dans lequel a germé une graine mys- 
térieuse, et que les enfants de son 
corps ne sont pas toujours ceux de son cœur. Mais, 
quand ils sont tout petits, elle ne sait pas encore, elle se 
penche sur le berceau qui, avec le léger sommeil, abrite 
tous les rêves et toutes les illusions. L'avenir, l'espoir, 
cest ce que représente ce tout mignon bambin trottinant 
maladroitement dans le vaste appartement qu'il anime d'une 




i^ 



y 



269 



autre vie que les animaux qu'il a été de bon goût d'y avoir 
Pour une fois, la mode n'est pas paradoxale; chose inusitée 
elle est même d'accord avec les graves sociologues qui, en vous 
demandant un devoir, vous aident à être au ton. Indice cer- 
tain, ce sont les enfants qui, cet hiver, ont fait florès au théâtre. 
« Mon Bébé » y a connu le maximum; les petits bonshommes 
des Folies-Bergère faisaient un tort considérable aux belles 
filles qui les entouraient, et je ne voudrais pas inquiéter 
Monsieur Guitry, mais entre nous, Mlle Carlia a eu beau- 
coup plus de succès que lui. 

Vous voyez donc. Mesdames, ce qui vous reste à faire : 
vous mettre au niveau de la loi de trois ans ; en restant dans 
les chilfres inférieurs vous manquez de déhcatesse. Et puis, 
dites-vous que les cerisiers n'en sont pas moins beaux parce 
qu'ils portent beaucoup de cerises, et que les rosiers ne 
s'enlaidissent pas à être chargés de fleurs, bien au contraire. 
Vous vous apercevrez bien vite que s'occuper d'un poupon 
est plus amusant que s'intéresser à un toutou, et que la 
Mère Gigogne est, à tout prendre, un personnage infiniment 
moins ridicule et beau- coup plus sym- 

pathique que celui de ^^^-^ la Mère Michel. 



Deddind de ..(j 

BoreUi- Vraïuka. 




Sylviac. 






Ue. Oonsianim viiiys à JLongiii 

E carnaval n'est plus, comme jadis, la saison des travestis- 
sements, des bals parés et masqués. Le monde ne se décide 
à organiser des fêtes de ce genre qu'après avoir épuisé, 
semble-t-il, la somme de ses autres passe-temps favoris. La 
première de ces réunions qui émaillent une saison et lui 
laissent même leur nom par la suite, fut celle donnée par la 
duchesse de Gramont, et à laquelle les dames étaient priées 
de se rendre en costume à crinoline. 

Deux générations, à peine, nous séparent de celle qui vit les femmes 
avancer avec ces amples jupes, ces hanches ballonnées, drapées, garnies, 
comme le ciel d un lit et, pourtant, lorsque nous feuilletons les lavis de 
Constantin Ghys, les gravures de modes de cette époque, déjà si jaunies, 
eUes nous paraissent d'un temps plus ancien que celui des justaucorps, de la 
fraise ou du vertugadin 1 Nos juvéniles contemporains ont peine à se figurer 
que leurs grand'mères aient pu paraître ainsi affublées. Mais, lorsque des 
créatures animées revêtent les atours d'autrefois, leur prêtent la jeunesse, 
a grâce, la vivacité et les dons qui sont leur apanage, nous nous aper- 
cevons que la proportion des garnitures et l'ampleur des jupes, peuvent 
donner le change sur le physique d'une femme, mais ne lui enlèvent rien de 
sa séduction. 



2bi 




Si 



Mme de Gramont n'avait pas voulu im- 
poser aux hommes l'ennui de se costumer* 
l'habit de couleur et même l'habit noir leur 
étaient permis, à défaut de costumes allant 
de i83o à 1870. 

Les dames de la cour des Tuileries 
qu'Eugène Lami et Ghys ont silhouettées, 
celles des fêtes de Compiègne eussent certai- 
nement souri de bien des accoutrements que 
nous supposions des plus purs au bal de la 
duchesse de Gramont. La coiffure est parti- 
culièrement impossible à rendre. Il faut des 
postiches, que les coiffeurs ne savent plus exé- 
cuter comme leurs grands-pères les exécutaient; 
les ingrédients en apparence les moins néces- 
saires ne sont plus les mêmes et l'ensemble 
de ces riens compose des erreurs totales. 
La crinoline ne devait point faciliter les rapprochements dans la vie 
intime, ni d'ailleurs aucun des mouvements de la femme dans l'existence. Les 
dames du bal Gramont semblaient un peu gênées, mais, avec l'admirable 
aisance de la femme, elles s'y acclimatèrent bientôt et rien ne serait moins 
étonnant que de les voir avant peu quitter les robes entravées pour de plus 
vastes juponnages. 

Le quadrille qui ouvrit le bal, avec S.A.R. 
l'Infante Eulahe, la comtesse Jean de Castellane, 
la princesse Murât, la marquise de Ganay, 
accompagnées du grand-duc Dimitri, du prince 
Antoine d'Orléans-Bragance, du comte de Cas- 
tellane et du comte Louis René de Gramont, 
par sa pompe surannée, la politesse oubliée de 
ses courbettes, saints, révérences, etc.. nous 
reportait fort loin du tango et de la trémoutarde. 
Amsi, moins de cinquante années ont suffi pour 
transfigurer complètement les mœurs dans une 
société qui cependant se pique — et parfois assez 
justement — de demeurer fidèle à ses habitudes. 
Ce bal, par tout ce qu'il évoquait d'irré- 
médiable, de révolu, de tout près de nous encore 
et de déjà loin, infiniment, ce bal avait sa mé- 




lancoHe. Le visage des jeunes femmes semblait se montrer 
et sourire au milieu d'un ovale découpé dans un portrait 
de leur grand'mère... On pensait au bal de robed entravées 
que la petite-fille de Mme de Gramont offrira peut-être 
à ses amiçs, vers 1964... 

La comtesse de Chabrillan, qui remit à la mode ces 
grands bals costumés, avec celui des Mille et une Nuits 
qu'elle donna en 1912, a voulu, cette année, offrir 
un spectacle tout différent de celui de Tannée der- 
nière, qui était blanc et noir — pour obéir ou plutôt 
pour donner l'essor à un penchant pour le noir et 
le blanc dont on a bien abusé depuis. — Elle 
choisit dans l'œuvre de Musset la moins connue 
de ses œuvres de jeunesse, la Nuit {vénitienne, qui 
permettait de faire voisiner le domaine de la littérature 
avec ceux du chant et de la danse, grâce aux intermèdes 
que, suivant pour ainsi dire l'indication de Musset dans 
le ie:Kie, elle put y intercaler. Sur un décor dont M. Maxime Dethomas 
avait exécuté la maquette et surveillé l'exécution : une perspective de canal 
s'enfonçant sous l'arche d'un pont de briques fauves, décor éclairé savamment 
d'une fluide lumière bleue de nuit lunaire, puis dans le cadre d'une terrasse 
fleurie de lauriers-roses, de rosiers et illuminée de lanternes, la comédie 




amoureuse et dramatique de 
versée de dominos aux masques 




Musset se joua, tra- 
blancs surmontés du 
tricorne noir, et de 
personnages qui pa- 
raissaient détachés des 
toiles de Longhi. 

La comédie ita- 
lienne, représentée par la du- 
chesse de Gramont et le baron 
A. d'Etchegoyen : colombine 
et arlequin; les danses de 
l'époque, interprétées par la 
comtesse des Isnards, le comte 
Guy de Gontaut et M. André 
de Fouquières; la fantaisie, 
représentée par une danse 
de la comtesse de Lubersac 



63 



figurant une danseuse de verre de Venise, pas et groupes réglés par le 
maître de ballet Staats et Mme Cernusco, composèrent un ensemble digne du 
salon où il fut donné et de l'assemblée qui l'applaudit. 

Le comte Henri de Mun, dans le rôle de Razetta, pour lequel il s'était 
fait, avec une surprenante exactitude, la ièie du poète des Nuité, le baron 
Despatys, le baron Karl Reille, le vicomte de la Tour du Pin, le prince de 
Croy, M. Albert Flament, qui avait réglé et organisé cette représentation, 
composèrent une troupe d'amateurs dont l'inexpérience et le talent se balan- 
çaient heureusement et au miKeu de laquelle brilla Mlle Falconetti, jeune 
étoile du Conservatoire. 

Tous les plaisirs du monde ne sont pas exclusivement vains et dansants; 
on y peut danser en collaborant à un spectacle délicieux et rare. Les ama- 
teurs sont arrivés à un point de perfection tout à fait curieux : Mme de Cha- 
brillan, dont l'originalité consiste, semble-t-il, à réussir chaque année une 
fête qui ne ressemble jamais à ce qu'elle put offrir précédemment, et qui est 
aussitôt imitée, d'ailleurs, Mme de Chabrillan et la duchesse de Gramont 
doivent sourire en pensant aux nombreuses crinolines et à toutes les véni- 
tienneries que nous allons voir surgir jusqu'à... juin prochain 1 



Deéàinà de Bernard Boulet de jfIoni>eL 
et de George Barbier. 



F. DE Cange. 





AU HASARD... 



jr A musique est, en ce moment, une très curieuse chose à suivre. Il s'y 
Lj mêle tant d'éléments jadis plus éloignés d'elle, que l'idée me vient qu'il 
n'est guère nécessaire aujourd'hui d'être tellement musicien pour la 
comprendre sinon ouvert à la pensée et aux impressions artistiques. 

Dans le Chemller à la Roée, soirée de fantasmagorie, Strauss peint 
autour d'anciennes valses tout un arc-en-ciel de couleurs : histoire de vieille 
femme qui aime un jeune homme. Le page cependant préfère la cousine de 
son âge. Puis cette rêvasserie se termine par le petit nègre qui vient, corps 
de melon, jambes menues, chercher sur la scène délaissée et sombre un 
mouchoir perdu. Est-ce la musique, luisante comme une bulle de savon, ou 
cette fin rappelant une estampe japonaise qui nous charme davantage? 

Dans Y Ariane a Naxod, différentes pièces et différents genres de musique 
en un seul cadre rappeUent ces jeux d'enfants multipHables, faits néanmoins 
pour tenir l'un dans l'autre. 

La nouvelle Feét Ouverture du même maître donne, en dehors de ses 
quahtés musicales, une inoubhable, une immense impression architecturale. 

Oui, tout cela n'est possible qu'à un génie musical. Pourtant c'est 
quelque chose de plus que des harmonies ou même des désharmonies Dans 
le Sacre du Prlntempé, de Stravinsky, c'est la nature qui nous parle son langage 
à elle, les thèmes sont en partie copiés avec une fidélité d'appareil photo- 
graphique sur ce que chacun de nous pourrait entendre si nous y prêtions un 
peu d'attention. Et cela nous étonne, nous déroute, pauvres citadins égarés 
dans la nature : des sons, d'abord discordants et incertains, annoncent le 
printemps qui revient. Lentement il se dégage des bras puissants d'un hiver 
de Russie. Une lutte d'abord peureuse et irrésolue, puis il prend conscience 
de sa force de soleil et de joie, et l'orchestre se rassemble vers une 
subHme beauté. 

Ce n'est pas uniquement un problème musical, je le répète, c'est toute 
une philosophie. Cela touche au plus profond de notre être, à des secrets 
peut-être inexprimables par des mots. Le Sacre du Prlntempé est une œuvre 
de foi. Allons-nous y croire? 

Téresita de OSA. 




^Xf$X©X©X©X©X@Xi§M!|^X!©X!§X©M©X©' 



X LA MODE ET LE BON TON X 
#X©^©Xf$X@X#X®X©X®X!§X©^@Ki 





ATTANT de toutes ses 
ailes dans un efiFort su- 
prême, comme pour en 
appeler aux Divinités 
qui ont fixé son arrêt 
de mort, la cape ago- 
nise. Le mal qui l'em- 
porte est de ceux qui 
durent puisqu'il est le mal de la vulga- 
rité ! . . . Aussi sommes-nous menacés de 
voir errer pendant des temps infinis, sur 
des épaules misérables ou trop plantu- 
reuses, cette parure exquise qui fut celle 
des preux chevaliers, et que nous reprîmes 
avec tant de grâce par ce printemps 
de 1914. 

TAILLEE dans un ancien manteau, ce 
n est qu'un spectre de cape que promène, 
étriquée, la petite ouvrière en mal de Mode ; 
c'est la cape encore, poussée au paroxysme 
de l'ampleur et de la couleur, que la trop 
grosse sous-préfète de Fouilly-sur-Y.. ar- 
bore au Bois, en peluche rouge, comme les 
rideaux de Mme Prudence. 

JE vous le dis, quelque amour que nous 
ayons pour la cape et quoique en un coin 
de la garde-robe nous gardions tendrement 
l'une d'elles, pour quelle occasion? nous 
n'en savons rien, malgré cet amour et la 
commodité que nous lui reconnaissons. 



nous ne pourrons plus, d'ici peu, porter la 
cape (si nous sommes une femme chic). 

l%TOUS la remplacerons parle saute-en- 
barque de i855, ample, court et 
flottant, fichant le camp des épaules, 
où le retient à grand'peine une cravate de 
taffetas noir à pans brodés enserrant le cou. 

En toutes cou- 
leurs, de serge ou 
de grosse soie sui- 
vant les circons- 
tances, doublé ou 
non, le saute-en- 
barque sera le der- 
nier mot du chic. 

]Q)ES volants, 
nous en au- 
rons jusque par- 
dessus les yeux, 
petits et grands, 
plissés ou déplis- 
sés, évasant la jupe 
du bas ou, au con- 
traire, la bridant 
comme une culotte 
plissée, jamais nous 
ne choisirons mieux 
le moment de porter 
des volants, si nous 




i66 



les aimons. Par les riants jours d'été, en 
linon blanc ou rose, voyez-vous rien de 
plus vaporeux et frais qu'une robe de 
mousseline à trois volants festonnés avec 
corsage à fichu ? 



T 



OUT l'été et tout l'automne nous revi- 
vrons l'époque simple et candide des 
héroïnes de Balzac ; il n'est pas jusqu'au 
cabriolet que nous leur 
reprendrons avec le 
châle que, pour con- 
tenter notre goût d'ori- 
ginalité, nous porterons 
en soie noire brodée 
d'une guirlande de lau- 
riers ou de chêne d'ar- 
gent. Par les rubans, 
encore, que nous re- 
trouvons sur tout et 
partout et qui sont cette 
année en plein triom- 
phe nous revivons 
cette jolie époque. 

T ES petits costumes 
Norfolk k ceinture 
de paille ou de spar- 
terie seront en toile 
ou en flanelle rayées 
de couleurs vives sur 
fond blanc, mais dès 
a présent ces costumes auront leur jupe 
faite d'un seul grand plissé très court, 
car c est là le signe le plus caractéristique 
de l'année, nos jupes devront être, pour 
être chic, extrêmement courtes. 

^^USSI, combien jolies les robes très 

habillées qui ont des jupes de tulle 

superposées et bordées d'une petite ruche, 

posée sur un fond de soie étroit comme un 




tuyau et court, bien 
au-dessus de la che- 
ville... Il semble, en 
les voyant, que telle, 
ainsi vêtue n'attend 
plus que le maître 
à danser! 

T E chapeau aux 
grandes ailes 
plates ondule poé- 
tiquement sur la 
plupart des visages, 
si simple, si peu 
chargé, à peine pi- 
qué d'une fleur, sym- 
bole reposant de la 
fatigue imaginative 
de la dernière sai- 
son... sans doute. 




I E plus en plus lâ- 
ches, les gants 
restent longs même avec les manches très 
longues; de plus en plus petits, les souliers 
se renouvellent avec chaque heure du jour, 
et ils sont tous plus nouveaux, plus char- 
mants, plus prétentieux les uns que les au- 
tres. Plus spirituels aussi pour certaines, 
ils peuvent être une revanche, et dans les 
petits pieds agités nons retrouverons ce 
qu'en vain nous cherchions dans leur physio- 
nomie ! 

Du maquillage ? Toujours, plus que ja- 



mais. 



Des voilettes? Seulement les jours de 
soleil, longues et flottantes, en gaze de 
couleurs violentes, ce qui avec le saute- 
en-barque sera d'une évocation a faire 
tressaillir l'âme de Barbey d'Aurevilly. 



NADA. 



Deéélnd de U Auteur 



^#^ 



EXPLICATION DES PLANCHES 

PI. 62 . — Cdk robe, pour k jardin, se compose d'un fourreau drapé de crêpe de Chine et 
d'une crinoline ïaiîonnée à ifolanls de tuUe. 

PL 6Z. — Hobe pour le casino. La lunique, en tulle, est bordée de fourrure; la jupe, 
drapée, est en charmeuse et la cuirasse, formant corsage, en jais. 

PI. 64. — Madame Tamar Karsai)ina dans ''le Coq d'Or" de lZimsky-Horsako% 
costumes et décors de Nathalie GontcbaroiDa, qui -Oient d'être donné, par la troupe russe, à l' Opéra, 

PL 65. — Scène de la Légende de Joseph, ballet donné à l'Opéra par la troupe russe, 
sur la musique de Richard Strauss, a-Oec les costumes de Bakst et dans les décors de J.-M. Serf. 

4- 

PL 66. — Ce costume de nourrice est tiré des habillements des paysans dalmates. La robe 
est en bure bordée et garnie d'un galon de laine, et la chemise en toile écrue. 

PI. 67. — tZobe de Paul Poire t interprétée par le peintre Boussmgault. 

4- 

PL 68. — La jupe et le grand ifolant de ce costume tailleur de "Worth sont en serge bleue. 
La tunique est en taffetas; l'effet de gilet et le col .sont en piqué blanc. 

4* 

PL 69. — De Chéruit cette robe du soir en tulle noir bordée et garnie de smge. 

PL 70. — Robe d'été de Dœuillet. Le fond est en tulle noir recoui^ert par deux isolants 
de tulle incrustés de broderie. Le corsage, en tulle et broderie, est retenu dans une ceinture rose 
de Chine. 

4* 

PI- 71 • — ^<'ll<^ robe d'après-midi de Douce t se compose d'une double Jupe à empiècement 
formant redingote, en taffetas bleu et d'une haute collerette froncée, également en taffetas bleu. 
Le corsage et la jupe sont en tiberty blanc. 

4- 

PL 72 — Yoici deux robes d'été de Jeanne Lanifin. La robe de jeune fille est en linon 
blanc brodé de soutaches, ai)ec une ceinture perlée sur taffetas. La robe de fillette est en crêpe de 
Chine bleu et en serge blanche, aHec une petite broderie bleue. 

tmp. G. Kadar. Lucien Yogeh Directeur-Gérant. 




PIRE.. 



Robe de parc 




SUÎS4E BELLE CE SOIR? 



.ote pour le casino 



n 



n7 /:. 




LA LEGENDE DE JOSEPH 

ocèîie dlu II acte 




Jc^Z^tn-^IE: 



LA TENDRE NOURRICE 



!~ 




a 



f 



jis 



LA ROBE BLANCHE 

.obe Je Paul Poîreé selon BoussingaTLilé 




LE PAYSAGE ROMANTIQL^E 

l^ostume tailleur de Wortli 




RIEN QU'U 



âGE 



.obe du soir de Oliéruit 



il 



Tuille^Q^^^^^P 




LE CYPRES ET LA ROSE 

Rote d'été de Dœuillet 



/ 



GM H„ D,.„ ^^■■■ y. 



fuaiet ifii4. - PI- 70 




L CHAPEAU FAUT-IL METTRE? 

jK.oi3e a après'=^23iiaî de Doucet • 




VIVE SAINT-CYRÎ 

.olbes a été de Teaniie Lanvin 



jl^f^ du Bon Ton. — r^- y 



Juillet 1914- — ^'' 72 



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A huitième livraison de la deuxième année de 
la " Gazette du Bon Ton " était sous presse 
quand éclata la grande Guerre. Ce fut un 
vide soudain, un arrêt complet de toutes les 
activités. Nous dûmes subir le sort commun. 
n quelques heures, la plupart de nos collaborateurs avaient 
'•ejomt leurs postes. 



Copyright June jpij by Lucien Vogel, Farté. 



Depuis cette époque, nous ne songeâmes point à 
reprendre la publication de notre Gazette. Pendant quelques 
mois, personne n'eut d'autre souci que celui du front. Et 
cela n'était certes point sans grandeur. 

Mais lorsqu'il fut avéré que la France, échappant au 
plus grand des périls, marchait vers la victoire certaine 
alors renaquirent quelques-unes des préoccupations qui nous 
étaient les plus familières. La coquetterie des femmes 
ébaucha son délicieux sourire. La '' Gazette du Bon Ton" 
n'était point sans observer cette résurrection déhcate. Pour 
reprendre son cours interrompu, seule, une occasion lui 
manquait, mais qui se présenta bientôt sous la forme la 
plus heureuse : la participation officielle des grands couturiers 
parisiens à l'Exposition Internationale de San Francisco. 
Du moment que les maîtres de la Mode affirmaient 
ainsi leur intention de ne point abdiquer, du moment qu'il 
leur paraissait opportun de manifester auprès de nos amis 
d'Outre- Atlantique la persistance de notre bon goût, nous 
n'avions plus à hésiter nous-mêmes. Et ce double numéro, 
qui leur est consacré, a également pour but de montrer ce 
que la France a fait et ce qu'elle peut faire dans ce sens, 
malgré l'inopportunité apparente des circonstances. 

Ce n est pas une des moindres curiosités de ces temps 
extraordinaires que de voir une capitale (dont les armées 
ennemies avaient si prétentieusement décrété l'investissement 
et la rume), continuer à dicter de par le monde, en pleine 
effervescence guerrière, les pacifiques décrets de l'élégance. 
C est en cela que consiste, à notre avis, la signification 
de l'effort accompH par nos couturiers à l'Exposition de 
San Francisco. 

On pourra, en feuilletant ces pages, se rendre compte 



de ce qu'à pu réaliser le goût français pendant la guerre 
de 1914-191^- Ceux qui ont encore dans les yeux les 
silhouettes à la mode le printemps et Tété dernier seront 
surpris de la difiérence. Ce je ne sais quoi d'agressif, de 
criard, que nous laissions passer par une sorte d'indulgence 
indifférente, a enfin disparu. Et nous nous retrouvons dans 
une atmosphère plus discrète, et tout à fait française. 

Mais cette différence, pour nette qu'elle soit, ne signifie 
pas une rupture complète de notre tradition de la mode. 
Comme on s'en rendra compte au contraire en feuilletant ce 
numéro, il s'agit surtout d'une réforme dans l'accessoire. Nous 
avons élagué tout ce qui, en se surajoutant à la ligne pri- 
mitive, en altérait le contour délicat. Mais cette ligne 
sacrée persiste. Ainsi nous avons sauvé ce qui méritait 
d'être sauvé, c'est-à-dire la pureté du galbe, dogme primor- 
dial de l'élégance. 

Nos abonnés s'apercevront que ce numéro diffère légè- 
rement des précédents. Mais ils se rendront compte des 
difficultés que nous avons eues à surmonter en pensant aux 
vides creusés par la mobilisation dans un journal dont tous 
les collaborateurs, tant rédacteurs qu'artistes, sont de jeunes 
nommes. Cette sobriété, ce n'est point seulement la 
nécessite qui nous y a contraint, le bon goût nous en aurait 
tait un devoir. Après avoir été le miroir complaisant de la 
frivolité de naguères, il convenait que notre Gazette fût 
rexpression de la gravité actuelle. 

Ce fascicule, numéroté 8 et 9 (été 1916) viendra se relier 
a la suite du numéro 7 de l'année 1914 et sera complété par 
es numéros 10, 11 et 12 pour former un volume 1914-1916. 

La Rédaction. 









CEPENDANT qu une partie du sol fran- 
çais est encore occupée par len- 
vanisseur^ Jraris reste toujours le Paris 
au Jjon (jroût et Je la JVLoae. 

JVjLalgré les glorieuses épreuves oe la 
(aruerre;, afin quil conserve sa place 
accoutumée dans toutes les Expositions, 
les grandes maisons de couture suivantes 
ont envoyé à oan xrancisco leurs créations 
les plus nouvelles. 

Béer ♦ Callot * Ckeruit ^ Dœuillet 
Uoucet ^ Jenny ^ Jeanne Lanvin 
Martial & Armand ^ Paquin ♦ Premet 

Wortk 




Lâd moBèUà deé Couturierà dont groupée à L'Exposition éoué leô tilreà: 

Vichy - Longchamp - La Côte d'Azur. 
Nouà Leé avoné reproduite danà noé planches horà-texte éoué la 
même dééig nation, 

^ '^ ' I ■■ u ^MM.J s :i 1. 1,1,, Ml. PI,,,., , ï \ 



r^^:sp!^ 



====^Ï^^ÎH[^^ 






■^f*"/^rrrYYyrYYyYVYY 













yyyyyyyyyyyyyyÎ\ 






^H(^-< 



iJ COUTUME DE PARIS 









^ j)rintempd de ic^ij^ comme chaque années^, la mode 
edt apparue en FranccJ), malgré Led hadardd de 
La ^uerrej?. 

De ijg2 à 181 j, jyendaiit la série ded Immen^ed 
confllU sudcltéd j)ar l'esprit de^ encyclopédldteéU, 
j)ar l'exemple de Franklltu, de W^a^hln^to/Lj, de LafayettcJ), j)ar 
l'audace de la Résolution et l'élan de sed armées, Parld na-t-ll 
J)a^j de memtJ, eu sed raffinementd et sed modcèu ? Il en subdldte 
tant de ^ramrcd amudante^^ Indplratrlce^, hier encore^ ^ de nod coutu- 
neréu, un siècle apréd Valmy, JV^a^ram et W^aterloo. 

i^n efeu^, la mode cedt l'art d'é^oquer^ sur un corpd de 
miple créaturcjy, touted led rlcheddcd de la planetcJ, led j)lerrerled 
oc sed mincéu^ led lalned de sed troupeaux^ ^ led tfourrured de sed 
o-auH(b, led soled de sed chenilles, led llnd et led cotond de ses 
Jtante^^ led jyluma^cd de sed oldeaux^^ led j)erled de sed mer^j. Sur 
^ne belle Jemme heureudement j)aréej>y toute la terre se rédumej?. 
l^lJnwerd et Vénud sépoudenUj. Ild brillent endemblcJ). Selon 
^^pnt d'une jendée su^^edtwes>, chaque année le ^out de Parld 




*^ 




se j)rononceJ>, comme il se j)rononçalt aux xvw et xviii^ slecleé 
déjà, cjuand Led marchander de « ^randr habltd » s'en furent à 
jjiodcou derrière le retour de Pierre le Grand j)our étonner Ué 
épouded de boyards, j)Our led com^ertir à L'esprit qui rendit Catherine II 
amie de Diderot^, de FalconneUj, de jKiranda, de la jyenM un'wer- 
dellei:>, de l'art finj, de l'action mondiale qu'engendra l'encyclopédics>, 
Ai>ec leurd bonnetd de tulle, nod Paméla ont coiffé ler têted et lu 
intelligences ded nations. Notre midinette ne saurait Jaillir à la 
tradition de ses aïeulcéU, 

Bien à tort l'on pendaiuj, amnt la ^uerrcj), que la m 
socialej?, tout à coup, s'arrêterait au j>remier son du tambour 
coni^oquant led grandes nations de l'Europe pour la trafique épreuve 
du xxe siecles>. A Paris mêmcj?, l'erreur, quelque tempéu, j)rédo- 
mtna. Les banques jyrétendirent surseoir au crédita. On tarda 
beaucoup trop à remplacer j)ar les hommes mùr^u, j)ar les réformée, 
j)ar les J^emmes, ceux que leur jeunesse robuste vouait à l'honneur 
de combattre:). Bientôt on s'aperçut de la Jaute commises. Lcé 
banques ont repris leurs initiatii^e^. Les ateliers, les uslne^u, lu 
manufactures se sont remplis afin de poun^oir les armées de muni- 
tions, de mres et de {Vêtements. Le tier^u, la moitié, les trois 
quarts des industries ont recommencé d'agir. 

Et voLci qucj>, j)our le j)rintemps, la renaissance de la m 
sociale apparaîu.. Trop d'héroïsme a donné l'exemple:), sous lu 
étendards de tous les j)euples. Il seyait vraiment qu'à l'intérieur du 
^jyatnes, les non-combattants fissent jyreuve d'énergies, à leur tour. 
Il en Jut ainsi Partout on s'est remis au tramil. Le goût juge:>. 

De la cwdisation créatrices, de ses raffinements subtils, quel 



^)5>^^M>^^M»^^^ 




en 
ère 



témoignage j)liié efectlf que La modej)? Son rôle n'e^t j)aiu, 
notre tempiu, de signaler la beauté corporelle.?, comme dand U.^ 
antû/u^, maû j)lutot d'enseigner le genre d'esprit élu j>ar le ^oàt 
ded aridtocratieiu. La mode est spirituelles», narquoises), IronlqueJ. 
Elle déformes). Elle travestit^. Elle allonges). Elle taises. Elle 
chlfoiincs». Elle masques. Elle unit l'être à l'amblances. Elle le 
sépare de l'univereu. Elle est synthétlstes. Elle est Individualistes. 
Elle j>rône tantôt la vigueur saine?, tantôt la fragilité délicates. 
Elle conseille la joie ou la réi>erUs>, ou l'ofenslves, ou l'efface- 
ment^, ou la parades. La mode c'est le signe de l'esprit que se 
mit l'élltes, durant une saison^. 

Cette élite j)ouvalt-elle manquer de caractère en ce momeni^ ? 
Points. La mode ^féminine qui se Jorme à Paris i)lent d'y naître 
comme chaque j)rlntempiO. 

En boléros courts ou longues redingotes de drap sombrer, tombant 
à jIls netio, les élégantes ont surgi. La guêtre claire étrelnt la 
cambrure du jjled, la finesse de la chenlles, à moins qu'une botte 
de j)eau lacée ne les enveloppe haui^, sous la jupe courtes. Toque 
ou bomiei^, la colfure s'enfonce pour résister au vent de la cam- 
pagne?. Quelque chose de j?ratlque et de crânes, de favorable à 
la marche que gênent j)eu l'ampleur des étofes sur les hanches, 
'Tur le buste?, et cette échancrure du large col libérant la serges. 
Cela, et qui se nuance?, et qui se diversifie de mille façomu, c'est la 
mode neuve de i^ij. Paris a créé dans l'héroïsmes, son élégance 
^ M guerres, une élégance allègre et sportives?, dégagées, permettant 
«« geste toutes les alscio, dùt-ll relever de malheureux blesséth, 
ou menu brandir une armes. 




Et cette modejf, jfar chanccj>, semble esthétique autant que 
splrltueLicJ>. Les plumed roided de tel chapeau en forme de cadque 
lui font un cimier gaulouu. La dame incline à paraître guerriercj). 
Du moin^, si elle écarte le ridicule de l'être^, elle suggère l'élan de 
la force saine et prêter. La i^oici. 

Ne coni^enait4l paéu, en effei^, que Parid s exprimât comme de 
coutumeJ>. PariiU, centre de réunion permanent pour cette aristocratie 
que composent la diplomatie de tous les empirer, les familles histo- 
riques, les intellectuels ^lorieux^, les beautés célebrau, les artistes 
illustrciu, les ministres éloquentiu, nés sur tous les points de la 
planète, et contents de mre ensembles, malgré la dis^ersitéde leurs 
origines, afin d'échanger leurs espoirs, de confronter leurs préfé- 
rences? Paru s est exprimé, comme tous les ans, par ses élégances 
spirituelles et opportunes, jyrestige extérieur des élites qui les 
adoptenu., Paris démit au monde cette jyreu^^e de son incorruptible 
vitalité égale dans la guerre comme dans la paix^. Puisque le 
^out des Latins combat la barbarie tudesquej>, il était bien que 
Paris proposât la mode ce printemps, comme d'habitudes ; nest-. 
pas " 



ce 
? 



Paul Adam. 







EN SUIVANT LES OPÉRATIONS 




VICHY 




^. iCHY s'est placée au cœur de la France pour y 
accueillir les nations. Elle offre à ses hôtes de 
l'univers le joli sourire de ses paysages extraor- 
dinairement aimables. C'est la plaine ondulée 
que bordent ici des collinettes avenantes et 
obstinément printanières, qui s'appellent le plus gentiment 
du monde les monts de la Madeleine. Et pas très loin, des 
montagnes qui forment fièrement le Massif Central et qui 
sont aussi hautes qu'elles peuvent, mais qui se 
baissent pour vous recevoir... Paysage sans violence ; 
de la modération, de la douceur. Et c'est charmant 
ainsi et cela attire et cela retient. Et la ville 
prospère, gaie, toujours brillante de jeunesse, 




s étend aux bords d'une rivière ample, et 
^ qui voudrait bien s'attarder avec noncha- ^^ 
^^ lance. Le soleil radieux illumine cette 
nature heureuse... 




1 1 



Nature heureuse, vie enchantée. Dans cette 
fête des palais, des jardins et des fleurs, celui même 
qui souffre espère. Tout lui dit d'espérer... Il y 
a trop de joie autour de lui pour que il n'y en ait 
pas bientôt en lui. La terre et le ciel ont prodigué 
leurs séductions irrésistibles. Voici que la vie 
mondaine multiplie ses attraits incessamment renou- 
velés. La nature n'est qu'un décor où la pièce se 
joue. Le beau décor, la ravissante pièce! Toute 
d'élégance et de finesse. Si ingénieusement ornée, 
parée avec un goût adroit et sûr! Ici triomphe la 
femme et elle n'a nul besoin de s'y exercer; car la 
nature déjà s'est mise en frais de coquetterie pour 
que la femme plaise, et il suffit que la femme soit 
elle-même et qu'elle révèle tout le luxe harmonieux 
et qui sait même être si délicieusement simple ! . . . 



« 

1» » 




On dit : Vichy : ah! l'époque facile, légère, 
frivole du second Empire, l'époque de 
l'opulence universelle et du faste innocem- 
ment étalé partout, l'époque où les plaisirs 
se croyaient effrénés parce qu'ils étaient 
infatigables. Napoléon III, l'Impéra- 
trice Eugénie, les Dames de la Cour 
qui par une merveilleuse rencontre des 
circonstances étaient toutes jolies 
les sémillants cavaliers de parade 




qui étaient aussi des officiers vaillants et n'avaient 
point souci du lendemain tant le jour qu'ils vivaient 
étaient agréable à vivre; l'époque où des boulever- 
sements se préparaient en Europe, mais où chez 
nous le couturier détrônait la couturière, où les 
ombrelles étaient toutes petites, minuscules les 
chapeaux féminins, mais où, par une juste compen- 
sation, les jupes étaient démesurées, l'époque où 
la crinoline elle-même était belle, l'époque où les 
femmes étaient ravissantes en dépit de la crinoline 
elle-même... voilà la grande époque de Vichy, de 
Vichy voilà la splendeur incomparable! 

Non pas. Et je vous dis que tout le passé de 
la sociabilité française se rassemble à Vichy. Sans 
doute Napoléon III y séjourna souvent parmi des 
fêtes étincelantes ; mais proche de Vichy est le 
château royal de Randan. Il appartenait naguère 
aux tantes de Louis XVI, mesdames Adélaïde et 
Victoire. Mesdames venaient à Vichy et n'y venaient 
point seules. Elles étaient moroses; on ne l'était 
point près d'elles. Déjà l'on riait à Vichy 
en bonne compagnie de seigneurs insouciants 
et, d'aventure, folâtres ; de tous temps on 
y guérissait. Vichy était en vogue sous 
Henri IV. A Vichy, Madame de 
Sévigné avait beaucoup d'esprit. La 
Société s'y faisait « distinguée », un peu 
vaine de sa distinction même. A 
Vichy on devisait galamment 





d'amour et de tout ce qui se rapporte à ramour, c'est- 
à-dire de toutes les choses imaginables. A Vichy se 
formaient des cercles aristocrates et mondains et déjà 
s y empressait l'Europe. Napoléon P"^ s'occupait de 

Vichy comme du reste de la terre Et l'œuvre 

d'autrefois se continuait et nous la couronnions. 
Vichy avait tous les prestiges. Il lui manquait le prestige 
du sacrifice. Il la. Vichy est le grand centre où les blessés 
de la guerre recouvrent la santé. Transformation totale 
réalisée avec cette méthode française qui a la supériorité 
de n'être pas indiscrète ! Les âmes se transforment aussi. 
Les triomphatrices de la vie mondaine se sont faites les 
héroïnes du dévouement. Elles soignent, elles réconfortent; 
et leurs paroles sont consolatrices. Demain, nouvelle méta- 
morphose, et prodige nouveau. La sensibilité a rajeuni la 
grâce et le rayonnement de la bonté se prolonge encore. 
Dans la quiétude de la paix reconquise par la victoire, les 
femmes reprennent le droit d'être d'abord charmantes ; les 
modes de Paris leur prêtent un concours à nul autre pareil. 
Aux beaux jardins de Vichy le monde savoure l'amicale 
douceur française... J. Ernest-Charles. 





ATOUR 



IMPLES 




E serait une erreur de croire que Thorrible temps 
de guerre ait paralysé la création de la Mode 
française. Si, comme il est naturel de le cons- 
tater, Paris eût à interrompre sa vie élégante 
pour une existence de retraite et de dévoue- 
ment, du moins pour l'étrangère la France a guidé et décidé 
de la forme et du goût pour tout ce qui concerne 
sa toilette. 

En Amérique, en Angleterre, en Espagne 
^t en Italie, nous n'avons jamais cessé de faire 
entendre notre parole, et comme il était facile de 
le prévoir, l'Exposition de San Francisco a été 
1 occasion d'un nouvel élan, d'une réalisation 
aamirable, à laquelle tous les succès répondront, 
i^a formule de la Mode est renouvelée, il 
semble que le désir de paraître femme et rien que 




Botte de Greco 



i5 








femme soit Tobsession de toutes celles qui 
consentirent, un temps trop long, à figurer 
Sémiramis, un éphèbe, ou... César, indistinc- 
tement. "JVLais, où sont les neiges d'an tan" SouUer de Ducerj 

et il serait difficile de rencontrer, à Theure de tant de 
douleurs vivantes et environnantes, autre chose que décence 
retenue et goût parfaits. 

La personne la plus frivole représentera 1 ame de 
notre pays, âme instinctive mais senti- 
mentale et recueillie, dont tous les actes 
de la vie sont réglés par la marche des 
événements, et qui, si elle a pu, un temps, 
nous figurer la femme d'amnù la catadrophe, 
; a repris désormais le véritable sens de sa 
/' vie d'intelligence et de dévouement. 

Telle femme, dont l'hiver aura été 
surmené par les soins quotidiens à l'hôpital, 
recherchera dans une simplicité de 
mousseline angéhque et écourtée, la 
représentation de son état-d'esprit ; 
limpide dénuée de toute attirance 
frivole. Dans la moindre de ses coquet- 
teries, on trouvera la femme âîapred 
la guerre et ce sera pour notre Société, 
au double point de vue éthique et 
esthétique, un retour à la pureté et au 
goût essentiellement français . Car ce 
fut, de tous temps, l'apanage de notre 
race, que cette élégance faite de rien, 
Robcd. ^^^ P^s d'une forme de robe plus 

Martial et Amtand Qu moius compHquéc ui chargée, mais 




>-'- 



de cette grâce souple ou hautaine, suivant le 
moment, émanant beaucoup plus de Tâme de 
la française que de son corps, qui ne fut ni 
Soutier de Ducerj Jgg plus bcau, ui dcs plus parfait, comme au 
contraire on le reconnait si nettement dans d'autres races. 

La femme et le couturier, dans une entente parfaite, 
ont de nouveau identifié la femme et son 
vêtement, et c'est ce qui charmera nos 
heures de détente rêveuse, lorsque cet 
été nous verrons défiler les jolies femmes 
de France, dans ces robes faites de 
soie unie, à peine froncée aux hanches 
et spirituellement dégagées des 
chevilles; on sentira qu'elles sont 
prêtes à courir, à porter ici et là la 
bonne parole; que leur taille est 
souple, sans emprise, afin de pouvoir 
se pencher sur celui qui souffre et le 
consoler. On sentira aussi qu'elles 
nont rien omis pour être jolies, parce 
que leur sillage doit être lumineux et 
riant, afin de laisser une image de beauté 
partout où elles passent. 

Le cover-coat et la gabardine à 
jupe courte, avec petite veste de fantaisie 
ou redingote s'envolant, légère, au mou- 
vement de la marche, voilà ce que por- 
teront, pour le matin, les femmes les 
plus élégantes. La taille se maintiendra 
longue et sans courbe, car nous aurons 
gardé des modes orientales de ces der- 




Robe ()e 



g! m 



Callol 



17 




nières années, le goût des enroulements lâches, 
laissant au corps la liberté de ses mouvements. 
On nous propose les cols très hauts, 
la plupart montant vers la nuque, d'autres 
entourant le cou dans un instrument de 
supplice; cela devait arriver après les décol- 
letés outrés de Tan dernier, mais je ne 
crois pas encore au retour du " carcan " ; la 
femme est trop soucieuse de ce qui la dégage 
en Tembellissant, voilà pourquoi longtemps 
encore, nous ne verrons les cols très hauts, que 
disposés derrière la nuque — heureusement. 

Dans la série des robes simples du matin 
j ai vu une robe de taffetas argenté bleu clair cbapeau 9e Canuiu Roger 
toute unie, qui donnera une impression inoubliable. Avec 
son col "Franz Halls'' indépendant de la robe 
ouverte aux épaules, qu'il vient auMrider si le 
mot peut mieux faire comprendre ma pensée... 
Je vois aussi un tussor "lin" brodé d'écru, 
dont les cotés de jupe pHssés semblent battre 
«Pavillon d'Elégance». 

Et cette légèreté de mousseline blanche aux 
broderies de fils d'argent et de soie blan- 
che, mièvres et recherchées, dont le col 
« Prud'homme » semble venir 
rappeler que le bon sens est 
la marque de fabrique du 
génie français ! 

Blanche encore, une 
mousseline brodée dont les 
ganses disposées en rayures 





SANS SA VOITURE 




IL PLEUT ENCORE... 

Tailleurs Je Paqum. Lanvm, Dœxiillet, Manteau de Faquin 



et 



font un second tissu plus ferme, le tout ,^^3^^ 

enserré à la taille par un large ruban v. 

pékiné. Dans chacune de ces robes ' ^ '. 

nous trouvons un parfum nouveau • \ ^S-^ 

cette robe de crêpe français « tilleul » inégale- ^A 

ment taillée du bas et chastement voilée de N^ 

deux draperies se croisant sur la poitrine, 
rappelle quelque immense parachute en papier léger et 
opaque. 

Les fleurs de métal que je retrouve un peu partout; 

les boléros de taffetas sombre couvrant à peine le buste; 

,^ l^s chapeaux souples et généralement 

# faits de deux sortes: paille et crêpe 

, ;^^ tout est modeste, élégant, sans effets, 

j^C^ Y . caractérisant cet arrêt dans Teffort, 

V^/ lA V<^'' funeste à toute conception de mode. 




Il y aura toujours une recherche 
X V ^^^^ ^^^ détails, blouses et garnitures, 

mais cela nous le voulons puisque c'est 
Tindice du raffinement et de l'élégance 
véritables, de même que pour nos 
dessous plus visibles encore avec les 
robes courtes. Ils seront de mousseline 
! de soie d'un seul ton, s'assortissant avec 

1 1 W\ \ \ 1^^ chaussures et les bas, et le jeu en 
\\\y\ sera aussi varié que le nombre de nos 
robes, afin d'en harmoniser les valeurs 
y '- avec l'heure et la circonstance. 

La voiture ayant été supprimée 
^ de la vie de bien des femmes depuis 

^ de Faquin la gucrrc, il était à prévoir que le 







m^ 
,.,^, 



costume trotteur allait bénéficier d'une 
vogue et d'un succès particuliers, aussi 
a-t-on créé mille fantaisies, impirées des 
uniformes et de ce qui est du domaine de 
la simplicité pratique : cow-boys, chasseurs, 
coureurs, etc., etc. Il y a dans tout cela 
à prendre et à laisser, et j'ai vu quelques 
vestes copiées sur les dolmans des officiers 
français, en campagne, qui, de même cou- 
leur et de même coupe, étaient de ce 
joli bleu, infiniment pratiques. 

Il suffit d'une jupe plissée et d'une 
veste de la sorte avec col et parements 
de mousseline ancienne, pour donner 
le plus joli costume du matin. 

Quant au costume kaki : on 
ne l'a que trop porté, place à 
d'autres, maintenant. 

Jusqu'aux journées très enso- 
leillées de Juillet, nos chapeaux 
resteront extrêmement petits, et 
les fleurs y joueront un grand 
rôle; mais, floraison très nou- 
velle, beaucoup seront en por- ^1 
celaine, d'autres en perles. 
Nous ne verrons plus d'ai- ^ 
grettes ni de plumes insolentes, 
marquant, tel un billet de ban- 
que, la valeur du couvre-chef ; 





m '^mu 



cell 



es-ci nous apparaîtront 



encore, mais comme rongées, Robe de Béer 



■y 



G.B. 



I 




Robe de Paquiii et cbapeaii de Lew'u 




Chapeau 
de Çeorgette 



brûlées, que sais-je, éclopées 
enfin, comme pour être dans 
la note ! 

La paille de copeaux vernis en 
toutes couleurs, va répandre sur la ville 
une nuée de bonnets très simples, carrés 
du haut et bordés d'un galon de perles 
rondes assorties à la paille. Les formes 
seront la plupart du temps imprévues 
quant aux tricornes pour lesquels on se 
passionne, mais qui n'ont plus rien du 
tricorne après que le caprice de 

chacune y a passé.... c'est un cornet, un sifflet, dont 

les pointes ressortent aux endroits les plus inattendus. 

Nos cheveux seront enroulés et drapés comme la 

soie, la plus souple des étofies, afin d'y poser sans 

effort le plus petit comme le plus onduleux des 

chapeaux; pas de voilette en général; seul le voile du 

maquillage nous laissera croire à une confiance et une 

espérance constantes... c'est mieux ainsi, de même que 

la botte fine et souple à talons modérés, nous 

donnera l'impression réconfortante que la femme 

trotte sans fatigue, et non plus perchée sur des 

talons, hauts comme des «pâli». 

Le sac de soie ou de chevreau, chiffré de bril- 
lants trouve un rival dans la grande bourse algé- 
gerienne, faite de tissu exotique et suspendue au 
bras par l'anneau de Jade que les femmes 
portaient en bracelet depuis plusieurs saisons. 
Le gant souple des Cadetd da Gascogne, et 
1 en-cas à manche précieux, compléteront 



«4 




ATTENDAIT PLUS OUE VOUS! 



Robes àe midi de Cliérult. Martial et Armand. Wortli, Jenn; 



réquiqement matinal de la femme qui, en ce printemps de 
1916, conserve avec une enveloppe de suprême élégance, le 
frisson angoissant de l'attente.. . 

Pour tromper cette attente, elle s'occupera plus que 
jamais de ses enfants, ce peuple de Primitifs adorables, 
aux sentiments dénués d'artifices auxquels nous devons de 
répondre à leur état d'âme, par des simplicités analogues. 

Par exemple, cette aube de mousseline et tulle brodés 
sur fond de taffetas bleu passé, d'une allure si candide... 
et ce fourreau de marceline « chair » brodée d'argent, véri- 
table chemise givrée de l'Enfant-Roi. 



Nada. 



Deddi/ij de Georgeé Barbier. 




Robeé de Preniel tt Paqu'in 




LONGCHAMP 





I r Ouest de Paris la rive gauche de la Seine 
est une plaine verte. Là s'élevait jadis une 
abbaye où il était de mode de venir le Ven- 
dredi Saint. Cette pieuse promenade mit 
d'abord Longchamp à la mode. Il ne reste 
plus aujourd'hui rien de l'abbaye. Un moulin enveloppé 
de lierre n'est plus qu'un ornement dans le décor. Mais 
au cours du xix« siècle, un champ de courses fut établi 
dans la plaine. Et les Parisiens, dont les pères étaient 
venus à Longchamp par pénitence, y vinrent à leur tour 
voir courir le Grand Prix. 

11 faut se représenter par un beau jour de printemps, 
un champ de courses à une des grandes réunions de 
1 année. On entre et on a d'abord l'impression 
dune garden party. On voit des pelouses, des 
arbres, des chemins qui serpentent, des gens 
a^ssis et d'autres qui se promènent. On M^ 



27 




r\ 



est à la fin de mai ou au commencement de juin. Le 
feuillage et le gazon ont des couleurs vertes et vives. 
La lumière et le ciel ont un air de jeunesse. C'est ici 
qu'on vient essayer les modes nouvelles. Les étoffes 
légères, les dentelles, les couleurs claires se dispo- 
sent en aspects changeants. Une année, tbut est blanc 
et noir. Une autre année, toute la gamme des bleus sera 
comme un champ de fleurs sur la verdure. Nous avons 
vu des robes étroites, et d'autres qui retombaient 
droits comme des dalmatiques, et d'autres qui se 
gonflaient en bouillonnes; des robes longues, des robes 
courtes, des robes fendues. Cela change d'aspect non 
seulement de mois en mois, mais presque de semaine en 
semaine. Une fantaisie inépuisable renouvelle à chaque 
instant les formes, les parures, les inventions, les 
caprices. On est assis, on regarde, et toujours la figure 
humaine apparaît, arrangée à nouveau. Alors un essaim 
de dessinatrices jalouses prennent sournoisement des 
croquis. Des photographes tournent autour des groupes. 
Il n'y a presque personne, homme ou femme dont le 
nom ne soit célèbre et qu'on ne puisse citer. Le talent, 
la beauté, une race illustre, un grand état de monde 
ou de fortune composent ici une sorte de gloire. 

Cependant, on voit devant soi une file de hauts 
bâtiments interrompus par places; on passe entre eux, 
et on aperçoit un spectacle nouveau. Une immense plaine 
s ouvre devant vous. Une pente douce conduit 




BOUQUET TRICOLORE 



aux barrières qui la ferment. Cette pente est couverte 
de chaises, lesquelles ont ce caractère particulier qu'on 
sy assied et qu'on monte dessus tour à tour. Les gens 
ont des lorgnettes et regardent vers la plaine. Les 
grands bâtiments que vous avez vus tout à Theure de 
revers et que vous voyez maintenant de face, sont 
remplis de gradins, qui sont couverts de monde. A 
rhorizon au bout de la plaine vous voyez une autre 
foule encore ; ce sont les spectateurs des moindres 
places, les gens de la pelouse. Au loin sur le ciel s'élè- 
vent des collines bleuissantes. 

Tout à coup, sur la plaine verte, vous voyez 
arriver à toute allure une ligne de chevaux et de 
jockeys. Une cloche sonne; une grande rumeur s'élève; 
le galop finit en ralentissant et les dernières foulées 
s achèvent devant vous. Mais aussitôt tout le monde 
tourne le dos à la piste. On descend des chaises, on 
met les lorgnettes dans les étuis, on se précipite vers 
les baraques où se font les paris, ou va se promener. 
Cela lait un brouhaha, au milieu duquel on voit len- 
tement passer les chevaux. 

J'ai revu cet été Longchamp pendant la guerre. 
IJ immenses troupeaux de bœufs roux paissaient sur 
les pelouses. Mais la piste est intacte. Ces bœufs 
eux-mêmes ont à l'automne émigré vers les hauteurs 
voisines. 

Aujourd'hui le champ de courses célèbre 



•i 



01 



est désert. Les jockeys, les uns dans les dépôts dres- 
sent les chevaux de cavalerie; les autres sont au front. 
Au front aussi, les jeunes hommes qui suivaient les 
courses. 

Les femmes sont devenues infirmières. Et la France, 
Taimable France, comme la nommaient les étrangers, prouve 
chaque jour ses vieilles vertus. 

Il y a deux siècles, nous avons fait sur les champs de 
bataille ce qu'on a nommé la guerre en dentelles. Aujour- 
d'hui la France en dentelles s'est retrouvée prête aux 
héroïsmes de la guerre. 

Henry BiDOU. 




>"-'<>^ÛQ9ûD,, 







J 



-•^OCbCOO CO^^-'^"""^ v^cocp 



VOLANTS 



PANIERS 



^^ 



^ji^^fe OUS, approuveront Tidée, qui fit, pour mieux 

l| synthétiser Télégance française, apposer 

le mot « Longchamp » à Tune des vitrines 

de l'Exposition de San Fancisco, élégances 

d'après-midi, Ipour lesquelles la fantaisie reprend 

ses droits. 

Que n'évoque-t-il pas pour tous, ce Longchamp 
d'éblouissante mémoire, qui revivra plus intensément 
encore après la victoire, quand nous céderons à nos 
esprits et à nos cœurs, allégés du poids de l'angoisse. Il 
ne nous déplait pas de songer dès à présent, comme si les 
choses allaient se passer demain, à toutes les coquetteries 
que notre ingénieux Paris créerait de suite, à l'annonce d'un 
Grand Prix décrété. 

Notre état d'âme n'est pas encore celui du triomphe, 
"^ais de même que nous avons pansé 
d horribles blessures, parce qu'il le fallait, 
de même nous nous devons, de pousser à 
ia reprise de toutes les élégances et de 
paraître frivoles, même quand nous ne 



^vons jamais moins été 




Ov^» 




Pour une fois, l'on finira de rire et de critiquer celles 
qui peuvent ne pas compter et qui se meuvent dans une 
atmosphère entièrement fabriquée, puisque tout ce factice 
alimente le plus fort de notre industrie. 
Il nous plait, en conséquence, de célé- 
brer tous les renouvellements de la 
parure. Empreintes d'une modération 
notoire, c'est-à-dire s'harmonisant avec -*^ yj u^i,' 

la pensée intime de chacune de nous, ( / #^ 

les modes de ce printemps de 1916, seront 
comme un jardin abondamment fleuri, mais fleuri de simples 
fleurs, puisque les mousselines, les organdis et les tulles 
brodés adopteront des formes candides, réminiscences fré- 
quentes de 1840. Parfois aussi, nous retrouverons les 
ballonnements et les transparences, chères aux élégances 
des Tuileries, mais du moins, sans leurs exa:gérations, adap- 
tées au genre de vie que nous menons; et c'est beaucoup 

plus dans les détails encore que le rappro- 
chement devra se faire, plutôt que dans 
la ligne d'ensemble. 

Des mouvements d'encolure, de bas 
de manches ; dans les formes de vestes- 
boléros sombres, jetées sur des simpli- 
cités de mousseline blanche le parallèle 
sera inévitable, de même que dans l'exi- 
guïté du chapeau fleuri, qui accompagnera 
toute robe habillée de garden-party ou 
de courses. 

Pour ce genre de robes les tissus 
légers seront brodés et rebrodés, tels que 
nous ne les avons jamais vus. Ne 




54 




pouvant, pour un temps, laisser un 
libre-cours à leurs besoins i du « Pa^^ 
encore m », les femmes se rattrappent 
sur la rareté des étoffes et des dentelles. 
Sur une mousseline rose, des motifs 
de dentelle de Malines auront été bro- 
dés, absolument comme si la dentelle 
elle-même y était appliquée... précio- 
sité, ayant coûté un travail fou et dont 
la robe retirera une valeur relative. 

Des dessins d'or 
copiés de TKtrusque tisseront entièrement de 
simples tulles ocrées, de même qu'une mous- 
seline brodée à l'ancienne, verra le dessin de 
cette broderie s'éclairer au contact de fils 
d'argent se mêlant à ses fils de soie. 

Sur des redingotes de tulle uni, nous 
verrons des applications de filet en bandes 
transversales, ces bandes et les devants de 
la redingote frissonnants de glands d'argent. 
La dentelle blanche, ancienne de pré- 
férence, viendra tomber en voile sur une 
robe de satin bleu sombre; sur la ceinture, 
également en soie bleue, des petites roses seront brodées, 
a moins que s'incrustant dans une jupe 
de tulle de soie noire, le Chantilly ne s'éche- 
lonne en étages égaux, légers et transpa- 
rents. Une jolie trouvaille, que les volants 
de Chantilly, très fins, s'espaçant sur de 
la soie blanche, un de ces volants plus 
petit, courant en basque plate autour des souiur de Gênera 




Botle de Greco 




35 



hanches et suspendu à un boléro 
de gros de Londres noir. 

Ce genre de robe conviendra 
parfaitement aux concerts que dans 
beaucoup d'hôpitaux, Ton organise 
ce printemps. 

« Il faut nous montrer aux 
malades, aussi belle que nous 
pouvons Têtre », disent les femmes, 
et elles n'ont pas tort, car 
de même que nous appor- 
tons des fleurs au chevet 
de leurs lits de souffran- 
ces, de même notre pré- 
sence doit contraster avec 
la rigidité et la tristesse 
des salles d'hôpital. 
Les perles, les bijoux, sont 
dans ce cas, admis, et quoique 
en temps de guerre, les joail- 
liers ont créé des préciosités 
nouvelles : la dernière, est Tambre noir marié 
au cristal ancien. Des chaînes de cou en perles 
de cristal alternent avec des boules d'ambre 
noir, et comme pendeloque, un Bouddah de 
cristal ancien. Avec quelle toilette ne 
s'harmoniserait pas cette miroitante 
parure? Même le soir, à l'heure du 
dîner, car toutes les femmes continuent 
de s'habiller, fût-ce pour le tête à tête 
conjugal, ce coUier sera idéal, détaché n^ue 3e Gênera 




Dod d'une robe de Béer 
Chapeau De Lemà 




56 




SA LETTRE 



RoU de DœuHlei, Béer, Martial et ArmanJ, Béer, Ctéruit 




sur une mousseline de sole ou un crêpe 
rose ou blanc. 

La Mode veut, en ce moment, le 
bijou exotique mais rare : l'Indien ou le 
Japonais, la jade et le cristal, quand 
ce n'est pas la note agressive... un peu, 
de la malachite. C'est même ce détail 
qui ne manque pas de piquant à l'heure 
actuelle, dans l'ensemble calme et ré- 
servé de la toilette, c'est par éclat, 
comme le scintillement d'une paillette, 
que la note d'une chaussure ou d'un 
bijou vient rappeler que la fantaisie, si 
elle est apaisée, n'est du moins pas 
morte... heureusement. Ne vous plaît-il 

pas ce soulier de velours noir, dont la guêtre est taillée 

dans une étoffe lophophorée... ô bien petite, l'espace minus- 
cule d'un joli pied féminin ? 

Kt cette bottine souple, noire, qui pique son talon 

d'une tache bleu marine ou verte ? Tout cela indique assez 

la tendance à la recherche, et à la coquetterie indomptable 

chez la femme, inhérente à sa nature 

même ! 

Non seulement elle s'occupe de 

bijoux nouveaux, mais la femme de ce 

printemps songe aussi à embellir la 

maison pour le retour de son preux 

chevalier ; elle n'abandonne pas les 

antiquaires où l'on fait, paraît-il, de 

bonnes affaires par ce temps de guerre. 

Les grès anciens, les boiseries authen- 




38 




AVENUE DU BOIS 






An,* 



^ 






t'^itt 



tiques, et les bibelots de toutes sortes, sont 
prétexte à des courses quotidiennes dans les 
quartiers les plus reculés de Paris. 

Chez Fun des grands bibeloteurs parisiens, 
j'ai rencontré il y a peu de jours, une femme 
très connue, dont la toilette, par une après-midi 
ensoleillée, prenait une élégance particulière : faite 
de mousseline de soie blanche, boutonnée le long 
des devants par des grelots de passementerie, elle 
s augmentait d'un col très haut devant et derrière, 
resserré par une cravate à la Thle/y. Avec un 
chapeau noir assez haut, et une écharpe 
de soie souple, vert d'eau, retombant de 
côté, c'était une robe idéale, non moins 
idéale que cette autre toilette de pékin noir 
et blanc irrégulier, marié à de la faille 
unie blanche, incrustée de Chantilly. 

En rentrant des courses de l'après- 
midi ou des séances à l'hôpital, la femme élégante est 
toujours certaine de trouver chez elle quelques amis qui se 
joignent à elle pour prendre le thé, thé frugal étant donné 
ies circonstances, composé uniquement de pain grillé et de 
conhtures. On cause, on fume, jusqu'à une heure avancée, 
et 1 intimité, oubliée ces dernières années, renaît plus intense, 
plus recherchée qu'elle ne le fut jamais. 

Celle qui reçoit n'a guère le temps de changer de toilette ; 
à peine si, en rentrant, elle retire son 
chapeau et sa veste pour passer un 
sweater, ce sweater nouveau, en maillot 
de soie, de ton vif, à ceinture de même 
Soulier de Gênera tissu, uouéc uéghgcmmeut à \q. Rdigicudc. 





41 



Le raHinement veut qu a ce sweater, la /^ 

grande coquette assortisse le collier et les § 
anneaux des bras, ces anneaux de jade, de | 
quartz rose ou de lapiz-lazuli dont toutes | 
les femmes sont folles, et qu'elles portent le 
jour seulement. Il est, parfois, jusqu'aux 
fleurs, de la table à thé, que de grandes 
coquettes assortissent à la couleur qu'elles 

portent, c'est dire que même en temps 
de guerre, la Parisienne ne veut rien 
céder de sa part de goût et de raffi- 
nement ; inconsciemment, l'on pour- 
rait dire, elle crée autour d'elle 
une ambiance de volupté. 
Même au saut du lit, ses pei- 
gnoirs varient suivant l'heure, 
le temps et sa disposition 
d'esprit... elle chausse des mu- 
les ou des pantoufles, elle s'en- 
veloppe de mousseline ou de 
chaud molleton, comme elle 
porte un voile qui la dérobe 
aux yeux de tous, ou bien, un 
tulle si léger qu'il met son 
visage à nu. Caprice, caprice 
et encore caprice. . . mais si jolis ? 
Où que je me tourne je retrouve 
l'élégance, qui reste vivace au 
cœur de Paris, vivace non seule- 
ment pour les Parisiennes, mais 
Doé d'une robe de jTorib vîvaçc par ce qu'ellç crée aussi 




4a 




FAIS ATTENTION A LA MARCHE 

-oLes de Premet, Lanviii, Lanvin, Martial et Armand 



pour les Etrangères, dont elle devine les inclinations, dirige 
le goût en tenant compte du climat dans lequel elles vivent. 

Le Vicomte de Launay disait que les modes étaient 
semblables aux costumes nationaux : « Ils n'ont toute leur 
grâce que dans leur pays ; et il faut pour les faire valoir 
les mœurs et le climat qui les ont pour ainsi dire inspirées ». 

A cela je répondrai, que seule, la mode française, est 
le costume de toutes les nations. 

Princesse DE Clève. 

Deddiiu de Georged Le pape. 





LA COTE D'AZUR 





HIER 

jELUi qui venait pour la première fois sur la Côte 
"^f^lÏÏÀ^i^ d'Azur, s'il était sincère, devait reconnaître qu'il 
1^ JP jfl ^'^^^^* jamais vu un lieu semblable dans 1 uni- 

3J^_^^ *y vers entier. C'est un décor de théâtre, le plus 

fastueux et le plus singulier, et l'on y représente 
une comédie, toujours la même, mais dont on 
ne se lasserait jamais, parce qu'elle a trois cent-soixante- 
cinq actes par an et que c'est la plus charmante, la plus 
délicate de toutes celles que l'on puisse imaginer : la comédie 
de Télégance. 

Uans d'autres capitales, dans d'autres lieux de plaisir, 
la femme règne, mais sur des sujets moins attentifs et moins 
soumis. Lorsqu'elle passe, dans une toilette réussie, certes, 
on 1 admire, mais on vient de penser à autre chose, et l'on va 
s occuper d'autre chose. Et elle le sait bien, et c'est pourquoi 
nous lui voyons à elle aussi, malgré la perfection de sa parure, 
cet air distrait, tendu, fiévreux qui attriste déjà nos visages. 




45 



La Corniche toute entière est comme le pla- 
teau d'une scène idéale sur lequel elle vient évoluer^ 
sous nos yeux ravis, sans autre arrière-pensée. 
Il faut avoir vu, au moins une fois dans sa 
vie, passer autour des tables de jeux, trôner dans 
les loges or et pourpre, errer légèrement sur les 
terrasses éblouies de soleil ou baignées de la douce 
et bleue clarté des nuits, ces êtres fabuleux, au 
sourire un peu froid, les yeux vers l'au-delà, tout 
pétris de Torgueil souverain de leur fonction. Nulle 
part ces idoles ne s'enroulent de plus larges four- 
rures, ne laissent traîner manteaux plus chatoyants, 
ne portent perles plus chaudes, pierreries plus 
éclatantes, coiffures plus impériales, nulle part 
elles n'apparaissent dans des robes plus étince- 
lantes, plus irréprochables, plus belles. 

Chez nous, dans nos tristes climats et dans 
nos cités utilitaires, les toilettes féminines ne sont 
réussies que si elles s'adaptent à ce que doit 
faire la femme qui les porte : c'est ainsi qu'il y a 
de parfaites toilettes du matin, de visite, de che- 
val, de dîner prié. Mais sur la Côte d'Azur, dans 
ce printemps éternel et dans ce coin du monde 
affranchi, la robe a cette supériorité incomparable 
d'être à elle-même son propre but.... Et c'est 



46 



lumaine, presque magique, des femmes 
1^ assez heureuses pour habiter cet Elysée. Elles 
passent, elles repassent, harmonieuses silhouettes 
de la beauté moderne, et chacun de leurs mou- 
vements est comme un nouvel accord dans ce 
concert de couleurs, de parfums, d'attitudes. 



AUJOURD'HUI 

Mais tout cela, n'est-ce point déjà un peu 
du passé? Il y a quelque chose de changé sur la 
Côte d'Azur. L'élégance y demeure à peu près 
pareille, mais avec une atténuation comme recueil- 
lie, comme craintive d'un excès d'éclat qui frois- 
serait une douleur à ses côtés muette. C'est que 
la Riviera est revenue (et à un degré qu'elle 
n avait jamais connu) à ce qui est en quelque sorte 
sa tradition sacrée, son rôle naturel : guérir et 
consoler les malades. 

S il y avait encore des moralistes mal infor- 
més pour accuser de frivolité les hôtes de ces 
lieux bénis, qu'ils viennent voir ce qu'est devenue 
cette frivolité tant décriée. Ils seront surpris de 
constater combien elle a su s'effacer devant la dou- 
leur et se subordonner à la bienfaisance. Il n'est 
pas une seule des manifestations de la vie 



W :âî 



47 



^^ garder), n'ait apporté son aide aux infortunes ^^ 
de la guerre. Et ce n'est pas une des moindres curiosités 
de cette époque si féconde en contrastes admirables que, 
si je puis dire, cette entente cordiale entre la charité et le 
plaisir. Non seulement la Côte d'Azur ne souffre pas de les 
voir s'épanouir ensemble sur son sol privilégié, mais encore 
elle prouve qu'il n'y avait point contradition entre eux. 

Rien au monde ne peut arracher du cœur d'une femme 
le plaisir qu'elle éprouve à être belle, mais la femme d'aujour- 
d'hui sait oublier ce plaisir à l'exercice des plus nobles 
devoirs. Telle que nous voyons, ravissante et parfaite en 
ses atours, errer au bord de la mer, comme une oisive qui 
ne saurait avoir dans la vie d'autre but, eh bien ! tout 
à l'heure elle apportait l'aumône de son sourire et de ses 
soins aux défenseurs blessés de la patrie. Et il en reste, 
n'est-ce pas? sur toute sa personne je ne sais quelle gravité 
qui ennoblit et transforme jusqu'à sa parure elle-même 

Francis DE MiOM ANDRE. 





LA MARSEILLAISE 




yt« s-'5%" 







!^' is it^*"^- 




« GRAND^HABITS 




-><^^ 



I EAN Lorrain dans sa nouvelle de ''L'homme aux 
poupées'' décrit avec un art charmant, une 
visite qu'il fit à une poupée de cire. '' Debout 
dans sa guérite de verre, dit-il, la poupée 
des Valois avait l'air d'une petite Prin- 
cesse de la cour d'Amboise, captive dans un 
bloc de glace. C'est une Infante aux cheveux de soie pâle, 
presque argentés, toute raide dans un corps baleiné de 
velours cramoisi". 

^^ est un peu de cette même admiration étonnée, que 
nous éprouvons devant les poupées merveilleuses qui, 
sous la rubrique '' Côte d'Azur" figurent à l'Exposition 
de San-Francisco. Elles évoquent |si bien pour 
i^ous les magnificences du soir, que récla 
ment Monte-Carlo et les villes de la 
<-ote! Peu d'endroits forcent autant 





Coiffure de Lanvin 




Télégance, il est vrai, et ces poupées 
représentent toutes les étranges créatures 
vues, là-bas, belles comme des anges et 
parées comme des divinités. Elles se renou- 
vellent sans cesse sur les terrasses et la 
Place du Casino, chacune destinée, sem- 
ble-t-il, à ce site unique, avec lequel 
elle s'identifiait étroitement. 

Ici, toutes les audaces sont 
permises, et le convenu, 
le traditionnel, ne sont 
point indispensables. 
Pour les passionnés d'excentricités, quelle 
belle perspective que d'harmoniser sa parure 
au ciel, toujours si sûr de lui, à la mer 
changeante et sans cesse renouvelée comme 
le car^^ctère des femmes : douce et volup- 
tueuse un jour; cruelle et sombre quelques 
heures après? 

La toilette de promenade en auto ou en 
voiture, la toilette de concert, de 
r\ tir aux pigeons ou de dîner à l'hôtel 
U yf''\ ^^ra des trouvailles heureuses dans 
&»•: ^^ balancement de ses jupes super- 
posées, où, tout-à-coup, au bas d'un 
tissu opaque, un voile de mousseline de soie ou de 
gros tulle, viendra former un « loup » sur les chevilles 
mêmes. Une voilette à la jambe !... Où le mystère 
va-t-il se nicher, et n'est-ce pas là le comble de 
l'impertinence?... Impertinence exquise qui naît de 
la fantaisie, seule prêtresse de la mode, cette |mode 




I 



Coiffure de JF'odb. 




UI VIENT DERRIÈRE NOUS ? 

anteaux de soie de Béer, Wortli, Ctéruié 




Coiffure de DœuUlet 



qui ne peut surgir qu'en France 
et à Paris, au contact des ondes 
favorables de notre grande 
Cité ! Même sous la pluie gla- 
ciale de Décembre, dans l'atmo- 
sphère surchauffée des ateliers, 
à la lumière artificielle et mal- 
saine, même là, se composent 
les plus tentantes parures des- 
tinées à la vie de soleil et de 
grand air de la côte miracuLeude, 
comme si les artistes et les ou- 
vrières qui élaborent ces légère- 
tés, vivaient eux-mêmes sous ce 
ciel pur, subissant cette dispo- 
sition indéfinissable où nous met le pays baigné de tous 
les bleus. 

Dans le mouvement incessant de marée humaine gagnant 
le soir les salles de Restaurant et du Casino, il est passionnant 
de déchiffrer, en rapport avec leur état d'âme, 
les enroulements de voiles, les audaces et les 
langueurs de parures de toutes les femmes. La 
grâce et la jeunesse de quelques-unes n'ont cher- 
ché que blancheur immaculée, et sur leur robe 
de neige, ont fait tisser des étages de perles blan- 
ches, stables et miroitantes comme des horizons 
d'eau, avec, pour réchauffer tant de neige, de 
la fourrure cernant leur ceinture. Une autre en 
quête d'idéal, cherche à s'évader de la robe pour 
se vêtir en fleur?... Mais oui, une faille rose 
découpée dans le bas de la jupe en pétales de 




54 




Col^ure de Wodh 



grande dimension, semble nous 

offrir, vivante, une fleur, que, 

sur ce rivage béni, le soleil ac- 
croît intensément, jusqu'à la 

rendre femme. Et c'est un en- 
chantement qui se prolonge, 

lorsque rappelant les plus belles 

fuites des nuages dans un ciel 

d'orage, nous apparaît telle 

blonde jeune femme vêtue de 

tous les blancs-gris : sa traîne 

forme un éperon de satin, de 

grands voiles transparents et 

souples, volent autour de ses 

bras, alors que sur sa poitrine, 

une étoile de l'Océan rayonne de perles blanches, irisées à la 

caresse des lumières. 

Blanche encore cette splendeur d'argent telle la cuirasse de 

Lohengrin : les argents différents s'y mêlent aux roses capri- 
cieuses qui escaladent la hanche après avoir 
fleuri le corsage. Et comme pour retenir à la 
Terre cette parure digne de l'Olympe, la traîne 
s'alourdit d'un gland pesant qui roule sur le sol : 
forme savante voilant l'âme d'une coquette, atti- 
rante comme les nuits Méditerranéennes et 

contrastant délicieusement avec cette '' Ca- 
margo" de soie rose vif. Quel écourté char- 
mant, quelle grâce mutine dans ce ballonnement 
de jupe, qui nous laisse attentif au moindre pas de 
celle qui le porte... Va-t-eUe d'une pirouette su- 
blime, faire revivre la Terpsichore du XVlir siècle ? 




S^ 




'ïTorlb" 



De quel nom baptiser cette 
étoffe. . . ? un satin mat tissé des plus 
beaux ornements japonais, en fil 
d'or, qu'une grande et blonde jeune 
femme porte aux lumières de la salle 
de feu comme une mousseline sans 
prix... 

Plus loin, c'est une jeune indé- 
pendante qui veut prouver qu'en 
rien, elle ne consent à suivre les 
chemins battus; elle se montre le 
soir, sous les plafonniers illuminés, 
dans une robe bleu sombre qui pour- 
rait être aussi bien une robe du matin, si, au corsage, auda- 
cieusement échancré, ne jaillissaient ses épaules, que voudrait 
voiler sans y parvenir, un tulle rose extra-léger, simulant la 
manche. . . . ô bien petite ! 

Fantaisie royale, que ce manteau de cour 
ramené à des proportions plus intimes, taillé dans 
un tissu si rare qu'il fut retissé trois fois avant 
d'être réalisé : un plumage merveilleux de fleurs 
beau Lophophore que vous ayez jamais vu et si 
souple, si inattendu, que vous vous demandez 
comment celle qui s'en pare, peut aussi doci- 
lement le replier sur son bras ! 

Les voiles de tulle, variés suivant le coloris 
de la robe n'ont jamais été abandonnés pour le 
soir, même pour dîner au restau- 
rant, ils accompa- 
gnent le s gran ds cha- 
peaux ouïes coiffures 




Robeé de IForlb 
(Détail) 




NOUS PARTONS 

Robes du soir de PremeÉ, Dœuillet, Faquin, Premet, Callot, Jenny 





spéciales du soir. Celles-là sont faits de ban- 
deaux de soie ou de couronnes de fleurs, roses 
et camélias. 

Peu de gants reviennent en faveur ; on 
leur préfère quelques gemmes aussi impor- 
tantes qu'on les peut porter, et assorties 
aux autres bijoux disposés autour du cou 
et sur le corsage. 

Les rubans de perles sont une folie, 
aidant à suspendre des pendantifs d'une pré- 
ciosité artistique, plutôt que d'une valeur intrinsèque. 
Le grand mouchoir ancien, fait de den- 
telles rares, revient à la mode, chassant 
bien loin le mouchoir de gant de récente 
mémoire; quelques originales le suspendent par 
un fil d'or attenant à une bague, c'est là june 
réminiscence des modes de i855, et le bijou lui- 
même n est amusant à reporter que s'il est réelle- 
ment ancien. Mais il suffit que cette mode soit 
reprise pour que le grand joaillier s'ingénie à la 
rendre encore plus jolie. 

C'est à Monte-Carlo, que la fantaisie du reste, peut se 
donner le plus libre cours toujours. De cette côte 
Méditerranéenne, on pourrait dire ce que Barrés 
dit de Venise : " Q^u'elle a des caprices, mais n'a 
point de saison". Aussi est-il compréhensible que 
les femmes l'aiment autant. Elles peuvent y pro- 
mener leur vertige, leur gaieté ou leur mélancolie, 
car à tous ces états d'âme, le pays oppose la ten- 
dresse de son climat et la douceur de son ciel. 
Aucun autre lieu ne se prête plus aux expansions 

58 





LE COMMUNIQUÉ 



d'une vie extérieure en même temps qu'à la rêverie isolée et 
tour à tour, l'œil y perçoit tant et tant de renouvellements 
et tant de beautés qu'il ne sait quoifpréférer. 

Coiffures, chaussures, tissus nouveaux, visages savam- 
ment embellis par le Kohi et le rouge vif, tout à contempler 
nous est un plaisir, tout nous est une leçon, depuis la prome- 
nade matinale jusqu'à l'heure tardive, où gHssant une à une 
des salons trop éclairés, chaque iemme se replie dans les 
grandes ailes de son manteau du soir. Anges ou elfes, qu'im- 
porte, créatures de Beauté en tous cas, dont nous suivons la 
forme imprécise et dansante au cœur de la nuit bleue. 

Jeanne Ramon Fernandez. 



DeMin<) 
de F^alentine Groéà 




Codlume de Daucet 




Chez MERCIER Frères 



Tapissiers - Décorateurs 




DESCRIPTION DES ROBES 

exposées à la 
X anama x aciiic International X/xposition 



1. — Robe de bébé en tulle blanc, i)esle de taffetas bleu, — Costume de Paquin.] 

2. — Batiste jaune disposée en bouillonnes, des épaules au bas des hanches. Les pans de la 
redingote sont incrustés de dentelle blanche et dégagent une jupe plissée très finement. — Cos- 
tume de Douce t. - Chapeau de Georgette. 

5. — Robe de linon blanc, très ample, incrustée de fonds de bonnets au point de Beaui>ais, 
Boléro de soie grasse bleu marine à rei}ers de -Pelours bleu. — Costume de Béer. - Chapeau de 
Lewis. - Bottes de Greco. 

4. — Redingote en satin mire à godets exagérés sur les côtés, une ceinture en pareil. Col 
de petit gris. — Costume de Chéruit. 

5. — Taffetas bleu ciel très ample, am plis cerceaux sur les Icôlés seulement. Le corsage 
s'échancre en rond sous un col Franz Hais en linon brodé à jours. — Costume de Martial et 
Armand. - Chapeau de Camille Roger. - Bottes de Ducerf . 

6. —Aube de tulle et mousseline, brodés et plissés sur un fond de taffetas bleu passé - 
Costume de Chéruit. 

7. — Chemise de jyTarcelme chair brodée d'argent. — Costume de Chéruit. 

8. - Robe de lingerie blanche en mousseline brodée à la mam ; la jupe est à deux étages 
rayés de ganses blanches. Ceinture en ruban pékmé de trois tons. - Costume de Premet. - Cha- 
peau de Maria Guy. , , . t r t 

9. - Robe de Ungcrw blanche sur fond de sahn bleu. Les deux volants de la ,upe sont faits 
d'appheahons sur tulle et le corsage de tulle uni. — Costume de Callot. , n n . 

Robe.cbemtse en tussor rose wcrusté de broderies blanches. - Chapeau de Callot. 



10. 



65 



11. — Robe de mousseline de soie bîane gris sur fourreau gris. Deux i^olanh de denfe/le 
forment funique. Ceinture de moire noire. — Costume de Callot. - Chapeau de Georgette. 

12. — Linon rose brodé de mohfs de fine denkîJe. Ceinture de peau de daim btancbe. — 
Costume de Jenny. - Chapeau de Georgette. - Bottes de Généra. 

i3. — IZobe en tulle et faille rose ancien, col bordé d'hermine. — Costume de Paquin. 

14. — Soie et T^oile '"canari " alternés à la jupe et au corsage, fine broderie au corsage. — 
Costume de Martial et Armand. - Chapeau de Camille Roger. 

1 5. — Douillette pour bébé en broderie et soie blanche. — Costume de Callot. 

1 6. — IZobe en crêpe satin noir recoui>erte de tulle-dentelle blanc. Ceinture de poult de soie 
bleu ancien, bordé de petites roses roses. — Costume de Dœuillet. - Chapeau de Magdeleine. 

17. — Robe de bébé, en forme de gandourah de soie blanche traversée de deux bandes 
de cachemire or sur rouge. — Costume et chapeau de Lanvin. - Souliers de Couquet. 

18. — Robe de crépon de soie blanche bordée de bleu sombre. Des manières de poches en 
broderie bleu Delf de chaque côté de la ceinture. — Costume et chapeau de Lanvin. - Souliers 
de Couquet. 

19. — Jupe de crêpe français "tilleul" inégalement arrondie au bas et ornée de plis " reli- 
gieuse ". Boléro de pékm bleu et Hert sombre sur corsage de crêpe. — Costume de Paquin. - 
Chapeau de Camille Roger. 

20. — Etamme rose découpée en dents carrées brodées de soutaches blanches. — Costume 
et chapeau de Lanvin. - Souliers de Couquet. 

LONGCHAMP 

21. — Jupe de mousseline suisse, montée à fronces et ornée de huit Volants. Corsage-ifeste en 
gros de Londres bleu marine. — Costume de Béer. - Chapeau de Lewis. - Bottes de Greco. 

22. — Robe en tulle de soie noir incrustée de Chantilly et traifersée de rubans de satin noir. 
Boléro en taffetas "Bégonia ". — Costume et chapeau de Lanvin. - Souliers de Couquet. 

2 3. — Taffetas bleu sombre retroussé de côté, montrant une jupe de tullelbleu. — Costume 
et chapeau de Lanvin. - Bottes de Carbini. 

24. — Manteau d'apres-midi en drap Hert d'eau, doublé de satin bleu marine. Trois biais 
mqués, également distants, forment ceinture. — Costume de Paquin. - Chapeau de Lewis. 

2 5. — Satin i)ert foncé drap de côté et brodé de filigrane et de perles d'or. — Costume de 
Callot. - Chapeau d'Alphonsine. 

^^. — Taffetas bleu sombre monté à fronces à la jupe, doublure rouge foncé, guimpe de 
mousseline de soie blanche. — Costume de Paquin. - Chapeau de Lewis. 

27. — Mousseline de soie blanche, trois isolants au milieu de la jupe. —• Costume de 
Doucet. - Chapeau de Reboux. 

28. — Robeye grosse faille blanche, rayée de rubans de i)elours noir de différentes dimen- 
sions, à la jupe et sur la manche, guimpe de mousseline de soie blanche appliquée de \motifs de 
Chantilly. — Costume de Worth. - Chapeau de Maria Guy. - Souliers de Helstern. 

64 



29. -Jupe en satin ''Ick de nègre " uni, redmgoh de tulle dentelle ''ocre " découpée en 
rond a^ec des effets d'or à peine loisibles. - Costume de Premet. - Chapeau de Maria Guy. 

30. — Robe de dentelle de filet posée sur un fond de gaze bleu manne et terminée à la jupe 
par une broderie en relief et un grand ourlet de gaze blanche, — Costume de Doucet. - Cha- 
peau de Doucet. 

3i. — TaQ'etas bleu ''nuit'' bordé d'une ganse assortie, boutons de nacre bleue et ceinture 
de cuir bleu brillant. — Costume de Jenny. - Chapeau de Marie Crozet. - Bottes de Généra. 

32. — Tulle-dentelle blanc rebrodé d'argent et disposé en longue redingote ouverte sur un 
dessous um en satin blanc, bordure de 'glands d'argent, — Costume de Jennj. - Chapeau de 
Marie Crozet. - Bottes de Généra. 

35. — Robe de faille blanche, La jupe est i>oilée de troisl isolants de Chantilly légers. 
Reifers et col de ifelours noir, — Costume de Béer. - Chapeau de Lewis. - Bottes de Greco. 

34. — Robe de ifoile blanc brodé de blanc, ces broderies alternant aifec des bandes qua- 
drillées blanc et argent, écharpe de satin Sfert clair — Costume de Worth. — Chapeau de 
Reboux. - Souliers de Helstem. 

Z^, — Taffetas bleu brodé de motifs réguliers acier et perles assorties; la jupe est taillée 
en pointes, — Costume de Dœuillet. - Chapeau de Magdeleine. 

ZG, — Marcelinette blanche et mousseline suisse disposée en isolant] au bas de jupe et en 
basques ondulées, — Costume de Chéruit. - Chapeau de Reboux, 

57. — Taffetas bleu, froncé sous les bras et le deifant de la jupe. Broderie de corail et 
turquoise au bas de la fausse jupe et au corsage, — Costume de Chéruit. - Chapeau de Reboux. 

38. — ''Poult-de-soie" rose. Une seconde jupe de tulle ''ocre" brodée est bordée de zibeline, 
— Costume de Premet. - Chapeau Maria Guy, 

39. — Sur une robe de faille blanche est posée une redingote de mousseline de soie, filet, et 
application, — Costume de Martial etiArmand. - Chapeau [de Camille Roger. - Bottes de 
Ducerf. 

40. — Tussor "lin" brodé écru, — Costume de [Dœuillet. - Chapeau de Magdeleine. 

COTE D'AZUR 

41. — Robe de broché argenté. Redingote en tulle d'argent, — Costume de Jenny. 
Souliers de Généra. 

42. - Redingote de broché blanc posée sur un fourreau de denleUe fine sur fond de 
satin blanc. — Costume de Callot. 

43. - Crêpe satin et tullrnoir brodé/ de perles_de jais. DeuX étages de fils de jais. - Cos- 
tume de Dœuillet. 

44. - Satin ro^^e nacré dû "Libdluk". La jupe est comme rephée .sur elle-même et pmcée 
de place en place par des points de jais. — Costume de Cheruit. 

45. - Robe de gros de Londres garnie de volants froncés. - Costume de Béer. - Sou- 
liers de Greco. 

65 



46. — Sur un fourreau de sahn rose, est posée une tunique en tutle brodé de pertes inertes 
etbîanclyes, un tong ifoite de tutte oert forme paniers retiés sur te deifant. — Costume de Callot, 

47. — Robe de moussetme de soie rose, tunique en tutte brodé d'or, écbaroe de broché or et 
roses roses sur fond noir. — Costume de Chéruit. 

48. — Robe de tutte bteu marine sur eréve satin bleu aHee ifotant ptissé remontant sur tes 
côtés, ceinture de pierreries. — Costume de Dœuillet. 

49. —Jupe ampte en tutte btanc, ra^pé de bandes de oertes de cris ta t en tubes; ceinture de 
TJetours btanc bordée de zibetine. — Costume et coiffure de Lanvin. - Bottes de Carbini. 

50. — Louis 'KTde taffetas rose "rose ", un gaton or et argent borde tes basques et te 
bas de ta jupe gtands d'or. — Costume de Jenny. - Souliers de Généra. 

5i. — Robe de faitte rose de trois tons différents, ceinture en satin ''framboise", r-- Cos- 
tume de Paquin. 

62. — fourreau de tiberty bteu rebrode de soie et d'or, traîne en pointe doubtée de rose de 
Chine. Jupe de tutte uni recouifrant te tout. — Costume de Doucet. 

53. — Robe de tutte rose et recoui^erte en partie de tutte bteu paon, brodée de fleurs d'ar- 
gent et de paitteftes bteues. — Costume de Paquin. 

^4 — ^^^f ^t' satin btanc ai)ec tunique de moussetme, ceinture brodée de vertes. — Cos- 
tume de Premet. - Coiffure de Maria Guy. 

55. — Satin noir gras, broche à même te tissu de dessins japonais magnifiques copiés sur des 
broderies anciennes. Les deS)ants s'oui)rent sur une jupe faite d'effités d'ifs de pertes fines. Cor- 
seteif^de pertes et de strass. — Costume et coiffure de Worth. - Souliers de Helstern. 

se. — Tutte rose brodé d'or ai)ec traîne en brocart d'or sur rose. Deux gâtons d'argent 
surmontés d'un gaton de strass [croisent sur ta taitte. Manteau en broché tophophore sur fond 
noir, bordure de zibetme. — Costume de Worth. 

57. — Peau de soie brodée et brochée rose très pâte, i)oiants de dentette fine à mi-jupe 
seutement et corsage à Berthe de même dentette. — Costume de Martial et Armand. - Souliers 
de Ducerf. 

58. — Deux i>otants d'appticatwn btanche sont disposés sut une jupe de satin pertée de 
strass. Sorte de botéro de jais. — Costume de Martial et Armand. - Souliers de Ducerf. 

59. — Robe de satin btanc paittetée aifec seconde jupe de tutte bteu paitteté égatement et 
bordé d'hermine. La manche est remptacée par des aites de tutte bteu. — Costume de Premet. - 
Chapeau de Maria Guy. 

60. — Dentette d'or sur moussetme de soie ai>ec doubte effet d'aites dégradées orange et 
bteu. Bretette de ifetours bteu et riche broderie sur toute la robe. — Costume de Callot. 




LES FIGURES DE CIRE DE L'EXPOSITION DES COUTURIERS PARISIENS A SAN-FRANCISCO T 
ONT ÉTÉ EXÉCUTÉES PAR M. PIERRE IMANS 



Ti' Achevé d'Impruner ' 3\ 

WN<[ ^f^i^ l^eà preééeé "^ 

^ ^ de la ?'• 

6*a^^/fe ^« BON TON 

Le 

T j/<^^ yW de La > 

^^ iJ Guerre i ^i 



Lucien Yogel, Diredeur-Gerant 




^ptY'Y^- 



19 15 

L'OURAGAN 



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3 ^-trfîirtK^v - 



^ 






"''iii»^5 




VICHY (I) 

ou 
Soyez tous bien sages 



i. Faquin. 2. Doucel. 



j. Béer. 4. Cbéruit. t^. Martial et Armand. 



6 et 7. Chéruit. 



S, Preniet, 



et 10. CalLol. 




VÎCHY (II) 

ou 
Le Jeu des Manoiiiiettes 



//. CalloL 



Jenny. ij. Pacjuin. i^.AlartialelAnnanà. i^.CaUal. ib. DœullieL 



17 el /(V. L( 



iç. Pai/uin. 20. Latunn. 




LONGCHAMP (I) 

ou 

Elle a gagne ! 



21. r>eer. 



22 et 2j. Lanviii. 



2-/. Paqii 



uin. 2 



f. CaUot. 26. 



Paqui 



?/. Doucet. ^H. ITorth. 



2g. Premet. }o. 



Doucet. 



jiUÈ^mifmmik 



Ai 



Été iQiS. — Pt. 4- 




^2. Callol. 
jfi.Jenny. ^^. Dœuillel. ^jf.Chéruit. 



jfô. Caliot. 



■f3- ^^^^^ 



^7 Cbérkit 



^8. DœU'l/et. 



LA COTE D'AZUR 

ou 
Une fête sur la terrasse 

49. Lanvin. jo. Jenny. 5/. Paquin. ^2. Doucel. 



\). Paqi 



5 6 . W^orth. 57. yfîarUal et Armand. 
5^. Premet. s^. IForth. ^8. Martialel Armand, yg. PremeL. 



60. CaUol. 



■jïHM^;^ 



f. 



2 '^'^m .:(1 K4,i»L a 






.'*> « ^.*:^' 
«V ill' 



TABLE DES MATIÈRES 

DES NUMÉROS 7 ET 8-9 



(^4Ê^ (^ dm) 

^J ^à ^à 



TABLE DES ARTICLES 



JU. «|c 



N" Pages 

ATOURS SIMPLES NADA. 8-9 i5 

Dessins de George BARBIER. 

AU HASARD . Térésita de OS A . 7 ^GS 

BON TON DES MERLETTES (Le) . . . Jean de BONNEFON. 7 241 

Dessins de LORIOUX. 



r f 



CLAIRS CHAPEAUX D'ETE (Les) y 

Dessins de GOSE. 



202 



COUTUME DE PARIS (La) Paul ADAM. 8-9 5 

COTE D'AZUR (La) Francis de MIOMANDRE. 8.9 45 

DE CONSTANTIN GHYS A LONGHI F. de CANGE. 7 261 

Dessins de George BARBIER. 

DERNIÈRES CRÉATIONS DE MADAME KARSAVINA. 

Dessins de Valentine GROSS. Jean-Louis VAUDOYER. 7 2^y 

DINER DE LA GAZETTE DU BON TON (Le). Henry BIDOU. 7 226 

Dessins d'André MARTY. 

EPHÉMÉRIDES. Emile H EN RIO T. 7 25o 

Dessins de GOSE. 



N" Pages 

FAIS ATTENTION A LA MARCHE 8-9 

Dessin de Valentine GROSS. 

GAZETTE DU BON TON ET LA GUERRE (La) 

Dessins de Georges LEPAPE. LA REDACTION. 8-9 1 

GOUT AU THEATRE (Le). — LES BALLETS RUSSES. 

Lise LÉON-BLUM. 7 253 

" GRAND-HABITS " Jeanne RAMON-FERNANDEZ. 8-9 5i 

Dessins de Valentine GROSS. 

IL PLEUT ENCORE 



0-9 

Dessin de Valentine GROSS. 

JEU DES MOTS (Le) Charles MULLER. 7 .48 

Dessins de E. AYRES. 

LONGCHAMP Henry BIDOU. 8-9 .7 

NOUS PARTONS 8 

Dessin de Valentine GROSS. 

ON N'ATTENDAIT PLUS QUE VOUS 8-9 

Dessin de Valentine GROSS. 

PIEDS NUS (Les) George BARBIER. 7 Mo 

Dessins de l'Auteur. 

PLAISIRS DE L'ÉTÉ (Les) Edmona JALOUX. 7 ..o 

Dessins de Pierre BRISSAUD. 

POUPONS (Les) SYLVIAC. 7 .H. 

Dessins de BQRELLI-VRANSKA. 
C^UI VIENT DERRIÈRE NOUS? 

Dessin de Valentine GROSS. 

SA LETTRE. 

0-9 

Dessm de Valentine GROSS. 

^^^^^ J.ERNEST-CHARLES. 8-9 

VOLANTS ET PANIERS Princesse DE CLÈVE. 8-9 

Dessins de Georges LEPAPE. 



8-9 



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TABLE DES PLANCHES HORS-TEXTE 



N" Planches 

AVENUE DU BOIS. — Drian 8-9 

BOUQUET TRICOLORE. — IMan 8-9 

COMMUNIQUÉ (Le). - DrLm 8-9 

CYPRÈS ET LA ROSE (Le). — George Barbier 7 70 

ELLE A GAGNÉ! - Georges Lepape 8-9 4 

ELLE A PERDU! — GccrgM Lepape 8-9 5 

EN SUIVANT LES OPÉRATIONS. — Drlan 8-9 

LÉGENDE DE JOSEPH (La). — Ch. Marlia 7 65 

LE JEU DES MARIONNETTES. — George Barhlcr ........ 8-9 ô 

MARSEILLAISE (La). — Drian 8-9 

MON CŒUR SOUPIRE. — Andri Martg 7 62 

OURAGAN (L'). — Georges Lepape 8-9 1 

Vh.YSkdY.-R.Om.k^TlÇ^^ (l.^). ~ Bernard BouUl de Mom'd ... 7 68 

QUEL CHAPEAU FAUT-IL METTRE? — Magnin 7 7, 

RIEN QU'UN NUAGE. — Pierre Bri^Ma.) 7 69 

ROSE BLANCHE (La). — BouMingauU 7 67 

SANS SA VOITURE. — Drian 8-9 

SUIS-JE BELLE, CE SOIR? -- Gojé 7 63 

TAMAR KARSAVINA DANS "LE COQ D'OR ". — P'aienline. GroAK 7 64 

TENDRE NOURRICE (La). — BoreUi Vran.ka 7 66 

UNE FÊTE SUR LA TERRASSE. — Sirimpi 8-9 6 

SOYEZ TOUS BIEN SAGES. — George. Barbier 8-9 2 

VIVE SAINT-CYR! — Pierre Bri^aud 7 72 



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